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INTERVENTION TÉLÉVISÉE (RÉSEAU NATIONAL) ET RADIODIFFUSÉE (RADIO HABANA CUBA, RADIO REBELDE, RADIO PROGRESO) DU DR. RICARDO ALARCÓN DE QUESADA, PRÉSIDENT DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE DU POUVOIR POPULAIRE DE CUBA, AU SUJET DE LA POLITIQUE DU GOUVERNEMENT NORD-AMÉRICAIN CONTRE CUBA, LE 8 JANVIER 1999, ANNÉE DU QUARANTIÈME ANNIVERSAIRE DE LA RÉVOLUTION CUBAINE.

 

(Versions sténographiques du Conseil d'Etat)

 

Je dois aborder la question le plus à fond possible. Notre peuple est cultivé, informé, il sait raisonner et il a une longue expérience en ce domaine, car, tout au long de la Révolution, nous avons dû contrer plus d'une fois les manoeuvres et les trucs de ceux d'en face. Il faut donc penser, s'informer.

Je voudrais signaler quelques antécédents qui me semblent importants pour situer dans son contexte et comprendre l'annonce faite par la Maison-Blanche le 5 janvier.

Disons tout d'abord que le blocus nord-américain - plus que cela : la féroce guerre économique, commerciale et financière que les USA nous imposent dans le cadre d'une guerre tous azimuts - est toujours plus condamné par beaucoup de gens. Ainsi, l'opposition internationale, le refus de nombreux gouvernements, qui s'est traduit par bien des faits, notamment les résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies qui indiquent d'année en année, et chaque fois avec une majorité croissante, l'isolement des Nord-Américains, et par bien d'autres exemples, qui prouvent la position internationale très solide, toujours plus solide, de Cuba. Notre pays est respecté, il a des relations cordiales, normales avec l'immense majorité des nations du monde.

Mais l'opposition à cette politique nord-américaine n'a pas grandi seulement au plan international. Ces derniers temps - et c'est le premier point sur lequel je voudrais que nous réfléchissions - la critique et l'opposition grandissent même aux Etats-Unis.

Je vais faire une chronologie rapide de 1998.

On a appris le 13 janvier la constitution d'une vaste coalition de personnalités, de groupes, soutenus par la Chambre de commerce, intitulée Americans for humanitarian trade with Cuba, autrement dit Américains en faveur d'un commerce humanitaire avec Cuba, qui a entrepris un travail d'éducation, de divulgation, qui existe pratiquement dans tous les Etats-Unis, et qui a soutenu quelques initiatives législatives qui visaient à lever les restrictions, à éliminer le blocus relatif aux aliments et aux médicaments.

Bien entendu, si le blocus était levé dans ces deux secteurs, les problèmes qu'il nous posent n'en seraient pas réglés pour autant, loin de là, parce, compte tenu de la guerre économique à laquelle nous devons faire face, cette levée partielle ne serait même pas significative du point de vue économique et ne le rendrait pas moins inhumain et impitoyable. Le blocus en effet nous empêche d'avoir accès aux ressources dont nous avons besoin pour le développement et interdit le commerce normal avec les Etats-Unis qui s'efforcent par ailleurs de saboter nos échanges avec le reste du monde. Quoi qu'il en soit, il s'agit de personnes poussées par des raisons nobles, généreuses, qui ne partagent pas les vues et la stratégie de leur gouvernement contre nous. Ce groupe a été très actif, et il le reste, et il a réalisé tout au long de l'année une série d'activités importantes dont je parlerai ensuite.

Toujours en janvier - tout le monde s'en souvient - le Pape a visité notre pays, ce qui a entraîné l'arrivée dans notre pays de milliers de journalistes, de nombreuses personnalités du monde, et aussi des USA, même des legislateurs, en particulier le législateur Rangel et d'autres collègues du Massachusetts, et jusqu'à certains conseillers, tenez-vous bien, du sénateur Jesse Helms.

Tout le monde se rappelle aussi que le Pape a fait une déclaration importante, qualifiant le blocus comme étant injuste et moralement inacceptable, ce qui a contribué d'une part à ce que le monde entier puisse voir ce qu'est Cuba en réalité : un pays civilisé, un pays uni, un pays qui, au milieu des difficultés auxquelles il est confronté et en pleine lutte, progresse. Et cette image est parvenue aussi à bien des endroits des USA, bien que la visite du Pape ait coïncidé avec certains événements dans ce pays-là - que je ne commenterai pas - qui ont un peu détourné l'attention du public.

Le 20 mars, l'administration nord-américaine - un peu comme ce 5 janvier - a annoncé différentes mesures qu'elle a présentées comme un allégement du blocus. En fait, certaines de ces mesures ne se sont jamais appliquées - comme je l'expliquerai ensuite - et il ne s'agissait pas d'une modification importante du blocus.

Quelles étaient ces mesures ? La reprise des vols entre Miami et La Havane pour permettre aux Cubains d'origine de rendre visite à leurs familles. En fait, l'interdiction des vols directs par la Maison-Blanche n'a pas empêché que ces Cubains continuent de venir à Cuba; ils le faisaient tout simplement par des pays tiers. Ce courant ne s'est jamais tari. Donc, le 20 mars, l'administration en revenait à ce qui avait existé avant, parce qu'elle n'avait pas réussi à empêcher ces visites.

Deuxième mesure : la reprise des envois d'argent des Cubains d'origine à leur famille. C'est pareil que pour les voyages. Ces envois avaient été interdits jusqu'au 20 mars, mais ils se sont poursuivis, car les gens cherchaient d'autres moyens d'envoyer cet argent.

Bref, tout le monde sait que ces deux choses - visites et envois d'argent- ont continué après que le président Clinton avait décidé d'y mettre fin.

Troisième mesure : l'accélération de la concession de licences pour la vente de médicaments à Cuba.

Comme ce point est très important, je vais m'étendre là-dessus après. Mais je tiens à dire d'entrée, et catégoriquement, que notre pays n'a pu acheter depuis le 20 mars - voilà dix mois - une seule aspirine !

Autrement dit, la même situation que pendant des décennies. Oui, mais la différence, c'est que la Maison-Blanche avait annoncé le 20 mars qu'elle prendrait des mesures pour «accélérer» l'octroi de licences de vente de médicaments ! Depuis, Cuba a fait des démarches afin que certaines sociétés pharmaceutiques nord-américaines nous vendent un produit, un médicament. Eh bien, depuis cette prétendue «accélération», en dix mois, soit nous n'avons pas reçu de réponse, soit nous nous sommes heurtés à une fin de non-recevoir. Sans exception.

Quatrième mesure : en gros, la Maison-Blanche «interviendra auprès du Congrès pour obtenir un "transfert" d'aliments vers Cuba».

La Maison-Blanche a utilisé ce terme de «transfert» parce que, comme les Cubains s'en souviendront sûrement, les représentants Charles Rangel et Esteban Torres avaient présenté à la Chambre, et le sénateur Christopher Dodd, au Sénat, deux projets de loi à peu près similaires en vue de lever le blocus des aliments et des médicaments, autrement dit d'autoriser le commerce dans ces deux domaines, tandis que la maffia annexionniste de Miami et le sénateur Helms, rien moins que lui, avaient affirmé avec démagogie, pour tenter de contrer le mouvement opposé à l'inhumanité du blocus, surtout après la visite du Pape, qu'ils proposeraient des «dons» d'aliments à Cuba.

Dans cette proposition d'Helms, soit dit en passant, ces «dons» étaient accompagnés de fonds destinés à organiser la subversion contre-révolutionnaire dans notre pays, tandis que les aliments seraient utilisés comme un instrument de subornation, de sape interne. Cuba, bien entendu, ne pouvait absolument pas accepter une proposition de ce genre, un chantage pareil, une aumône et encore moins de la part d'une personne hostile et insensible comme le sénateur Helms qui est un des principaux auteurs de cette politique qui cherche à annihiler notre peuple.

Le président Clinton avait donc le choix entre la manoeuvre grossière de M. Helms et la proposition saine, bien intentionnée, de Dodd, Torres et Rangel. Voilà pourquoi la Maison-Blanche a utilisé ce terme de transfert, parlant d'intervenir auprès du Congrès, parce que celui-ci était en face de deux versions, et de parvenir à une espèce d'entente pour engager une action hypothétique dans ce domaine.

Je tiens à dire tout de suite que la Maison-Blanche n'a adopté aucune mesure le 20 mars, exactement comme maintenant, le 5 janvier : elle avait annoncé une politique dont la concrétisation devait censément passer par des mesures qu'elle promulguerait par la suite.

Or, ces réglementations spécifiques sur la façon dont seraient organisés les vols directs et les envois d'argent, la Maison-Blanche ne les a promulguées que le 13 mai, et le premier vol direct n'a eu lieu qu'en juillet. Quant aux deux autres thèmes, ils sont restés là où ils avaient toujours été dès le début : dans les limbes, parce qu'il n'existait pas la moindre intention de sa part de nous vendre des aliments ni de nous vendre des médicaments.

En ce qui concerne les vols et les envois d'argent, les bureaucrates doivent d'abord se réunir, rédiger un texte interprétant la directive politique du président, puis viennent les démarches et la décision d'approuver ou de refuser qu'une compagnie aérienne donnée se charge de vols ou qu'une institution financière déterminée s'occupe des envois d'argent. Voilà pourquoi le premier vol n'a eu lieu qu'en juillet.

Quant aux envois d'argent, pour en revenir à ma chronologie, certaines gens de là-bas attendent toujours la permission de venir ici pour établir un mécanisme concret dans ce sens. Mais l'argent continue d'arriver de toute façon.

Je tiens aussi à dire que les envois d'argent de la part des émigrés est quelque chose d'universel : tous les émigrés, tout au long de l'histoire, ont envoyé de l'argent à ceux qui restaient au pays. Des dizaines de milliards de dollars partent des Etats-Unis pour l'Amérique latine - où ils représentent dans certains pays la plus grosse source de revenus - pour l'Europe, pour l'Afrique, pour l'Océanie, parce que les USA comptent des immigrants de nombreux parties du monde. Mais les seuls émigrés - les seuls ! - qui sont contrôlés, qui ne peuvent envoyer que dans certaines limites, ce sont les Cubains d'origine, qui sont totalement discriminés.

Le gouvernement nord-américain ne se mêle absolument pas de ce qu'un étranger envoie à sa famille restée dans le pays d'origine, c'est là quelque chose qui ne concerne que cette personne et la famille. Les Cubano-Américains, eux, sont les seuls à être discriminés. D'ailleurs, pendant longtemps, ils n'avaient même pas le droit de le faire. Maintenant, on le leur permet, mais une quantité minime, dans le cadre de contrôles et de réglementations très stricts. Cette possibilité a de nouveau été rétablie le 20 mars, donc, mais je reparlerai ensuite de ce qu'il en reste après la fameuse annonce du 5 janvier.

Le 31 mars, le groupe dont j'ai déjà parlé s'est mobilisé au Congrès. Beaucoup de gens se sont rendus à Washington et au Capitole pour parler avec les législateurs, pour protester contre le blocus et se prononcer en faveur de cette initiative dont j'ai parlé de lever le blocus concernant les aliments et les médicaments.

Et pour que vous ayez une idée de l'ampleur de ce mouvement, sachez que ces gens-là ont présenté à Washington une pétition signée par 20 000 Cubains d'origine de la Floride et réclamant la cessation du blocus.

En avril, il se passe quelque chose d'important : le 20, la Commission des droits de l'homme de Genève vote contre une résolution diffamatoire des USA - dans le cadre de leurs campagne systématique contre Cuba - qui prétendaient nous condamner pour de prétendues violations de ces droits. C'était là une nouvelle preuve du respect accru dont jouit Cuba dans le monde et de l'isolement des Etats-Unis.

Le 6 mai, autre chose intéressante : publication du rapport que des législateurs anticubains avaient demandé au Pentagone dans le cadre de leur campagne pour créer un climat d'hostilité contre Cuba. Or, le Pentagone affirme quelque chose d'élémentaire qui ne peut surprendre personne : que Cuba ne représente pas une menace pour la sécurité des Etats-Unis, l'un des arguments qu'Helms et la maffia ont utilisé pour justifier leur politique contre nous.

Le 7 mai, le directeur du Bureau des questions cubaines au département d'Etat explique devant une sous-commission du Congrès comment le gouvernement applique l'article 109 de la loi Helms-Burton, qui prévoit un soutien matériel, financier et économique aux traîtres que les USA prétendent organiser à Cuba, soutenir comme groupuscules contre-révolutionnaires dans notre pays. Et ce monsieur a expliqué qu'ils avaient dépensé dans ce but deux millions de dollars durant la dernière année et qu'ils étaient en train de faire les démarches pour obtenir 1, 8 million de dollars de plus, qui seraient remis à la International Development Agency pour que celle-ci les remette à son tour à des organisations non gouvernementales nord-américaines qui financeraient des programmes contre Cuba à l'étranger ou les enverraient à leur protégés ici.

Le 13 mai, je l'ai déjà dit, on apprend enfin les réglementations relatives aux vols et aux envois d'argent. Et là, on constate quelque chose de curieux. Dans son annonce du 20 mars, le président Clinton avait parlé de la reprise des vols, afin de faciliter la communication entre les Cubains, etc. Et voilà que ces réglementations introduisent des choses qui n'avaient pas existé avant : un contrôle plus strict des voyageurs, des efforts accrus pour assurer ces contraintes qu'ils n'imposent qu'aux Cubains, des contrôles plus rigoureux de leurs objets personnels, la périodicité des voyages, parce que, là encore, les Cubains d'origine sont les seuls habitants des USA à ne pouvoir se rendre dans leur pays qu'une fois par an, et encore pour des raisons d'urgence humanitaire, un parent très malade, quelque chose de dramatique, selon ces réglementations.

Il est possible que quelqu'un soit venu avant sans cette très puissante raison, mais à compter du 13 mai, on commence à fouiller les gens à l'aéroport, à les limiter, etc.

J'ai ici une communication que Victoria Hernández a reçue le 2 septembre 1998 - pas dans la préhistoire, tout récemment - de la part du département du Trésor (il montre la lettre) qui l'informe qu'on lui a confisqué certaines choses, et concrètement de l'argent qu'elle prétendait apporter avec elle durant son voyage.

Les autorités ont installé un bureau à Miami pour pouvoir mieux contrôler l'application de ces réglementations, un bureau tout à fait public, que tout le monde connaît.

J'ai ici la transcription (il montre le document) d'une interview que Michael Kozak, chef de la Section d'intérêt des Etats-Unis à Cuba, a donnée le 5 août 1998 à la chaîne de télévision NBC. Il y explique, entre autres, les mesures prises pour punir ceux qui violent les réglementations, les restrictions. Il affirme : «Ces trois dernières années, on a dénombré neuf cas de procès criminel, et deux personnes ont été condamnées pour violation des réglementations de voyage.» Ce monsieur affirme donc à la télévision nord-américaine que ce n'est pas de la blague, que ce n'est pas un jeu, et que l'«assouplissement» peut conduire à la prison, ou à des amendes.

Je l'ai dit, le premier vol a eu lieu en juillet.

10 juin. Ce même diplomate nord-américain reçoit ici, à La Havane, Díaz Vallina, vice-ministre de la Santé publique, dans le cadre des efforts que nous faisions pour voir si vraiment les bureaucrates qui avaient établi les réglementations de mai allaient permettre cette «accélération» des démarches dont Clinton avait parlé au sujet de la vente de médicaments. Trois mois s'étaient déjà écoulés, il n'y avait toujours pas de réponse, pas de possibilité d'achat, et nous avons donc envoyé un haut fonctionnaire cubain pour savoir quelles étaient les possibilités réelles, ce qui nous a permis de confirmer ce que nous savions déjà : l'impossibilité d'acheter quoi que ce soit.

Mais nous n'avons pas renoncé. Voilà maintenant dix mois que nous faisons des démarches qui ont toutes abouti au même résultat : pas la moindre vente de médicaments à Cuba.

Le 2 juillet, on apprend que des compagnies aériennes nord-américaines qui souhaitaient poursuivre les vols indirects qu'elles faisaient jusque-là se sont heurtés à une fin de non-recevoir.

Rappelez-vous : la possibilité de vol direct est annoncée en mars, les réglementations sont connues en mai, mais en juillet aucun avion n'a encore volé directement. Toujours en juillet, les compagnies qui assuraient des vols indirects, puisque c'était la seule manière possible, se voient retirer leur licence, si bien qu'il n'y plus de vols entre Miami et des points proches de Cuba à partir desquels il est possible ensuite de se rendre ici. Il ne restait donc plus que le vol direct qui serait, de fait rétabli ensuite.

Le 15 juillet, le sénateur Christopher Dodd profite d'un débat au Sénat et présente un amendement qui allait dans le même sens que la loi qu'il avait proposée, autrement dit exclure Cuba de la liste des pays soumis à des blocus de médicaments ou d'aliments. Le Sénat rejette cet amendement.

Le 21 juillet, de nouveau quelque chose d'intéressant. Rappelez-vous que nous parlons de l'«accélération» de la vente de médicaments. Ce jour-là, donc, le département du Trésor refuse à une société nord-américaine, PWN, la permission de participer dans notre pays à une exposition de produits médicaux. Ils vont «accélérer», disent-ils, la vente de médicaments, et alors une société nord-américaine fait la chose la plus élémentaire qui soit, autrement dit souhaiter montrer ses produits à une foire cubaine pour intéresser les clients éventuels. Elle ne voulait que ça : exposer ses produits, pour pouvoir demander ensuite la licence qu'on était censément prêts à lui accorder «en accéléré». Eh bien, le département du Trésor refuse !

J'ai ici la correspondance échangée entre notre société du ministère de la Santé publique et cette société, tous les détails, l'espace d'exposition qu'on allait lui accorder à EXPOCUBA, etc., mais le 21 juillet, le département du Trésor dit non : vous n'avez pas le droit de venir à La Havane montrer vos produits !

Le 3 août, la secrétaire d'Etat envoie une lettre au sénateur Helms pour lui expliquer que l'entente souscrite entre le gouvernement nord-américain et l'Union européenne constituait un succès dans la tentative d'internationaliser le blocus. C'est là, bien entendu, une interprétation capricieuse et arbitraire de cette dame, qui plaçait les pays européens dans une situation plutôt inconfortable, parce que ceux-ci refusent précisément le blocus, ne s'y soumettent pas. En quoi consistait cette entente avec les USA ? Nous en avons parlé plusieurs fois. L'Europe renonçait à son accusation devant l'Organisation mondiale du commerce à laquelle elle avait demandé la constitution d'un jury pour juger de la violation du droit international et des normes de l'OMC que constitue la loi Helms-Burton, et en échange, le gouvernement nord-américain s'engageait à chercher à modifier cette loi sur un point : le refus de délivrer un visa d'entrée aux USA aux hommes d'affaires européens qui investissent à Cuba. Voilà en gros en quoi consistait ce donnant-donnant.

La dame en question, donc, dans une communication écrite au président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, le sieur Helms, donne cette interprétation qui était insultante pour ses alliés et amis européens qui refusent de participer à cette politique de blocus.

Deux jours plus tard, le 5 août, nouvelle première : sept hommes d'affaires sont arrêtés à New York pour avoir fumé des cigares cubains. Pas pour les avoir importés, pas pour les avoir vendus, non, tout simplement pour le crime de fumer des havanes. Je sais qu'il y a une campagne contre le tabac, que ne pas fumer est recommandable pour la santé, mais qu'on vous arrête parce que vous fumez un cigare d'une provenance donnée, c'est un peu fort de café ! Je crois savoir que les accusations ont été retirées et que ces hommes ont été libérés.

Le 13 septembre, quelque chose de très révélateur : le département du Trésor refuse à Alamar Associated la permission d'organiser un voyage d'hommes d'affaires à Cuba. Ces gens-là devaient se rendre à Cancún un jour, puis à La Havane, le lendemain, autrement dit exactement ce qu'ils avaient fait le 6 mars. Oui, deux semaines avant le fameux «assouplissement», Alamar Associated avait organisé un voyage d'hommes d'affaires à Cancún puis à La Havane. J'ai même eu une réunion avec eux ici, ce jour-là. Quelques jours plus tard, le président des USA annonce l'«assouplissement» du blocus. Mettez-vous à la place des gens d'Alamar Associated. Vous ne vous seriez pas dit vous aussi : ah bien, parfait, je vais faire une autre tournée comme l'autre, et ça va même être plus facile ? Comment vous expliqueriez-vous qu'on vous réponde : non, non, nous «assouplissons», c'est sûr, mais vous ne pouvez pas faire ce que vous faisiez avant...

Concrètement, ce qui pouvait se faire avant les mesures du 20 mars ne peut plus se faire en septembre.

Le 28 septembre, Western Union se voit refuser le permis d'envoyer un certain nombre de cadres à La Havane pour organiser les fameux envois d'argent censément autorisés de nouveau depuis mars. Quelle différence entre la rhétorique et les faits ! Nous pouvons dire sans ambages que le prétendu «assouplisssement» annoncé par Clinton a signifié dans les faits, après les réglementation, tout le contraire

Et nous, toujours à la recherche de médicaments, et des fameuses licences permettant d'en acheter !

Le 29 septembre, le chef de notre mission diplomatique à Washington, Fernando Remírez, s'entretient avec des fonctionnaires du département d'Etat, et le 1er octobre, c'est le tour de Carlos Fernández de Cossío, le directeur d'Amérique du Nord, ceci pour discuter, pour expliquer, pour dire la vérité, parce que nous ne disons pas de mensonges, nous. Ils ont parlé je ne sais combien de fois de prétendues ventes de médicaments à Cuba, et nous n'avons pas encore pu acheter un seul comprimé d'aspirine !

Ces démarches, nous les avons faites sans leur donner la moindre publicité. Je crois que c'est la première fois que nous révélons ces visites de Díaz Vallina à Kozak et celles de nos fonctionnaires au département d'Etat. Nous voulions tout simplement vérifier s'il était vrai qu'ils allaient nous permettre d'acheter des médicaments.

Quelque chose de très important se passe le 30 septembre. La publication d'une lettre adressée par Lawrence Eagleburguer, ancien secrétaire d'Etat, et co-signée par Henry Kissinger, et deux autres anciens secrétaires d'Etat - quatre au total, donc - tous républicains et secrétaires d'administrations républicaines, et soutenue par d'autres personnalités de ce secteur, des républicains, des modérés, plus ou moins conservateurs, une lettre, donc, demandant au président de nommer une commission bipartite pour réévaluer la politique envers Cuba.

Ils ne demandaient pas, comme Dodd et d'autres que j'ai mentionnés, la levée, même partielle, du blocus, mais la réévaluation, la révision de la politique nord-américaine. Ils signalaient dans cette lettre que cette politique-là durait depuis quarante ans et n'avait pas permis d'atteindre les objectifs qu'elle visait, nous étouffer, nous détruire. Elle nous fait du mal, c'est sûr, c'est un crime, mais nous sommes ici et bien ici. De plus, affirment les auteurs de la lettre, cette politique est condamnée dans l'arène internationale, aux Nations unies et ailleurs. Ils proposent donc ce que toute personne ayant un minimum d'intelligence se proposerait après avoir fait quelque chose sans résultat pendant quarante ans : la réviser, l'étudier, l'analyser.

Vingt-quatre sénateurs, la plupart républicains, se sont joints à Kissinger et à Eagleburguer pour demander au président Clinton de nommer cette commission bipartite.

Certaines activités de la International Development Agency apparaissent au grand jour en octobre. J'ai expliqué avant qu'un fonctionnaire du département d'Etat avait dit que cette agence allouait de l'argent à des organisations nord-américaines pour financer la contre-révolution à Cuba. On nous parle cette fois-ci de dix projets en route pour un total de 2,75 millions de dollars, et de trois millions de plus pour le prochain exercice fiscal, autrement dit celui qui vient de commencer.

Le 14 octobre, pour la septième fois d'affilée, l'Assemblée générale des Nations unies vote une résolution condamnant le blocus économique, commercial et financier des Etats-Unis contre Cuba, par 157 voix contre 2. Pas besoin d'être président de la République ou sénateur pour savoir que cela représente une majorité on ne peut plus écrasante qui dit pour la septième fois : cet homme viole les lois internationales, mène une politique inacceptable et doit la changer.

Pourtant, la semaine suivante, 21 octobre, après des négociations menées en catimini par un petit groupe de législateurs et de fonctionnaires, le Congrès vote et le président entérine la loi budgétaire pour l'exercice en cours. Cette loi ne fait aucun cas du vote des Nations unies. Pas plus, d'ailleurs, qu'elle n'inclut ce que les USA doivent aux Nations unies, des centaines de millions de dollars qu'ils n'ont pas payés alors que c'est leur obligation, comme elle est celle de tous les autres membres de l'ONU. Eh bien, le Congrès ne s'est pas occupé de ça. Par contre, il a introduit douze amendements renforçant le blocus contre Cuba.

Je ne vais pas expliquer les douze. L'un d'eux sape directement la fameuse entente avec l'Union européenne, puisqu'il établit que l'on continuera de nier les visas aux hommes d'affaires qui investissent à Cuba, autrement dit le Titre IV de la loi Helms-Burton que la Maison-Blanche s'était engagée à amender ou à suspendre. Or, non seulement ce Titre n'est pas suspendu, mais maintenant le gouvernement doit en plus informer le Congrès, tous les trente jours - je n'ai pas vu de rapports là-dessus, mais la Maison-Blanche a dû sûrement le faire - de la façon dont il applique ce titre IV qu'il s'était engagé devant l'Europe à suspendre. En voilà un.

Le second concerne ce que je vous ai déjà expliqué au sujet de cette promotion impudente de la subversion, de cette tentative de miner la société cubaine. Je vous ai déjà dit combien de millions ils avaient dépensé en octobre, et les millions dégagés avant. Eh bien, ces gens-là ont fait un grand apport en matière législative : maintenant, le gouvernement doit dépenser «au moins» deux millions. Avant, celui-ci disposait d'une quantité donnée, mais comme plafond, comme cela se passe avec tous les budgets. Non, maintenant, c'est une quantité plancher : «au moins» deux millions.

Il n'est pas besoin d'être grand clerc pour comprendre que c'est inadmissible, intolérable, que c'est une violation de la souveraineté cubaine, de notre indépendance, sans compter que c'est une aberration du point de vue du droit, et même des règles budgétaires.

Dans ces douze amendements ayant à voir avec Cuba et introduits dans la loi budgétaire, je tiens à en souligner un parce qu'il a beaucoup d'importance par la suite : la section 211 de cette loi budgétaire viole tout simplement les principes les plus élémentaires de la propriété intellectuelle, des marques et brevets acceptés universellement, car elle établit que les tribunaux nord-américains ne peuvent reconnaître aucun droit d'aucune marque ou d'aucun brevet d'aucune société étrangère qui aurait des liens avec des biens dont la propriété est revendiquée par un Nord-Américain. Ceci a d'ailleurs à voir avec une chose très actuelle - que j'aborderai plus loin, car je veux suivre la chronologie - une chose au sujet de laquelle on aurait pu supposer que le département d'Etat se serait prononcé. Pourtant, la déclaration du 5 janvier n'en dit pas un mot.

En tout cas, cette section 211 est aujourd'hui la source d'un différend sérieux. C'est en premier lieu une insulte pour l'Europe, alors que les USA promettaient de parvenir avec un accord en vue de réduire la contradiction provoquée par la loi Helms-Burton. Eh bien, les USA s'efforcent maintenant de punir injustement et illégalement une société européenne qui est notre partenaire commercial dans la commercialisation de notre rhum !

On apprend en octobre que le département du Trésor a ouvert une investigation contre l'organisation Global Exchange et contre les Pasteurs pour la paix, pour avoir voyagé à Cuba sans l'autorisation pertinente. On «assouplit» censément les voyages, et voilà que surgit quelque chose qui n'arrivait pas aux USA depuis des années : une investigation contre deux institutions nord-américaines qui ont commis le péché de voyager à Cuba sans permission. Ce même mois d'octobre, un groupe important d'hommes d'affaires de l'Oklahoma se voit refuser la permission de venir à Cuba, alors qu'ils en avaient fait respectueusement la demande.

Le plus intéressant de ce qui s'est passé entre la fin de l'année et le début de celle-ci est la façon dont s'est développé aux Etats-Unis un mouvement en faveur de la création de cette commission bipartite qui analyserait la politique cubaine des USA. Le plus simple, le plus élémentaire est d'étudier, de voir, de réfléchir, de méditer, d'analyser une politique si condamnée à l'échelle internationale et qui n'a pas produit les fruits escomptés.

On peut trouver cette année une bonne quantité d'informations ou de commentaires sur cette fameuse commission bipartite : l'annonce-t-on demain, l'annonce-t-on la semaine qui vient, l'annonce-t-on avant la fin de l'année, ou alors dans les premiers jours de janvier... Mais ce que personne n'a jamais envisagé, c'est ce que cette commission ne serait pas créée, et ce pour une raison très

simple : le président est du Parti démocrate, n'est-ce pas ? Le Parti républicain, qui est censément son adversaire politique, possède la majorité dans les deux chambres. Et ce sont des républicains, à commencer par quatre anciens secrétaires d'Etat, des personnalités de grande expérience, de grand prestige, des gens reconnus comme des autorités en matière de relations internationales, qui ont lancé cette idée. Pas un groupe de gauche, pas un groupe radical, non, un groupe modéré et conservateur... Alors, on pouvait supposer, et tout le monde le supposait, puisque cette proposition émanait de l'opposition conservatrice, soutenue par les plus libéraux, par ceux qui sont contre le blocus, ou par ceux qui veulent le modifier dans un sens humanitaire, que le président allait dire : «Parfait, créons donc cette commission.» D'autant que cela ne l'engage à rien, ni à lever le blocus, ni à faire aucun changement. Juste étudier.

Le hic, c'est que l'objet d'étude est quelque chose de si discrédité, de si dénué d'arguments, de raisons, de morale, que l'extrême-droite fasciste, que les annexionnistes, savent que la moindre analyse ne peut conduire qu'à une seule conclusion : il faut abandonner cette politique-là.

Nous arrivons donc au mois de janvier, que tout le monde attendait. Et voilà que le département d'Etat convoque les journalistes. Alors, tous les naïfs du monde ont pensé : «Ça y est, ils vont expliquer la mise en place de la commission.» Que dit donc le département d'Etat à cette réunion du 5 janvier ? Tout d'abord, que le blocus se maintient tel quel, sans changements. Ensuite, que la commission ne sera pas créée, que la Maison-Blanche n'est donc même pas disposée à réviser sa politique. Le porte-parole a déclaré : «Les mesures que nous allons annoncer n'ont rien à voir avec l'embargo - comme ils disent, eux - qui reste la loi, qui se maintient sans changements.» Rien ne change, donc. Et il annonce ensuite les mesures que je vais seulement vous mentionner sans m'y arrêter.

Les envois d'argent. Les vols directs entre les deux pays. La possibilité des Nord-Américains de venir à Cuba. La correspondance entre les deux pays. Les aliments - dont ils parlaient depuis les mesures d'«assouplissement» antérieures. Des mesures relatives aux transmissions de radio et de télévision contre Cuba. Enfin, ce qu'ils appellent la «diplomatie publique», autrement dit dépenser de l'argent en Amérique latine et en Europe pour défendre cette politique. Cette politique pourrie, cette politique condamnée par tout le monde, cette politique repoussée par cent cinquante-sept pays, il faut bien qu'ils dépensent encore plus d'argent, encore plus de ressources, pour tenter de convaincre les autres de l'accepter d'une façon ou d'une autre.

Je reviendrai sur ces mesures concrètes.

Le 9 décembre, le sous-secrétaire d'Etat, Peter Romero, assiste à une conférence internationale à Miami et affirme que Mme Albright est en train de prendre sa décision au sujet de la commission bipartite. Je pensais qu'elle recommanderait éventuellement quelque chose au président et que c'est lui qui déciderait, mais j'utilise les mots de Romero : pour prendre sa décision, Mme Albright - elle était en consultations - rencontre à Miami - devinez qui ? - les trois législateurs cubains d'origine afin d'en discuter. De nouveau, des optimistes se sont dit : c'est sûrement pour leur expliquer comment la commission va se créer... Mais ç'a été justement le contraire.

Le 5 janvier, donc, le porte-parole de la Maison-Blanche, Lockhart, convoque les journalistes. Première question : cela signifie-t-il un changement significatif de la politique envers Cuba ? Réponse : «Non, il n'y a pas de changement significatif. Il s'agit tout simplement d'un développement à partir des succès des initiatives annoncées par le président en mars.» On dirait vraiment une plaisanterie. Voilà, c'est tout : ils continuent d'édifier sur les bases d'un édifice dont j'ai déjà expliqué les caractéristiques. Ça, c'était Lockhart à la Maison-Blanche.

Au département d'Etat, trois fonctionnaires : Romero, un du Conseil de sécurité nationale et le chef du Bureau Cuba au département d'Etat, rencontrent les journalistes pour expliquer les fameuses mesures.

Question : «M. Romero, cela signifie-t-il ou annonce-t-il une politique à plus long terme, de plus d'envergure, de changement ?» Réponse de Romero : «Je tiens à dire avant tout que les mesures que nous avons décidé n'ont rien à voir avec l'embargo (have nothing to do with the embargo). L'embargo est une loi d'ici, il est en place et il le restera dans un avenir prévisible, à moins que le Congrès ne le change.»

La presse avait supposé que si on la réunissait pour annoncer quelque chose, étant donné que cette politique est si absurde, si isolée, si condamnée, c'était justement pour annoncer des changements, pour la modifier, ou du moins pour aller dans ce sens. Et personne ne supposait que ces gens-là allaient réunir la presse, non pour annoncer l'abandon de cette politique, le respect de l'appel de la communauté internationale, ou du moins une modification partielle de cette politique, comme le demandent un groupe de législateurs, ou du moins encore, sa révision, mais, bel et bien, pour annoncer que tout va rester en l'état, tout en tentant de faire croire, ce qui est le comble, qu'il y a eu un certain «assouplissement» ! Je reviendrai là-dessus.

Bref, ils convoquent les journalistes, annoncent un nouvel «assouplissement», autrement dit, un peu plus de 20 mars...

Mais il y a quelque chose de curieux : on pourrait supposer que le moindre «assouplissement», la moindre ouverture de cette politique ne serait pas soutenu par la Fondation nationale cubano-américaine. Eh bien, non, ces gens-là sont aux anges, tout simplement parce que, en premier lieu, l'administration a refusé la proposition de créer la commission bipartite.

Vous imaginez le sieur Helms soutenant l'assouplissement de la politique de blocus ? Eh bien, Rubin, le porte-parole du département d'Etat, a affirmé le lendemain - il avait donc eu le temps de peser ses mots, de penser tranquillement - quand on lui a demandé ce qu'en pensait le sénateur Helms, président de la Commission des affaires étrangères : «La secrétaire d'Etat l'a rencontré avant, et nous avons été en contact avec ses conseillers avant de prendre notre décision, et je peux vous assurer qu'il n'y a aucun problème de sa part.» On le saurait à moins ! Parce que, en effet, les mesures qu'il avait proposées le 14 mai de l'an dernier dans son plan cynique et provocateur, et celles qui ont été annoncées le 5 janvier, sept mois plus tard, se ressemblent comme deux gouttes d'eau, dans leur lettre et leur esprit !

Vous imaginez le sénateur Torricelli s'enthousiasmant pour l'assouplissement du blocus, pour un changement dans ce domaine, pour une avancée dans une direction plus raisonnable ? Difficile de l'imaginer, pas vrai ? Eh, bien, pourtant, il affirme textuellement : «Les nouvelles mesures sont incontestables, il n'y a rien là-dedans qui m'offense moralement.»

Rubin, soit dit en passant, a eu quelques difficultés avec les journalistes, qui ont du mal à déglutir la couleuvre qu'on veut leur faire avaler. Toute cette page-ci est un dialogue qu'il a eu avec l'un d'entre eux, qui lui dit : «Je ne comprends pas. Saddam Hussein, sur qui nous lançons des missiles, que nous nous efforçons de faire voler en morceaux, à qui nous avons fait la guerre plusieurs fois, peut acheter des médicaments dans notre pays, peut y acheter des aliments, et Cuba, non ?» Et Rubin s'embrouille, donne une explication, mais le journaliste lui répond : «Il me semble que vous traitez différemment Saddam Husssein et Cuba.»

The New York Times titre : «Les exilés anticastristes - c'est sa façon habituelle de parler d'eux - fixent des limites aux changements.»

Le premier paragraphe de l'article est très éclairant : «Les experts de politique internationale, le évêques catholiques, la Chambre de commerce et les principaux sénateurs se sont efforcés d'obtenir que les Etats-Unis modifient sensiblement leur politique cubaine, mais le président Clinton et son prétendu successeur, le vice-président Gore, ont refusé jusqu'à l'idée d'ouvrir un débat sérieux à ce sujet.» Et le journaliste cite Wayne Smith, qui a été chef de la Section d'intérêts à Cuba voilà bien des années, et qui est un professeur universitaire. Sans vouloir insulter qui que ce soit, je vais me borner à lire ce qu'il dit : «Ce n'est pas le courage politique qui abonde de nos jours à Washington.» Voilà la conclusion qu'il tire.

Rod Grams, sénateur républicain du Minnesotta, l'un des signataires de la pétition relative à la commission, affirme : «En refusant cette commission, le président a refusé le bon sens : au terme de tant d'années d'un embargo inefficace, il est temps de réviser en toute indépendance nos relations avec Cuba.»

Le sénateur républicain de Virginie, Warner, l'un des promoteurs de la pétition, exprime son mécontentement devant le fait qu'on ait liquidé sa commission sans même avoir analysé sérieusement cette proposition, déclare que le président a laissé passer l'occasion de prendre une initiative importante et affirme : «Notre politique actuelle traite Cuba avec plus de cruauté qu'elle ne traite l'Irak et la Corée du Nord, où les blocus nord-américains sont moins restrictifs.» Et il fait savoir que McGovern et Moakley, deux représentants démocrates, ont déploré le refus de créer la commission.

C'est le sénateur Dodd, qui a toujours eu une position très nette au sujet du blocus et qui a visité Cuba récemment, qui s'est exprimé le plus clairement. Après avoir regretté que la Maison-Blanche n'ait même pas pris la décision de créer la commission bipartite pour réviser la politique cubaine, comme le lui avaient recommandé vingt-quatre sénateurs, il déclare : «Je suis déçu de constater qu'on n'ait rien pu faire pour lever les obstacles à la vente de médicaments à Cuba.» Quelqu'un qui a un esprit aussi humanitaire que le sénateur Dodd doit avoir été profondément choqué de ce refus de quelque chose d'aussi élémentaire.

D'autres personnes, qui ne sont pas du Congrès, ont aussi donné leur avis. Je vais me contenter de citer une femme d'affaires qui a résumé la situation comme suit : «Nous avons pratiquement assisté à une manoeuvre de relations publiques par laquelle le gouvernement nord-américain cherche à redorer son blason en n'ayant absolument rien fait.» C'est exact : il ne fait rien, mais il tente de présenter ce rien comme quelque chose. Mais il a échoué, parce que, s'il est vrai que certains médias parlent d'assouplissement, de nouvelles mesures, etc., d'autres ne s'en laissent pas compter. Ainsi, ce titre, qui me plaît beaucoup, du Chicago Tribune : «Cette politique déclenche des bâillements et des critiques.» Parce que les gens attendaient autre chose, quelque chose de plus solide, et au moins la création de la commission soutenue par tant de gens.

J'en reviens maintenant aux fameuses mesures. Rappelez-vous les mesures du 20 mars, que j'ai pris le temps d'expliquer en détail.

En premier lieu, le 5 janvier, la Maison-Blanche ratifie le blocus comme totalement en vigueur et ne prend aucune mesure réelle, sauf une : pas de création de la commission bipartite. C'est là la seule chose concrète. Et cette décision-là n'implique pas de travail de bureaucrates, pas de réglementations postérieures, pas de décrets. Pas de commission bipartite, un point c'est tout. Pas de révision de la politique cubaine, sauf quelques mesures qui, selon la secrétaire d'Etat, selon son sous-secrétaire et selon le porte-parole de la Maison-Blanche, n'ont rien à voir avec le blocus. Ce n'est pas moi que le dit, ce sont eux : Have nothing to do.

Passons-les en revue une par une.

Les envois d'argent. Les Cubains des Etats-Unis resteront les seuls habitants de l'Union américaine - parce que, là-bas, tout le monde, sauf les aborigènes, est venu d'ailleurs, il s'agit d'une nation d'immigrants - à ne pas pouvoir envoyer autant d'argent qu'ils le veulent à leurs familles et venir ici autant de fois qu'ils le veulent. Dans le domaine de l'argent, aucune nouveauté, pas un centime de plus : 300 dollars par trimestre, un point c'est tout, alors que n'importe quel autre émigré peut en envoyer mille, dix mille, autant qu'il veut, sans plafond, et sans en rendre compte à personne. Non, non, vous êtes Cubains, vous ne pouvez donc envoyer que tant. Si vous êtes d'une autre nationalité, personne ne fourrera son nez dans vos affaires. Et comme je l'ai dit, vous avez le cas d'une femme qui a été sanctionnée pour avoir prétendu envoyer plus.

Les Cubains d'origine continuent donc d'être discriminés. Et on continuera - comme cela se fait depuis le 20 mars - de les contrôler, de les surveiller pour éviter qu'ils envoient plus de ce qui leur est permis, ou alors qu'ils s'en tiennent aux conséquences, autrement dit, comme l'a signalé le chef de la Section d'intérêts à La Havane, le risque d'une sanction pénale.

Quant à ceux de Western Union, ils continueront d'attendre qu'on leur permettre de venir à La Havane discuter d'un mécanisme d'envoi éventuel.

Mais, sur ce point, il y a du nouveau : le gouvernement pourra autoriser, en leur délivrant des permis spéciaux, des Nord-Américains ou des entités nord-américaines au cas par cas, à envoyer de l'argent à des personnes, même si ce ne sont pas des parents, ou à des entités cubaines. Diable ! Qu'est-ce que ça signifie ? N'est-ce pas là la poursuite de ce qu'avait expliqué le directeur des questions cubaines, le 7 mai dernier, autrement dit qu'ils avaient alloué deux millions, puis deux millions de plus, et, après octobre, 2,75 millions de plus, sans parler des trois millions annoncés ?

Maintenant, pour intensifier sa guerre politique, idéologique, subversive, contre Cuba, en vue de quoi la Maison-Blanche a le feu vert du Congrès, puisque la loi budgétaire que celui-ci a voté lui permet de dépenser «au moins» deux millions - et au moins deux millions, ça peut vouloir dire 30, ou 100, ou n'importe quelle quantité de millions, mais jamais moins de deux millions, en tout cas - elle a inventé que d'autre entités - plus seulement le gouvernement, plus seulement à partir du budget fédéral - des fondations, des organisations non gouvernementales, et allez savoir qui d'autre, puissent financer des personnes qui ne sont pas de leurs parents.

Ce n'est pas là l'aide normale, naturelle, au sein d'une famille, mais une action stimulée par le gouvernement nord-américain à des fins clairement subversives, contre-révolutionnaires, à des fins d'ingérence. Et Cuba ne peut que la repousser de la façon la plus catégorique ! Voyez-vous ça : le gouvernement qui restreint, contrôle, limite ce qu'un Cubain peut envoyer à son père, ou à son neveu, prétend convertir les Nord-Américains, les institutions de ce pays-là, dont j'ai mentionné certaines - des institutions religieuses ou de cette nature - en instruments de subornation, d'achat de consciences ici, afin de fabriquer des traîtres, de fabriquer des individus qui serviront les intérêts des Etats-Unis contre leur pays de naissance ! Que chaque Nord-Américain achète un Cubain, tel semble être le mot d'ordre, comme si nous étions des esclaves à l'encan.

Il est bon de rappeler que les USA disposent de lois très sévères pour punir fortement ceux qui reçoivent une aide matérielle ou économique, ou qui ont même des liens avec l'étranger, et que de plusieurs scandales retentissants ont éclaté à ce sujet pendant la dernière campagne électorale.

Les fonctionnaires du département d'Etat et du Conseil de sécurité nationale ont d'ailleurs eu, pendant leur conférence de presse, des attitudes très insultantes dans d'autres domaines. Tout ceci est une insulte à l'indépendance, à la souveraineté, à la dignité de la nation cubaine. Alors, ceux qui insultent une nation entière, comment s'étonner qu'ils insultent des Eglises ? Parce qu'autoriser censément des organisations de là-bas et des personnes de là-bas à envoyer de l'argent à des institutions religieuses d'ici, ou à celles de là-bas pour qu'elles l'envoient à celles d'ici, comme moyen de promouvoir «la transition démocratique», de contribuer à modifier le système politique de Cuba, n'est-ce pas là de l'ingérence ? N'est-ce pas là méconnaître la souveraineté et l'indépendance nationales de Cuba ? N'est-ce pas ignorer totalement la dignité nationale ? Mais l'insulte est pire quand on prétend manipuler des institutions dont ce n'est pas la fonction !

Je suis convaincu que ce n'est pas la pensée ni l'attitude des croyants, parce que cela n'a rien à voir avec l'esprit chrétien ni avec les sentiments religieux. Bien mieux, j'ai reçu des coups de fil de pasteurs protestants, de mes amis, qui ont exprimé leur indignation et celle de leurs fidèles. Et l'un d'eux m'a dit qu'ils n'avaient rien à voir, eux, avec des choses de ce genre, que leur mission était bien plus élevée, bien plus digne et bien plus noble, que leur mission était religieuse.

En tout cas, voilà la nouveauté : en plus de l'argent dont le budget fédéral dispose pour la subversion, que des Nord-Américains se prêtent à cette tâche méprisable de tenter de saper la Révolution cubaine !

Les vols. J'ai rappelé que les vols indirects par des pays tiers avaient été suspendus en juillet dernier, parce que les vols directs allaient reprendre.

Ce point-ci se maintient à peu près tel quel : les vols, oui, mais avec les restrictions, les contrôles, les fouilles, le bureau renforcé de Miami dans ce but, et risque de punition pour ceux qui violent les normes, comme cette femme dont j'ai parlé. La seule nouveauté n'est pas nouvelle en un sens : que les vols ne soient pas seulement Miami-La Havane, mais à partir d'autres villes nord-américaines. Et ce n'est pas nouveau, parce que Clinton en avait parlé le 20 mars dernier : il n'avait pas dit qu'il s'agissait d'une seule ville de départ, il avait dit que cela allait s'amplifier, qu'il y aurait d'autres possibilités. Quand ses bureaucrates ont rencontré les journalistes, je me souviens que l'un de ceux-ci a pris un exemple : ça pourrait se faire de New Jersey.

Des gens ont écrit au gouvernement - j'ai plusieurs lettres ici - de certains Etat nord-américains, parce qu'ils ont pensé, quand la Maison-Blanche a annoncé en mars le fameux «assouplissement», l'élargissement : On va peut-être me donner enfin l'autorisation de voler d'ici. Mais les réglementations de mai ont stipulé que les vols ne partiraient que de Miami, comme avant.

L'autre possibilité ouverte, c'est que les vols ne soient seulement à La Havane, mais dans d'autres villes cubaines. Bien entendu, dans ce cas en particulier, comme dans tout ce qui a trait à Cuba, il faut compter sur nous : les avions viennent si nous les autorisons, et les gens viennent si nous leur délivrons des visas. Mme Albright, M. Romero et aucun de ces messieurs ou dames ne décide rien dans ce pays-ci, qui n'est pas une colonie nord-américaine.

De toute façon, tout ceci n'a rien de nouveau non plus, parce que, avec les vols indirects, les avions n'atterrissaient pas seulement à La Havane. De fait, ce sont eux qui ont interdit la possibilité de vol à Camagüey, par exemple, comme cela se faisait jusqu'en juillet dernier, et à Holguín aussi, il me semble. Comme il fallait passer par Nassau, pour prendre un exemple, depuis Miami, les avions pouvaient atterrir dans d'autres villes du pays.

Comme vous pouvez le constater, ce point n'est donc pas nouveau. Comme le disait cette femme d'affaires, ce n'est rien, mais ils donnent l'impression d'amplifier les choses, d'«assouplir».

La Maison-Blanche annonce aussi qu'elle va «assouplir» les possibilités de visite de Nord-Américains à Cuba, mais toujours en les limitant à des catégories de personnes données, celles qu'elle estime plus utiles à ses intérêts politiques, tout le monde contrôlé par des permis, puisqu'il est toujours interdit de voyager librement à Cuba, sous peine de punitions sévères. De toute façon, qu'ils assouplissent autant qu'il veulent, les visiteurs devront détenir un visa délivré par notre bureau de Washington. Nous aspirons bien entendu que les citoyens nord-américains puissent exercer leur droit constitutionnel de se rendre dans notre pays. Ces visiteurs sont d'ailleurs plus nombreux que ce que les autorités veulent bien reconnaître, même maintenant, parce qu'il y a toujours des Nord-Américains qui refusent ces restrictions.

Nous sommes partisans d'une plus grande ouverture, nous sommes d'accord pour qu'il y ait davantage de visiteurs nord-américains à Cuba, qu'ils viennent quand ils le veulent et autant de fois qu'ils le veulent, sans exclusions irritantes et arbitraires. Nous sommes partisans de la levée du blocus, nous sommes partisans du respect mutuel, de relations normales. Ce sont eux qui convertit en crime le fait de venir à Cuba, ce sont eux qui punissent et poursuivent les Nord-Américains qui viennent ici. Curieusement, la Maison-Blanche annonce un «assouplissement». Cela veut-il dire que les menaces contre les Pasteurs pour la paix vont être supprimées ? Que les investigations sur Global Exchange vont être arrêtées, qu'on va cesser de menacer ceux qui sont venus ?

Ils ont aussi parlé de la possibilité - mais ça, ils doivent encore l'étudier, ce n'est même pas une politique décidée - de rétablir la correspondance directe entre les deux pays. Parfait. Qui donc l'a interrompue ? Qui a interdit les moyens de transport qui pendant des décennies, durant tout ce siècle-ci, apportaient le courrier, les lettres ? Qui a inventé le blocus, les restrictions ? Les Etats-Unis. D'ailleurs, je ne vois pas très comment on pourra apporter les lettres directement s'il n'existe pas de communication aérienne normale entre les deux pays, comme cela existe dans le monde entier, comme le stipulent les accords internationaux. Ils ne pensent pas envoyer les lettres par pigeons voyageurs, j'espère ! Ou user des mécanismes autre que ceux qui sont établis régulièrement, ce que le blocus interdit précisément ?

Mais il y a autre chose de très important. A l'époque où les colis postaux arrivaient encore des Etats-Unis, voilà une trentaine d'années, cinq travailleurs ont été sérieusement blessés, sans parler des dégâts matériel, par un colis piégé. Toujours à cette même époque, un employé nord-américain du Texas a été blessé quand un colis piégé a explosé avant de partir pour Cuba. Quelques années plus tard, en 1979 ou 1980, il me semble, quatre employés nord-américains de l'aéroport de New York ont été blessés par l'explosion d'un colis piégé qui devait arriver à Cuba.

Alors, la reprise des relations postales directes devrait être examinée avec soin, comme cela se fait entre tous les pays. Une des premières choses que je leur demanderai à ce sujet, c'est : qu'allez-vous faire pour garantir que personne ne souffre, ni chez vous ni chez nous, des conséquences d'actions menées par des gens qui les mènent depuis longtemps et qui sont toujours organisés et actifs ? Ce qu'ils devraient annoncer, à vrai dire, et depuis belle lurette, ce sont des mesures efficaces pour en finir avec la tolérance et le parrainage dont bénéficient des groupes terroristes qui ont posé des bombes, tout récemment, dans des hôtels de La Havane, et qui continuent de conspirer et de peaufiner des actions contre notre pays, sans scrupules.

Peuvent-ils garantir que des choses pareilles ne se reproduiront pas ? Vont-ils me convaincre qu'ils vont faire des efforts sérieux pour le garantir ? S'ils n'ont pas été capables de le faire envers ceux qui ont tenté plusieurs fois - et y sont parvenus une fois - de saboter des avions cubains en plein vol, et dont certains des auteurs vivent peinardement à Miami, qui peut garantir qu'ils soient capables de prendre des mesures sérieuses pour empêcher la pose dans des avions de colis piégés destinés à faire du mal au lieu de destination ?

Nouvelle mesure. L'annonce de vente d'aliments ou d'intrants agricoles à des entités ou à des individus. Et là on voit apparaître de nouveau les Eglises, et spécifiquement, les Eglises chrétiennes. C'est du moins ce qu'ont dit ces messieurs qui expliquaient les mesures quand on le leur a demandé qui allait s'en charger. Ils ont parlé des catholiques et des protestants. Ce n'est pas moi qui le dis, que ce soit bien clair. Or, je ne crois pas que nos chrétiens pensent à des choses de ce genre, car ça n'a rien à voir avec le christianisme. Je crois que c'est de l'irrespect, un insulte pour n'importe quel croyant cubain ou nord-américain que l'on présente son institution, dont la mission sur terre est différente, comme un instrument, comme un véhicule des visées déstabilisatrices, subversives, d'une puissance impérialiste arrogante, qui méconnaît toutes les normes au point d'être capable d'exposer toutes ces choses-là publiquement et ouvertement.

Ne croyez pourtant pas qu'ils vont autoriser la vente d'un pois chiche ou l'envoi d'une semence. D'abord, ce sera encore du cas par cas, avec leur autorisation, leur licence. Ils vont sélectionner les groupes, ou les entités de là-bas qui veulent envoyer de l'argent, ou, en l'occurrence, des produits alimentaires ou des intrants agricoles, mais ce sont eux qui décideront et octroieront la licence. Pas n'importe quel groupe. Les groupes qu'ils choisiront, eux, en fonction de leur objectif ou de leur visée. Ça n'a rien à voir avec une préoccupation humanitaire ou autre pour l'alimentation des Cubains, ou pour les semences, ou pour les outils agricoles que posséderait un paysans, ou un coopérateur, ou notre peuple.

Rappelez-vous ce que j'ai dit au sujet du 20 mars, quand le président Clinton a parlé de discuter avec le Congrès pour trouver des formules qui permettent de «transférer» des aliments à Cuba, et qu'on discutait alors pour savoir s'il devait s'agir de dons ou de ventes. Eh bien, maintenant, ils reviennent encore plus en arrière, puisqu'il s'agit d'utiliser tout cela comme une arme, comme un instrument de subversion, de sape, de subornation.

Pourquoi pas à l'ensemble du peuple, comme le disait Clinton l'an dernier : un «transfert à Cuba», et non à un particulier, cas par cas, sans ces visées conspiratrices, bien étudiées, sans ces objectifs nettement subversifs ?Au nom de quel droit et de quelle morale prétendent-il privilégier un tel ou un tel, créer ici de nouveaux exploiteurs qui auraient la possibilité de disposer de choses que n'aurait pas le reste du peuple, des choses qui proviendraient justement de ce gouvernement qui prétend en même temps tuer ce peuple en lui refusant des aliments et des médicaments ?

Je crois que l'immoralité de cette conception est si criante qu'on est surpris que ces gens-là aient le front, aient le culot de prétendre - sûrement sans compter sur elles, sans leur demander leur avis - salir des institutions qui méritent non seulement tout notre respect à nous, mais encore le leur, car ils devraient commencer par les respecter, par ne pas les présenter comme des complices éventuels de cette politique qui ne mérite vraiment que le refus et la dénonciation les plus indignés.

Enfin, la dernière mesure : la «diplomatie publique». Plus d'argent, plus de ressources pour convaincre les gens en Amérique latine et en Europe que cette politique est bonne, notamment pour tenter de tromper les gens en leur faisant croire qu'ils «assouplissent», qu'ils font des changements. Et pourquoi ? Parce que leur plus grand intérêt est de pouvoir contrecarrer cette marée croissante et qui va continuer de croître de refus du blocus, qui va continuer de croître dans le monde et aux Etats-Unis mêmes. Et ils continueront de se heurter à leur permanente contradiction : tenter de confondre, de démobiliser les gens, sans rien changer. Redorer leur blason, comme disait cette femme d'affaires, sans faire absolument rien.

Je ne peux conclure sans aborder quelques autres points qui me semblent essentiels.

Je veux revenir à la question des médicaments. La Maison-Blanche a affirmé le 20 mars qu'ils avaient «accéléré» les démarches pour que nous puissions les acheter. Eh bien, je réitère que c'est un mensonge éhonté, que Cuba n'a pas encore pu acheter un seul comprimé d'aspirine aux USA et qu'elle ne peut toujours pas le faire ! Pis encore : non seulement ils nous privent de la possibilité d'acheter des médicaments, des pièces ou des équipements médicaux chez eux, mais encore ils font l'impossible pour que nous puissions pas les acheter ailleurs.

J'ai ici une télécopie (il la montre), qui informe CUFLET, notre société de fret, qu'un cargo portant de médicaments chinois achetés en Chine, un pays frère qui n'a rien à voir avec le blocus, ne pourra pas aller à Cuba. Je vous raconte l'histoire. Nous avons passé contrat pour une importante cargaison de médicaments essentiels chinois, à transporter sur un cargo depuis la Chine jusqu'à Cuba. Et la société d'armement de ce cargo donne des instructions au capitaine de passer au retour par les Etats-Unis et d'y récupérer une cargaison afin de ne pas rentrer en Asie à vide, ce qui est insensé du point de vue économique. La société établit donc des contacts avec les USA pour pouvoir emporter cette nouvelle cargaison, mais la réponse qu'on lui donne est non, parce que, comme vous le savez, depuis la loi Torricelli de 1992, tout cargo qui touche un port cubain ne peut plus aller aux USA pendant six mois. Et la télécopie que voilà conclut sur ces mots : Very sorry.

Et nous avons dû partir à la recherche dans le monde de ces médicaments si nécessaires pour notre peuple, malgré nos ressources limitées, parce que nous ne cesserons jamais de faire le maximum pour le bien-être des gens. Nous avons mis trois mois à obtenir de nouveau ces médicaments, et nous avons dû les payer bien plus cher, évidemment, parce que le vendeur se rend compte de la situation et se dit : si ces gens-là vivent dans de telles conditions de harcèlement... Et cela se paie, économiquement parlant.

J'ai plusieurs autres cas. Dont un est fameux : celui des reins artificiels donnés par une ONG. Logiquement, les appareils se détériorent, il faut des pièces de rechange. Mais quand Cuba tente d'acheter celles-ci, elle reçoit la communication suivante : «En réponse à votre demande passée par télécopie, je regrette de devoir vous informer que nous ne pouvons vous livrer les appareils COBE, parce que, compte tenu de notre participation avec une société des Etats-Unis, je ne suis pas autorisé à vendre des équipements ou des pièces détachées à votre pays. J'espère que la situation changera vite et que je pourrai vous servir comme vous le méritez.»

Alors, ça s'«assouplit» ou non ? Ça change ou non ? On «facilite» les démarches ou non ?

Je crois qu'il vaut la peine que notre peuple le voit de ses propres yeux : voici un des nombreux formulaires qu'il faut remplir pour demander une licence. Qu'allait donc «accéléerer» le président Clinton. Eh bien, les démarches pour les licences.

Qu'est-ce qu'une licence d'achat de médicaments ? Je recommande à chacun de lire ce document (il le montre), qui est un guide expliquant tout ce qu'il faut faire pour obtenir une licence. Comme vous le voyez, il est assez longuet, compte tenu des nombreux formulaires à remplir. En voici un : le modèle BXA-748-F, qui n'est pas le seul. Comme vous le voyez (il le montre), il faut répondre à une série de questions et donner des renseignements. Laissez-moi vous en lire un extrait de l'explication sur la manière de les remplir.

«Conditions requises des licences : Cuba étant un pays en conditions d'embargo, pratiquement tous les biens nord-américains exigent une licence d'exportation délivrée par le département du Commerce. La plupart de ces biens sont susceptibles de faire l'objet d'une fin de non-recevoir, bien que certains biens spécifiques soient analysés cas par cas.»

Le guide explique ensuite le format, explique ce qu'il faut faire. Ici, vous avez le BXA-748-F, que je vous ai montré, et ici le BXA-711 (il le montre).

«Pour vendre un médicament, reportez-vous à la case 21. Vous devez décrire ici, ou alors dans une lettre d'explication jointe, les conditions de surveillance et de vérification sur place que vous avez établies pour vous assurer que les articles arriveront bien à leur destination finale et seront bien utilisés aux fins auxquels ils sont destinés. Ceci doit inclure le nom de la partie qui réalise la surveillance, la fréquence de celle-ci et le nom de la personne chargée des registres.

L'entité a le choix, en matière de surveillance, bien que ce ne soit pas limité là, entre le demandeur, des groupes caritatifs ou religieux, les diplomates occidentaux ou les organisation non gouvernementales occidentales.

Les registres d'inspection doivent être maintenus à jour sur place et être disponibles à la demande des autorités nord-américaines.»

Bref, un vendeur doit garantir ce mécanisme compliqué de surveillance et de suivi jusqu'à l'utilisateur final du produit. Mais en médecine, quel est l'utilisateur final? Le patient, bien entendu. Vérifier, être sûr que le patient a bien pris son aspirine, telle devrait être la tâche des inspecteurs occidentaux, des religieux, des membres des institutions caritatives qui ne peuvent dans ce cas se contenter de surveiller dans les pharmacies si l'aspirine en question est bien vendue, mais qui doivent encore suivre le client jusque chez lui pour voir s'il l'a bien prise...

J'ai ici une lettre très révélatrice adressée à MEDICUBA, le 1er juillet 1998, par une société que je ne vais pas mentionner au cas où il risquerait de lui arriver des pépins : «J'ai de mauvaises nouvelles. J'ai reçu aujourd'hui même du département du Commerce - qui doit, rappelez-vous, délivrer les licences d'exportation - de nouvelles Paperasses - Paperasses, ce n'est pas moi qui le dit .- comprenant des exigences supplémentaires pour obtenir la licence d'exportation des électrodes et des accessoires. Il demande maintenant une déclaration indiquant qui sera l'utilisateur de ces matériaux et les moyens de vérification que la marchandise est bien utilisée aux fins déclarées. Même si ces conditions étaient acceptables pour vous - ce dont je doute beaucoup - elles ne le sont pas pour moi-même et ma société. Il n'est pas possible, du point du vue commercial, d'accepter cette responsabilité de comptabilité et de suivi pour chaque commande et de pouvoir faire concurrence ensuite en prix et en services aux sociétés non assujetties à ces exigences.»

Imaginez ce que coûterait à un homme d'affaires de suivre à la trace chaque produit jusqu'au destinataire final, jusqu'à l'usager final. Ce serait interminable.

Oui, s'il est indignant qu'on nous refuse depuis presque quarante ans la possibilité d'acheter des médicaments, des pièces de rechange, des équipements médicaux, il est encore plus indignant que, par-dessus le marché, on ait le culot de déclarer que ce n'est pas vrai, que ces choses peuvent s'acheter, et que c'est même encore plus facile maintenant parce que ça été «accéléré» !

Je m'arrête là sur ce point, mais je vais ajouter quelque chose. Nous attendons l'arrivée très prochaine d'un ami des Etats-Unis, dont je ne vais pas révéler le nom parce qu'il pourrait se retrouver en prison, qui apportera un médicament fabriqué uniquement dans ce pays-là et dont nos médecins ont besoin pour sauver la vie d'un nourrisson gravement malade. Ce nouveau-né est traité avec la plus grande dévotion - comme tous les enfants cubains, comme tous les adultes cubains - par le personnel du centre de cardiologie, mais les réserves de ce médicament - que nous avions acheté avant au prix de grands sacrifices - sont sur le point de se terminer.

Cela se passe non dans la préhistoire, non le mois dernier, mais aujourd'hui même, 8 janvier 1999. Je ne vais pas donner de détails, car ce c'est pas prudent,

et il faut protéger certaines personnes qui méritent toute notre estime et qui font déjà beaucoup en achetant ce genre de choses et en les apportant ici, parce que

c'est la seule façon de contourner les obstacles. Heureusement, tout le monde n'a pas la même bassesse morale que certains politiciens nord-américains; il y a aux USA des personnes dignes, des personnes très nobles, des personnes très solidaires. Mais si vous allez, vous, dans le laboratoire en question de là-bas, le directeur vous répondra - comme on nous l'a répondu à nous - qu'il ne peut vous vendre ce médicament, et qu'il ne peut même pas remplir les formulaires (il les montre). Et s'il les avait remplis, comment faites-vous ensuite pour vérifier qu'un nouveau-né - où vit-il, comment s'appelle-t-il, où se trouve-t-il - a bien reçu le produit ? De plus, remplir les formulaires ne veut pas dire qu'on vous donne la licence d'exportation. Alors, la meilleure manière, la seule solution, c'est celle-ci : que des gens solidaires, qui méritent toute notre discrétion, nous les apportent directement.

La Maison-Blanche a aussi - et là, c'est vraiment très curieux - parlé des Orioles, de Baltimore, comme un exemple de quelque chose qui pourrait se faire. Et le public peut supposer qu'il s'agit d'une mesure qui émane de la Maison-Blanche et dont elle vient d'avoir l'idée.

Alors, je dois préciser un certain nombre de choses. Les Orioles sont une équipe de base-ball, ce sont des professionnels, mais ce sont aussi des professionnels des démarches auprès du département du Trésor et du département d'Etat, dont ils attendent la permission de venir jouer contre les Cubains. Et vous savez depuis quand ? Depuis trois ans ! Ce n'est donc pas une idée nouvelle des bureaucrates de Washington.

Je me souviens d'avoir reçu ici, voilà un an, le maire de Baltimore. Cela fait donc belle lurette que ces gens-là tentent d'obtenir la permission, non de jouer, mais simplement de venir ici discuter des modalités de la compétition, des matches, bref, de tous les détails, par exemple si la batte sera d'aluminium ou de bois, la hauteur du monticule, les dates éventuelles, etc. Tout ceci concerne notre Institut des sports et les Orioles, et il existe la volonté de part et d'autre d'organiser cette rencontre sportive.

J'ai ici une liste de gens de Baltimore qui soutiennent, parrainent cette possibilité de matches : toutes les institutions religieuses, les catholiques, les luthériens, le Conseil national des Eglises, les juifs, et bien d'autres entités. Trois ans déjà... Et voilà que les bureaucrates de Washington se pointent soudain, et proposent ça comme un exemple de «souplesse», et ils ont même le culot de nous défier, un peu comme s'ils disaient : «On va bien voir ce qu'ils font faire vis-à-vis des Orioles, ce sera la première épreuve.»

De toute façon, selon eux, ces matches ne pourront avoir lieu que si les Orioles respectent strictement les conditions qu'imposera le gouvernement nord-américain. En fait, celui-ci s'est vraiment efforcé de saboter cette activité sportive légitime, d'abord en convertissant les Orioles en champions de l'attente bureaucratique : trois ans, et toujours rien; et ensuite en s'efforçant de saboter au maximum les contacts que nous avions avec cette équipe de Baltimore.

Mais ce n'est pas tout. En plus de ces ingérences des autorités, de leur influence, de leurs pression sur l'équipe de baseball, elle se sont aussi attachées à créer des difficultés en ce qui concerne l'utilisation des bénéfices qui pourraient découler de ces rencontres, et ce dans des visées divisionnistes, subversives, discriminatoires. Or, notre position est tout à fait claire : les bénéfices éventuels devront être destinés à l'achat de médicaments au profit des victimes du cyclone Mitch en Amérique centrale, des patients soignés par nos médecins et nos infirmières. N'est-ce pas là une idée noble ? Je crois que les dirigeants et les joueurs de l'équipe se sentiraient très honorés de contribuer à cela.

Je tiens à dire que les dirigeants des Orioles ont toujours eu une attitude irréprochable : ils veulent jouer au baseball contre les Cubains, parce qu'ils savent que ce sont les meilleurs amateurs au monde et que jouer contre eux est un honneur pour n'importe quel équipe, et ils n'ont donné à tout ça aucune nuance politicarde ou autre. C'est Washington qui la lui donne en manipulant les choses comme il le fait. Attendons donc de voir ce qu'il va se passer - puisque les bureaucrates parlent de premier test, de première épreuve - et si ces gens-là vont vraiment capables de permettre que les choses se fassent dans des conditions normales, légitimes, sans la démagogie et l'illégalité qu'ils tentent d'y introduire.

Et puisqu'ils parlent d'épreuves, ce ne sera pas la peine d'attendre très longtemps. Le 19 janvier, s'ouvre le procès instruit contre une société française associée à Cuba dans la vente et l'exportation de notre rhum par une société dirigée par des Nord-Américains d'origine cubaine, qui prétendent avoir été les propriétaires de la rhumerie que le produit. Ce qui n'est pas vrai, à strictement parler, parce que la rhumerie qui produit ce rhum n'était pas exactement propriété des plaignants. Ces gens-là profitent des privilèges dont ils bénéficient aux Etats-Unis, surtout qu'ils se sentent encore plus stimulés par la section 211 qui, comme je l'ai dit, viole les normes internationales en matière de marques et de brevets. Les Etats-Unis sont donc sur le point de compliquer encore un peu plus leurs relations avec le reste du monde et de créer un précédent négatif. Car les marques et brevets n'existent pas, bien entendu, que d'un seul côté, et les droits et les attributs, ainsi que le respect des normes internationales opèrent dans tous les sens. Ce n'est pas seulement le cas d'une marque sur le marché nord-américain. Il existe ici, et ils le savent, des marques et brevets enregistrés de sociétés nord-américaines dont les propriétaires feraient bien de se préoccuper de l'irresponsabilité d'un gouvernement capable d'entreprendre des actions qui ne resteront pas sans réponse, c'est le moins que je puisse dire.

Prenez le cas d'un juge nommé King - king veut dire roi en anglais - qui semble vouloir agir de fait comme un roi. Et ce monsieur, donc, prétend priver Cuba des sommes qui lui reviennent au titre des communications téléphoniques entre les deux pays, dont une partie correspond à la société nord-américaine qui s'en charge, et l'autre, à Cuba. Eh bien, ce juge prétend faire appliquer une sentence qu'il a émise et qui priverait Cuba de cet argent qui lui appartient et qui est indispensable au maintien des communications téléphoniques !

Et ceci, bien entendu, porterait préjudice aux communications entre les deux pays, parce que personne ne peut supposer que nous allons prêter un service gratuit. Et nous disons à ces messieurs qui se disent intéressés, qui parlent d'«assouplissement», de pas en avant, de contacts entre les deux pays, de penser à acheter des pigeons voyageurs, parce que, s'ils ne paient pas, il n'est pas question que nous leur fournissions un service gratuit !

Nous les avons avertis je ne sais combien de fois déjà. Nous pouvons présenter toute la documentation envoyée au département d'Etat : «Faites attention, messieurs, il vient d'arriver ceci, et ça risque de provoquer de sacrés ennuis !»

Qu'a fait l'administration nord-américaine ? C'est en venant ici que j'ai reçu la première nouvelle dans ce sens, à savoir que les avocats avaient eu une réunion pour décider ce qu'il fallait faire, s'ils allaient envoyer une notification, faire un geste. Je le dis pour être totalement exact. La première information date d'aujourd'hui, alors que nous les avons mis en garde depuis longtemps, des tonnes d'informations, parce que nous ne voulons pas créer des ennuis par plaisir . En tout cas, que personne ne suppose qu'il puisse y avoir des communications téléphoniques entre les deux pays, que nous fournissions un service gratuit et que le seul bénéficiaire soit la compagnie nord-américaine !

Qu'a fait l'administration nord-américaine pour empêcher ce danger ? Franchement, quand elle a annoncé en faisant tant de battage qu'elle allait adopter des mesures au sujet de Cuba, on aurait pu penser qu'elle allait enfin faire quelque chose pour éliminer la section 211 qui peut provoquer tant de problèmes, pour empêcher cette illégalité, ou qu'elle allait du moins créer cette commission pour étudier la politique envers Cuba, pour étudier une politique ratée.

Eh bien, non, tout ce qu'elle fait, c'est annoncer au monde que le blocus se maintient, qu'elle s'efforcera de le promouvoir, de convaincre les gens de son utilité, de faire encore plus de propagande en sa faveur, et qu'elle va continuer sur cette voie, tout aussi vouée à l'échec, de tenter de nous diviser, de nous saper, de nous affaiblir de l'intérieur !

Je crois avoir expliqué l'essentiel de la situation. Je voudrais, pour conclure, expliquer la raison d'être de manoeuvres aussi grossières que celle dont nous venons d'être témoins.

J'ai dit qu'il existe un courant irrépressible contre le blocus, qui s'étend même aux Etats-Unis. Alors, ces gens-là, pour tenter désespérément de soutenir cette politique, recourent au mensonge, à la tromperie, à la confusion, parce qu'ils savent que cette politique est vouée à l'échec pour deux raisons essentielles. Primo, la résistance, le patriotisme, l'union des Cubains, ce qui explique que nous soyons ici et bien ici, que nous avançons, même en ce qui concerne la relance économique, que nous sommes toujours ici dix ans après l'effondrement du camp socialiste, parce qu'ils ne sont pas parvenus à nous diviser, à nous affaiblir, à faire plier la volonté patriotique des Cubains. Segundo, la solidarité internationale, le soutien des peuples, la défense du droit de Cuba à l'indépendance et au respect de sa souveraineté, un droit que la nation cubaine ne négociera jamais avec personne ni pour rien au monde.

Tout ceci prend de la force, et en prend aussi aux Etats-Unis mêmes. Des sénateurs, des hommes d'affaires, des journalistes, des religieux refusent cette politique de blocus, et la refuseront toujours plus, et toujours plus de secteurs en exigeront la modification et l'élimination totale et inconditionnelle.

Je voulais aussi ajouter que la nation cubaine - je n'en ai pas le moindre doute - réagira face à cette nouvelle tentative d'agression, d'attaque. Une attaque idéologique, politique. La Maison-Blanche ne donne absolument rien, tout en s'efforçant de confondre, de tromper, mais aussi d'insulter un peuple cultivé, un peuple intelligent, un peuple qu'on ne peut leurrer si facilement. Comme si nous étions, nous, les Cubains, des gens qu'on peut acheter, qu'on peut suborner, qu'on peut louer, comme s'il existait ici des institutions capables de se prêter à cette tâche méprisable d'acheter ou de louer des consciences, de servir l'empire qui cherche à nous détruire !

Je suis convaincu que nos travailleurs, nos agriculteurs, nos coopérateurs, nos paysans privés, nos ouvriers industriels et agricoles si dévoués, nos institutions sociales, nos organisations, nos institutions religieuses, nos organisations de croyants, nos intellectuels, nos universitaires, n'ont rien à voir avec cette image vile de l'empire qui pense que les consciences ont un tarif, ont un prix. Ce peuple-ci n'est pas de ce genre.

Je suis convaincu que toutes ces institutions que j'ai mentionnées et tout notre peuple vont tout simplement repousser de toute leur énergie cette nouvelle étape de la guerre contre Cuba, qu'ils resteront unis, qu'il vont aller de l'avant forts du même esprit patriotique, stimulés de plus par la conviction qui émane de cette manoeuvre désespérée : ces gens-là savent qu'ils vont devoir renoncer à ce blocus et à cette politique criminelle. S'ils veulent la réviser, eh bien, qu'il la révisent ! Sinon, tant pis pour eux. De toute façon, un jour ou l'autre, avec ou sans révision, ils devront y renoncer, parce qu'ils ne pourront pas la maintenir face à l'opposition croissante du monde, à l'opposition croissante du peuple nord-américain et à la volonté patriotique des Cubains.

Je crois que c'est cette conviction qui doit nous animer, en nous rappelant que cette union et ce patriotisme sont justement le principal obstacle à leurs plans et notre principale arme pour sauvegarder l'indépendance et la dignité de notre pays.

Je vous remercie.



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