Allocution prononcée par Fidel Castro Ruz, président de la République de Cuba, au meeting central pour le cinquante-troisième anniversaire de l'attaque des casernes Moncada et Carlos Manuel de Céspedes, sur la place de la Patrie de Bayamo (Granma), le 26 juillet 2006

 

Chers compatriotes de Granma et de Cuba

 

Quatre programmes importants de la Révolution ont été inaugurés du 28 au 30 mars 2002 dans cette province héroïque dont les succès nous remplissent aujourd’hui d’admiration, voire d’étonnement (exclamations).

            Et je n’exagère pas, parce que les choses que je signale ici sont difficiles à croire.

Le programme d’introduction de l’informatique dans l'enseignement primaire, annoncé dans une école de Pilón – une toute petit école, plutôt – ne comptant que dix-huit élèves et un seul ordinateur alimenté par système photovoltaïque, bénéficie maintenant à 74 364 écoliers du primaire qui disposent de 2 021 ordinateurs.

            Le programme audiovisuel mis en route dans la province au profit de l'enseignement primaire et secondaire a été doté à ce jour de 7 460 téléviseurs, de 5 581 magnétoscopes et de 5 054 ordinateurs.  Des cellules photovoltaïques – autrement dit les panneaux solaires – alimentent 485 écoles ne disposant pas d’électricité, dont 167 comptent moins de cinq élèves et 24 un seul élève et un instituteur, au nom du principe en vertu duquel aucun enfant ne peut manquer d’une école, aussi éloigné qu’il vive. Ces écoles ne dépensent pas un gramme de combustible pour garantir l’électricité nécessaire aux appareils et à l’éclairage tout court.          

Quand le cours de perfectionnement intégral pour jeunes (les élèves de ce cours présents sur la place se font entendre) a été lancé – voilà donc quatre ans, ici même, ce soir-là, à Manzanillo, dans cette province de Granma – il comptait 12 124 élèves. Il en compte aujourd'hui 17 930. Un total de 17 950 élèves issus de ces cours sont entrés à l’université, si bien que la province Granma compte aujourd'hui 47 409 étudiants, soit trois fois plus que le pays n'en comptait au triomphe de la Révolution. Les trente-neuf carrières universitaires qu'on y étudie comptent bien plus d'étudiants grâce au programme d’universalisation de l’enseignement supérieur qui dispose de cinquante-quatre nouveaux collèges universitaires dans toutes les communes de la province (applaudissements).

            Le taux de chômage de la province, qui était de 10,7 p. 100 à ce moment-là, s'est réduit au niveau du plein emploi : 1,6 p. 100 (applaudissements). Je me rappelle qu'à un moment donné, le chômage dans la province, ou du moins à Manzanillo, atteignait 17 p. 100, un chiffre impressionnant, parce que de nombreuses usines avaient dû arrêter leur production durant la Période spéciale.

            On y avait aussi inauguré ces jours-là le programme des salles de vidéo pour amener la télévision à la population paysanne isolée. La province comptait alors 171 installations, et il faut voir combien nous en étions fiers : or, elle en compte aujourd’hui 454, le chiffre le plus élevé du pays, qui ont accueilli plus de quatre millions de spectateurs.

            Ces installations, de pair avec leur fonction récréative, sont devenues dans la pratique des centres de pratique et d'apprentissage des échecs – pour développer les muscles du cerveau (rires) – de l'éducation sanitaire et d'autres importantes activités sociales, au point que 364, grâce aux équipements et aux personnels pertinents, prêtent aussi des services de physiothérapie et de réhabilitation communautaire (applaudissements).

            Je me souviens du jour où cette idée a pris naissance : si ces salles existaient, si elles étaient en dur, si elles possédaient l'électricité, la télévision et les chaises, il suffisait dès lors de disposer d’un local pour y installer l'équipement dont tant de gens ont besoin mais qui n'ont pas toujours la possibilité de descendre de la montagne ou d’un endroit reculé pour se rendre dans une polyclinique de Media Luna ou de Niquero ou de Pilón et y recevoir le traitement requis pour une lésion ou pour toute autre chose. Et ces besoins sont bien plus fréquents qu'on ne le croit.

Dix nouvelles salles de vidéo sont en chantier.

On a conçu et inauguré le programme d’enseignement des arts plastiques à l’académie Carlos Enríquez, un édifice reconstruit et agrandi de Mazanillo, puis à l’académie Oswaldo Guayasamín, de Bayamo, dans un nouvel édifice. Ces deux institutions ont diplômé 83 élèves et en comptent aujourd’hui 171 (applaudissements).

            On travaillait à ce moment-là à la restauration du théâtre de Manzanillo, fermé depuis trente ans, qui a donné à ce jour 580 représentations suivies par plus de 120 000 spectateurs.

            On a donné une impulsion à la formation de fanfares et on a créé l’école de cette spécialité, la seule du pays, au point que toutes les communes de la province disposent aujourd'hui d'une fanfare (applaudissements). On a constitué dix fanfares sur les treize territoires qui n’en disposaient pas, deux fanfares d’enfants et deux dans des prisons.

            C’est à partir de cette dernière idée que des détenus ont suivi les cours de perfectionnement, dont 243 ont conclu la terminale et 140 ont reçu le diplôme émis par les Clubs d'informatique pour jeunes (applaudissements). Au lieu de la violence et de la drogue, avec quoi vous ne pouvez rééduque personne, ou plutôt éduquer personne. Parce que celui qui se retrouve dans cette situation, c’est en règle générale quelqu’un qui n’a pas reçu d’éducation. Éduquons, et nous verrons combien la quantité de gens qui se retrouvent en prison diminue. (Exclamations de : Vive Fidel !)

            La province compte maintenant 43 Clubs de ce genre, dotés de 524 ordinateurs, qui ont formé 59 473 personnes (applaudissements), et sept autres Clubs sont en chantier (vivats).

            Durant cette période, on a construit dans la province 614 ouvrages dans le cadre de la Bataille d’idées, et quatre autres grands ouvrages à fort impact social, à savoir :

 

L’aqueduc de Manzanillo, avec ses 350 kilomètres de canalisations et plus de 500 kilomètres de branchements, bénéficiant déjà à plus de 105 780 habitants, car il n’est pas encore complété. Ceci doit nous pousser à réfléchir à ce qu'est l'eau, à ce qu’elle coûte, pour nous rendre compte combien il est injustifié et irresponsable de la gaspiller.

 

Le périphérique sud de Bayamo, avec ses 6,7 kilomètres de route, qui permet de soulager l’entrée dans la ville et de mieux en préserver le patrimoine historique et urbain. Et ce n’est pas tout.

 

Que ne reste-t-il encore à faire à Bayamo ! Mais ça ne veut pas dire que nous nous repentirions ou qu'il nous semblerait absurde que les Bayamais mettent un jour le feu à leur ville plutôt que de la livrer à l'ennemi (cris de : Vive Fidel !). Mieux vaut l’incendier et qu’il n’en reste rien, parce que c’est sur la dignité qu'on peut édifier un monde.

Nous sommes en butte à un blocus, nous sommes menacés depuis plus de cinquante ans, et nous pouvons dire à nos petits voisins du Nord : « Montrez-moi une photo, une carte d’un pays, d’une province où l’on ait fait quelque chose d’approchant à ce que vous avez fait, vous les habitants de Granma, en quatre ans ! » (Slogans de : Fidel, Fidel !)

 

Le drainage nord de Bayamo, dont les services hydrauliques et d’urbanisation dans leur première étape bénéficient 33 794 habitants et permettront de traiter les eaux usées de 80 000 personnes.

Le tronçon réparé de la route Veguitas-Yara-Manzanillo, qui était en un état critique, de 14,3 km de long. On travaille actuellement au tronçon Dátil-Université.

 

On a reconstruit 27 écoles, qui accueillent plus de 14 229 élèves.

            On a terminé de construire 8 polycliniques, bénéficiant 241 596 habitants, et on travaille à 21 autres qui prêteront des services de première qualité au reste des habitants de la province, dont 13 seront conclues dans les quatre prochains mois et les 8 derniers dans dix mois au maximum (applaudissements).

            La province a reçu en plus de nombreux équipements médicaux de pointe qui ont permis d'élever la qualité des soins.

            Les huit polycliniques conclues en Granma comptent, de même que les 165 autres déjà terminées dans le reste du pays, de nouveaux services d’échographie, de thrombolyse, de traumatologie, d’endoscopie – sans lesquels vous ne pouvez pas voir de nombreux problèmes de l'appareil digestif, bien qu'ils servent à d'autres fins, car c'est toute une branche de la médecine –  et des laboratoires d’allergie. Combien d’asthmatiques, par exemple, dans n'importe quelle province de notre pays, une île qui se caractérise par des niveaux d'humidité élevés et par un taux d'asthme élevé. Ça arrive au Japon, en Angleterre, et ailleurs. Tous ces services, donc, n’existaient avant 2002 que dans les hôpitaux. De plus, des services de rayons X, de régulation menstruelle, de petite chirurgie, d'électrocardiographie, d’optométrie, d’ophtalmologie, de stomatologie qui ne se prêtaient que dans un nombre réduit de polycliniques. De même que le laboratoire clinique, ces services disposent de la technologie la plus moderne et sont ouverts 24 h x 24.

            Pourquoi les fermer à un moment donné, alors que la douleur, l’infarctus, la maladie surviennent à toute heure ? Ou est-ce que nous allons suivre une espèce de norme syndicale digne d’une usine d’automobiles ou de chantiers navals ? On ne peut jamais oublier que ce sont des êtres humains qui vont dans les hôpitaux et les polycliniques, des hommes et des femmes, des enfants, des femmes enceintes, de gens de tous âges et sujets à n'importe quel problème de santé ou à un accident.

            À l’époque de l’indien Hatuey[1], je peux vous assurer que personne ne mourait d'un accident de la route (rires). Et aujourd'hui, on assassine même les gens dans des accidents de la route ! Comme ce camionneur qui, voilà pas si longtemps sur la route Sud, aux abords de Guamá, roulait sans autorisation et allez savoir dans quelles conditions, qui a capoté et qui a tué des femmes, des enfants, des hommes. On en a parlé aux nouvelles. Quelle tristesse ! Un irresponsable, pour ne pas dire un de ces si nombreux irresponsables...

            Vous écoutez les nouvelle de ce qui se passe à Cartagena[2], quand vous pouvez, et vous devez donc savoir qu'Eddy Martin[3] a souffert un grave accident parce qu’un bus n’a pas respecté un stop. Pourquoi des choses pareilles arrivent-elles ? Peut-être que notre pays, à mesure qu’il acquière plus d’éducation, plus de connaissances, plus de conscience, se montrera plus sévère, peut-être qu’une population mieux éduquée s’arrangera pour réduire ces cas au minimum.

            Je ne vous signale que certaines choses. En fait, même avec un ciel couvert, je n'aurais pas assez de temps à ce meeting pour vous expliquer ce qu'on peut faire dans la lutte contre le délinquance. Ou plutôt, pas tant dans la lutte contre la délinquance que dans la lutte pour empêcher que les délinquants ne se développent dans notre pays, et quels sont les phénomènes culturels et éducationnels, et même génétiques, qui poussent à la délinquance, indépendamment de la nécessité de discipline de tout peuple, de toute nation et de toute société.

            Le jour où il existera des sociétés vraiment justes dans le monde – et l’heure approche, faute d’alternative – ce jour-là on pourra recourir d’une façon rationnelle à toute la force de l’éducation pour créer des valeurs et en particulier pour les transmettre. Telle est la tâche de l’instituteur, de l’éducateur, du professeur, depuis le primaire jusqu’à cent ans et quelques.

            Car notre pays compte aujourd'hui je ne sais combien des milliers de citoyens qui ont atteint cent ans et plus, et il y en aura, logiquement, toujours plus. Mais que notre petit voisin du Nord ne s’effraie pas : je ne pense pas continuer d’exercer des fonctions à cet âge ! (Rires) En plus, celle que j’exerce, ce n’est pas par ma volonté, tant s'en faut, je n'ai jamais lutté pour ça. En revanche, oui, je lutterai toute ma vie jusqu'à la dernière seconde, tant que j’aurais l’usage de ma raison, pour faire quelque chose de bon, quelque chose d’utile, parce que nous avons tous appris, nous les révolutionnaires, à être meilleurs à chaque année qui nous tombe dessus (slogans de : Vive Fidel !), et que l'être humain gagne en dignité quand il fait quelque chose pour autrui. (Slogans de : Vive le 26 juillet !)

            Aujourd’hui, donc, les polycliniques offrent les services et la technologie qui ne se trouvaient il y a quatre ans que dans les hôpitaux.

            Voilà pourquoi on a établi des services de soins intensifs dans toutes les communes ne disposant pas d’un hôpital. À ce jour, 118 communes en disposent, et on continuera d’étudier la question et la possibilité d’élargir ce services, parce qu’il se peut qu’une seule polyclinique par commune ne suffise pas, si celle-ci est très grande, et même s’il y existe un hôpital.

            À La Havane, par exemple, une commune peut compter cent ou cent cinquante mille habitants. L'idée de départ : au moins une polyclinique par commune, ne sera peut-être pas suffisante ; il peut y en avoir trois ou cinq...

            A La Havane, la commune Diez de Octubre compte plus de deux cent mille habitants. Et d'autres villes aussi : Camagüey en compte environ quatre cent mille.

            Bref, toutes ces idées vont se perfectionner peu à peu, tous ces services vont devenir aussi de plus en plus rationnels, parce que je pense qu’il faut faire les choses chaque fois mieux, et quand nous estimons que tout est parfait dans un secteur, il faut aller voir dans un autre. Il reste toujours beaucoup d’imperfections, il en restera toujours, parce que les besoins se renouvellent.

            Jadis, personne n’avait besoin d’un téléphone, personne n'avait besoin de l'électricité. Quand les Bayamais ont mis le feu à leur ville, tout ce qu'il y avait là c'était le télégraphe, et je crois que c'est par le télégraphe que Carlos Manuel de Céspedes a appris qu'il existait un mandat d'arrêt contre lui. À cette époque, l’électricité n’existait pas, on s’éclairait à la lampe à huile, et je crois que même le carbure servait à éclairer. Bah, tout le monde se couchait plus tôt. Il n'y avait pas de coupes du monde ni de jeux olympiques ni de toutes ces choses qui maintiennent les gens debout jusqu’à minuit et plus. Quelle chance si je pouvais me coucher à cette heure-ci, moi aussi. (Rires et slogans de : Vive la Révolution et de Vive Fidel !)

On a aussi revitalisé dernièrement dans la province Granma dix salons de chirurgie, sept laboratoires cliniques, 5 salles de soins intensifs, et les équipements de stérilisation dans les hôpitaux généraux, pédiatriques et maternels. Seize magasins d'optique couvrant toutes les communes ont reçu de nouveaux équipements.

            Des 28 600 travailleurs de la santé en missions internationalistes dans soixante et onze pays, 2 232 sont de Granma (applaudissements).

            Car notre pays compte aujourd’hui le taux le plus élevé de médecins par habitant, et de loin, au monde. Quelle tristesse, hélas, de savoir que l’Afrique subsaharienne, avec ses presque 700 millions d’habitants, ne compte que 50 000 médecins, tandis que Cuba, avec ses 11 200 000 habitants, en compte plus de 70 000. Nos universités accueillent plus de 20 000 étudiants de médecine, sans compter les dizaines de milliers d’étudiants du tiers monde, surtout d’Amérique latine, qui font des études à Cuba. De fait, une part importante des médecins du tiers monde est en train de se former à Cuba !

            On a conclu l'école provinciale d’art, ce qui augmente la quantité d’élèves dans l’enseignement artistique : en 2000, il n'existait dans la province que deux écoles d'art de niveau élémentaire accueillant 202 élèves ;  aujourd’hui, on compte 501 élèves de plusieurs provinces de l’Est et du centre du pays aux niveaux élémentaire et secondaire, et dans seize disciplines musicales. Le niveau secondaire en danse débutera l’an prochain.

            On a réparé l’école d’animateurs culturels, qui accueille 651 élèves et qui a diplômé à ce jour 385 animateurs, qui travaillent dans 210 écoles et encadrent plus de 52 000 enfants dans des ateliers d'appréciation artistique.

            Rien de tout ça n’existait avant ici, voilà quatre ans, car tout a démarré dans le cadre de la Bataille d’idées, et la première promotion d’animateurs est sortie le jour de mon élégante chute à Villa Clara (rires) voilà bientôt deux ans. Pensez un peu si j’ai dû en faire, de la physiothérapie ! Que serait-il devenu de moi si je n'avais pas eu un physiothérapeute qui m'oblige à marcher et à utiliser mon bras ! Il n'a peut-être pas autant de punch qu'avant, mais il me reste du moins le gauche, qui est un bras très symbolique (rires et vivats à Fidel).

            On a construit les écoles militaires Camilo Cienfuegos à Bayamo et à Manzanillo, de trois cents élèves chacune.

            On a formé ces quatre dernières années 3 151 travailleurs sociaux de la province (exclamations), qui ont participé activement à d'importantes tâches de la Révolution en Granma et dans tout le pays.

            Vrai, la province Granma n’a besoin d’aucun plan de transition yankee pour alphabétiser, vacciner et soigner sa population (exclamations de : Non). Nous avons aujourd’hui ce que la population des Etats-Unis n’a pas, ce que des dizaines de millions d’Étasuniens, plus de 40 millions, n’ont pas. Et on verra bien ce que fera Granma ensuite avec toutes ces avancées spectaculaires. Car il me reste encore quelques chiffres. Un peu de patience, et vous verrez (vivats).

            Il faudrait dire à Bush et compagnie qui parlent de plan de transition pour Cuba de venir voir un peu ici en Granma ce qu’est un programme d’éducation, un programme de santé, un programme de développement de l’art, de la culture (exclamations). Ils peuvent venir voir n'importe où dans le pays, nous les invitons (exclamations).

            Trois ans après le lancement de tous ces programmes, en juillet 2005, un cyclone dévastateur catégorie 4 s'est abattu sur le province de Granma. En fait, les appareils de mesure sont restés coincés à des vents de 238 km/h. On a estimé qu’ils ont pu atteindre 300 km/h. Les vents soutenus de presque 240 km/h avec des rafales de jusqu’à 260 km/h ont rasé, comme le fil d’un rasoir, des zones entières des forêts couvrant le versant sud de la Sierra Maestra…

            Personne ne peut me dire le contraire, j’ai vu les photos de notre poste de commandement de La Plata : il n’en est rien resté !  Des forêts arasées, des forêts vierges. Je ne sais quel phénomène a pu se passer là. Peut-être le vent s’est-il concentré dans les canyons des cours d'eau qui descendent de la montagne, a-t-il cerné les versants, mais il a dû certainement se passer quelque chose. Je ne pouvais pas m'imaginer qu'un cyclone était capable de causer tant de dommages à la nature ! Je crois qu’on est en train de relever tout ça là-bas. Oui, je parle de rasage, de fauchage, ça ressemblait à un champ de canne fraîchement coupé. Et tout ceci est survenu alors que vous étiez attelés à ce programme, voilà un peu plus d'un an.

            Donc, le cyclone a aussi frappé furieusement l’ensemble de la province Granma, ce qui l’a contrainte de détourner son attention des principaux ouvrages et de se concentrer sur la réparation ou la reconstruction des 46 300 logements touchés, dont 14 196 s’étaient totalement écroulés, soit plus de 90 p. 100 des logements des communes Pilón et Niquero, 75,5 p. 100 de ceux de Media Luna, en plus des dommages incommensurables causés aux installations de santé, d'éducation et de commerce, dont 389 établissements d’enseignement, 119 maisons de médecins de la communauté, 17 pharmacies, 250 épiceries, 630 kilomètres de route, 5 ponts, 101 salles de télévision, 3 installations touristiques, des centaines d'hectares de cultures et plusieurs installations industrielles. Oui, tout ceci dans le cadre de ce programme dont le succès a permis à la province d'obtenir cette reconnaissance de la nation.

            Les premières ressources sont arrivées dans la province dès la fin du cyclone, dont, le jour même, douze groupes électrogènes envoyés par la direction de la Révolution pour faire face aux graves problèmes de courant électrique.

Tous ces mois-ci, la province a reçu 215 331 tôles de zinc, 102 175 tôles de fibrociment, 1 416 tonnes d'acier et 14 661 tonnes de ciment; ainsi que 25 233 matelas pour les sinistrés et 3 800 téléviseurs.

            Ces ressources ont permis de relever 18 225 toits endommagés en tout ou en partie, et 1 307 logements totalement détruits. C’est là un des plus grands efforts qu’a dû faire le pays. Sans ça, nous aurions déjà sans doute modernisé bien plus de polycliniques. Il reste plusieurs milliers de logements à reconstruire ou à réparer.

            La province travaille aussi à une série de tâches stratégiques de la Révolution.

            Dans le cadre de la révolution énergétique, elle a travaillé à l'installation de groupes électrogènes pour imprévus, qui produisent 7,9 mégawatts, de groupes en sous-stations rurales produisant 5,2 mégawatts, et de batteries de huit groupes chacune à Bayamo, qui produisent 30 mégawatts. La puissance installée actuellement en Granma est de 43,1 mégawatts, alors que la demande totale oscille entre 86 et 89 mégawatts. Le mouvement de terre pour les seize groupes électrogènes de Manzanillo est terminé, si bien que leur mise en  marche augmentera la capacité de production de 30 mégawatts.

            Toujours dans le cadre de la révolution énergétique, on a distribué 262 435 autocuiseurs électriques polyvalents, autant de réchauds électriques, d'autocuiseurs à riz et de chauffe-eau, bénéficiant autant de familles. 97 p. 100 des logements électrifiés cuisinent à l'électricité dans une province où 93,5 des familles utilisaient avant des réchauds à pétrole.

            La province dispose des équipements nécessaires pour compléter la totalité des foyers compris dans la première étape, autrement dit ceux qui disposent des conditions électriques requises.

            On a commencé récemment à remplacer en Granma les réfrigérateurs gros consommateurs d'électricité, à faible rendement ou trop vieux, à raison de 14 000 à ce jour, soit 10 p. 100, et on espère avoir conclu l’opération dans les huit prochains mois. Peut-être même avant, mais il faut se donner une marge. Soyez sûrs en tout cas que la province de Granma ne sera pas oubliée (applaudissements). On a commencé par celle de Pinar del Río, qui est la province expérimentale et qui a prêté de grands services au pays.

            On a remplacé des centaines de milliers d'ampoules incandescentes par des ampoules à basse consommation. Et ce n’est pas fini.

            On a remplacé 114 957 ventilateurs artisanaux (donc gros consommateurs) par des ventilateurs efficaces.

            On a aussi livré 3 800 téléviseurs, la priorité ayant été donnée aux familles touchées par le cyclone Dennis.

            On a bâti six silos et on travaille à dix-huit autres, pour une capacité totale de presque 50 000 tonnes. Il n’en existait aucun. Ce sont des silos réfrigérés très modernes, extrêmement économiques, et qui seront dotés de leurs moulins à marteau correspondants.

            La télévision municipale de Manzanillo a commencé à fonctionner le 8 septembre 2004. Deux ans après le lancement des programmes dont je vous ai parlé, on a envoyé les équipements requis en Granma, à Manzanillo, à titre expérimental. Les résultats ont vraiment été splendides, et ils ont prouvé que les gens voulaient entendre des nouvelles locales. Y interviennent des poètes, des écrivains, des agriculteurs, des producteurs, de tas de gens émérites, car, en général, les journaux télévisés nationaux ne parlent pas de ce qui se passe dans une commune.

            Pratiquement toutes les communes du pays ou presque toutes, en fonction de leur emplacement géographique, disposeront de leur station de télévision municipale (applaudissements). Calculez un peu à quoi ça peut servir en matière d’éducation, d’enseignement, de programmes récréatifs, d’information, à quoi ça peut contribuer à la lutte contre des problèmes donnés. Oui, il existe déjà des dizaines d’équipements de ce genre, et on procède aux études dans chaque commune pour les installer. Celui de Manzanillo, donc, a été inauguré le 8 septembre 2004. Des sondages d’opinion prouvent que plus de 80 p. 100 de la population préfèrent ses émissions, parce que communautaires, à raison de six heures par jour de lundi à vendredi. Il faut bien entendu respecter certains horaires nationaux pour informer la population et dans d'autres objectifs. Le Centre similaire de Niquero devra être conclu à la mi-août.

            On travaille à la conclusion de la télévision provinciale, non loin de la place de la Patrie, et où fonctionnera aussi la télévision municipale. La province dispose aussi de Televisión Serrana, qui touche les plus de 93 000 habitants des régions montagneuses.

            Pour pouvoir faire parvenir la télévision jusqu’aux endroits les plus reculés de la province, on a installé 227 récepteurs de télévision par satellite dans des écoles, des salles de télévision, des cercles sociaux et des cliniques des zones de silence acoustique, et 137 dans des logements de Santa Cruz, durement touché par le cyclone Dennis.

            L’école technique d’informatique Ruben Bravo accueille 1 303 élèves. Terminée à 78 p. 10o, elle sera conclue en septembre.

            La province de Granma a envoyé 533 élèves à l'Université des sciences informatiques  (applaudissements), qui est l’une des meilleures institutions ayant jamais existé. Les élèves y ont tout ce dont ils ont besoin, les meilleurs moyens d'éducation, les meilleurs professeurs. Elle compte d'ores et déjà 8 000 étudiants, et en comptera 10 000 à la prochaine rentrée universitaire. De plus, on va créer des mini-UCI dans toutes les provinces, si bien que le pays disposera sans doute de dizaines de facultés de ce genre.

            Les étudiants ont participé aux préparatifs de la Mission Miracle, ils ont fait des tas de choses. Ce sont des talents en pleine action. Personne ne sait exactement tout ce que des institutions de ce genre vont apporter au pays, sans parler du fait qu'elles se convertissent en sources de revenus importants pour un pays comme le nôtre, et ça sera sûrement comme ça.

Pour la prochaine année scolaire, on ouvrira dans cette province, à titre expérimental, une faculté de cette université, qui recevra 300 élèves provenant de Guantánamo, de Santiago de Cuba, d'Holguín, de Las Tunas et de Granma, qui sera installée provisoirement à l'école technique d’informatique de Manzanillo et transférée pour l’année scolaire 2007-2008 à l’école technique générale Luis Milanés, à Bayamo (applaudissements).

            L’ouverture de cette faculté régionale de l’UCI, plus celle qui seront ouvertes à Ciego de Avila et à Artemisa, permettra à la prochaine rentrée scolaire à 1 050 jeunes de plus issus des instituts techniques d'informatique de toutes les provinces du pays de faire des études supérieures.

            Granma est une province si chère à tous ceux d'entre nous qui y ont débarqué et se sont battus presque deux ans dans ses montagnes, et qui a remporté cette année l’Émulation nationale pour le 26 juillet, hommage légitime à ceux qui sont tombés ce 26 juillet 1953 à la caserne Moncada ou à Bayamo, puisque Santiago et Bayamo étaient les deux objectifs fixés pour lancer cette Révolution (exclamations).

            C’est dans cette province que nous avons livré le premier combat victorieux, c’est ici que nous avons repoussé la dernière offensive de la tyrannie, c'est ici que son appareil militaire a failli s'effondrer dans le triangle Santo Domingo-Las Mercedes-Arroyones, dans le bassin du Yara (applaudissements).

            C’est à quelques kilomètres de Bayamo que cent quatre-vingts homme ont encerclé Guisa et ont combattu pendant dix jours contre le gros des meilleures troupes ennemies en opération, frappant et décimant les renforts, à commencer par des chars moyens et lourds qui, avec le secours constant de l’aviation, tentaient en vain d’éviter que Guisa ne tombe entre nos mains (exclamations).

Mais ce n’est pas seulement en Granma que la Révolution a entrepris une œuvre sociale colossale. De fait, c’est tout le pays qui est en train de répondre à ces programmes avec un enthousiasme croissant. Dans le cadre de l’émulation nationale du 26 juillet, en plus des succès extraordinaires de Granma et de son parti, sous la direction de Lázaro Expósito, un dirigeant brillant, distingué et respecté (applaudissement et vivats au parti, et d'autres slogans), les provinces de Camagüey, de Villa Clara et de La Havane (applaudissements) ont mérité la condition d'éminentes, tandis que celle de Pinar del Río a obtenu une reconnaissance pour sa contribution à la révolution énergétique et pour d’autres mérites (applaudissements).

            Des données irréfutables avalisent ces avancées dans tout le pays :

 

Ø      51 633 enfants sont nés à Cuba au premier semestre de 2006, soit 11 pour 1 000 habitants, 99,9 p. 100 des accouchements ayant été institutionnels, et ce depuis 1986, alors qu'en 1970, ce taux n'était que 91,5 p. 100.

 

Ø      Au 23 juillet courant, le taux de mortalité infantile à Cuba a été de 5,56 décès pour 1 000 naissances vivantes (applaudissements), alors qu’il avait été 6,4 p. 100 à cette même date de l'an dernier, cette différence de 0,80 p. 100 signifiant 86 enfants de plus gagnés pour la vie.

 

Ø      En 1952, selon la revue Bohemia du 27 avril, le taux de mortalité infantile à Cuba était de 118 décès pour 1 000 naissances vivantes.

 

Ø      Le taux de mortalité infantile actuel de 5,6 signifie que 994 enfants sur 1 000 nés vivants ont atteint leur première année de vie.

 

Ø      En 1970, sur 1 000 enfants nés vivants, 956 atteignaient l’âge de cinq ans : ils en mourait donc 44. Ces cinq dernières années, 992 ont atteint cet âge-là.

 

Ø      À ce jour, sept provinces : Matanzas, Villa Clara, Cienfuegos, La Havane, Camagüey, Holguín et Granma enregistrent un taux de mortalité infantile de 5 ou moins pour  1 000, les chiffres les plus bas correspondant à Holguín (4,08) et Granma (4).

 

Ø      Le taux de mortalité infantile à La Havane est à ce jour de 4,5.

 

Nous pourrions demander à Bûchette (rires), à supposer qu'il le sache, quel est le taux de mortalité infantile dans la capitale des Etats-Unis, ou même à New York, une ville si fameuse. En tout cas, cette Havane qui aurait censément besoin, selon lui, d’une période de transition et bien entendu d'un programme de santé, enregistre un taux de mortalité infantile de 4,5 décès pour 1 000 naissances vivantes.

Il est bon de le rappeler, parce que ces messieurs ne cessent de mentir comme des arracheurs de dents, et il ne suffit pas de leur clouer le bec en démentant leurs mensonges : nous allons leur marteler la vérité.

C’est par la vérité que cette Révolution s’est faite, c’est par la vérité qu’elle a remporté la victoire, c’est par la vérité qu’elle s’est défendue pendant presque cinquante ans. (Vivats à la Révolution et à Fidel.)

 

Ø      La mortalité infantile par malformations congénitales était de 3,8 décès pour 1 000 naissances vivantes en 1970. Onze années de Révolution s’étaient alors écoulées. Bien sûr, Cuba ne disposait pas de beaucoup de médecins, puisque 3 000 des 6 000 étaient partis aux USA, et il n’existait qu’une seule université, un seul CHU. Ce taux a été de 1,9 en 2003, soit la moitié ; de 1,7 en 2004 ; de 1,5 en 2005, et en juillet 2006, de 1,3 (applaudissements). Les Etats-Unis, l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne, le Portugal, le Danemark, la Finlande et les Pays-Bas affichent des taux supérieurs. C'est la province de Granma qui enregistre le taux de mortalité infantile par malformations congénitales le plus bas du pays : 0,4.

 

Ø      Des enfants atteints de malformations congénitales nés cette année-ci, 44 ont été sauvés par intervention de chirurgie cardiovasculaire et 35 par intervention de chirurgie néonatale.

 

Sur l’espérance de vie à la naissance

 

Ø      On estimait l’espérance de vie à la naissance à Cuba en 1950-1955 à 59,6 ans, alors que ce chiffre pour l’ensemble du monde développé était de 66,1 ans, soit 6,5 de plus qu'à Cuba. Un demi-siècle après, l’espérance de vie à Cuba est de 77 ans, soit 1,2 an de plus que l’âge estimé en 2000-2005 pour l’ensemble des pays développés, qui est de 75,8 ans.

 

Nous ne sommes pas encore le pays à espérance de vie la plus prolongée, mais nous avons en tout cas dépassé l’espérance de vie moyenne des pays développés. Oui, il nous faut sans aucun doute une « transition » à la Bûchette, parce que tout ceci est vraiment insupportable ! (Applaudissements.) C’est vraiment là une violation trop cruelle des droits de l’homme, un crime impardonnable que notre petite île, en butte à un blocus, enregistre une espérance de vie supérieure de 1,2 an à la moyenne des pays développés !

 

Ø      En 1970, l’espérance de vie à Cuba était de 70,4 ans ; trente ans après, elle est, je l’ai dit, de 77 ans, soit un gain de 6,96 ans. Durant cette même période, le gain de vie dans les pays développés n'a été que 4,4 ans, soit une moyenne annuelle de 0,15 an, contre 0,22 à Cuba. Et aucun de ces pays ne souffre de blocus ni n’a traversé une Période spéciale.

 

Ø      Cuba fait partie aujourd'hui des vingt-cinq pays au monde à espérance de vie plus élevée et ne réunissant, selon des estimations de 2005, que 14 p. 100 de la population mondiale.

 

Dépistage actif des handicapés à Cuba

 

            Vous allez voir maintenant du sérieux. Et vous allez vous demander : « Et tout ça d’avant, ce n’était pas du sérieux ? » Eh bien, ce que je vais dire est encore plus sérieux, au sujet de la santé.

J’ai parlé de dépistage actif à Córdoba[4]. De quoi s’agit-il ? Il s’agit du véritable diagnostic de l’état de santé d’une population et de la plus grande avancée qu’on puisse concevoir de nos jours pour élever les perspectives de vie de l’être humain.

Et Cuba est le seul pays au monde à avoir fait un pas en avant si profond à partir du moment où elle s'est décidée à connaître le nombre exact de ses handicapés. Nous l’avons fait partout, et ici aussi en Granma, en particulier dans les montagnes, à Cauto et à tous ces endroits, pour vérifier les causes de l’arriération mentale, si cela se devait à un problème du sol, à des problèmes en rapport avec la boisson, ou avec la consanguinité, ou à d’autres raisons.

Les chiffres sont les suivants :

 

·        366 864 cas d’handicap physique, dont :

·        140 489 (38,2 p. 100) à arriération mentale.

 

Vous savez que les écoles spéciales accueillent plus de 50 000 enfants, que l'arriération mentale n’est pas un motif de déshonneur, que dans une société comme la nôtre, un enfant arriéré mental doit aller à l'école, se former et bénéficier au maximum de conditions de vie normales. Ce n'est la faute de personne. Des parents, peut-être, à supposer que certains ne soient pas encore arrivés à bien comprendre qu’à l'étape de la grossesse, on ne doit pas consommer de boissons alcooliques par exemple. Les parents peuvent être un peu fautifs, mais pas l'enfant, en tout cas. Ce sont donc là les chiffres d'arriération mentale légère, moderé, sévère et profonde. Les cas d'arriération mentale profonde sont bien moins nombreux.

 

·          92 506 (25 p. 100) à handicap physique et moteur.

·          46 455 (12,6 p. 100) à handicap visuel.

·          23 620 (6,4 p. 100) à handicap auditif.

·          38 869 (10,05 p. 100) à handicap mental.

·            1 831 (0,50 p. 100) à insuffisance rénale chronique.

·          25 094 (6,8 p. 100) à handicap mixte.

 

Ces données nous ont permis de lancer un programme de santé pour nos handicapés sans parallèle dans le monde.

 

Dépistage actif des affections ophtalmologiques en Pinar del Río (au 14 juillet 2006)

 

Aucune information n'avait été donnée jusqu'ici sur ce point, parce que tout était encore en marche. J'en ai parlé au Sommet du Mercosur, et je crois qu’à l'Université de Córdoba aussi[5].

            La population de la province de Pinar del Río âgée de plus de cinq ans a fait l'objet d’une évaluation logement après logement :

 

 

Il s’agit d’un dépistage actif, non d’une statistique de patients s’étant rendus en consultation, comme cela s’est fait tout au long de l’histoire, à supposer qu’il y ait un médecin, une polyclinique, un hôpital…

 

 

Bref, les dépistages effectués dans le cas des handicapés ont été étendus aux problèmes de la vue. Et ils s'étendent maintenant à d'autres problèmes. Voyez un peu.

 

Dépistage actif de l'insuffisance rénale chronique

 

            Vous savez que ce sont des problèmes qui exigent, si on ne les soigne pas à temps, un rein artificiel, tant qu’il n’existe pas la possibilité d'une greffe, par exemple.

            Dans la municipalité Cerro, de La Havane, on a mené un dépistage actif à domicile auprès de 13 098 personnes à risque de maladie rénale, sur un total de 26 629 personnes dans ce cas, en leur faisant un examen d’urine avec un réactif cubain spécifiquement conçu pour détecter à temps le dégât des vaisseaux sanguins.

 

 

Sur l’île de la Jeunesse, ce même dépistage a été réalisé auprès de 77 398 personnes, soit 96,6 p. 100 de la population totale : 14 322, soit 18,5 p. 100, souffrait de problèmes rénaux, dont 13 460 étaient en mesure d'éviter par ce dépistage précoce les conséquences de l'insuffisance rénale.

            Voici un exemple de ce que peut signifier le dépistage actif pour une population : en Pinar del Río, du 2 mai 2006 (soit quinze jours après le démarrage du dépistage actif) au 22 juillet, 6 650 personnes non diagnostiquées à ce jour ont été opérées de cataracte, retrouvant la vue ou l'améliorant (applaudissements). Voyez un peu : rien que de cataracte, un problème qui peut se régler, et les autres aussi, mais encore plus simple. De fait, toutes les personnes diagnostiquées seront soignées et recevront le traitement adéquat.

            Je ne vous ai parlé que de la cataracte, autrement dit de quelque chose d’aussi important que la vue, parce que bien des gens ne se rendaient pas compte qu'elles en souffraient du fait qu'elles en étaient à l'étape initiale. Le pays dispose aujourd'hui du capital humain et des équipements pertinents pour le faire.

            Le dépistage actif est devenu le mot à l’ordre du jour. Les chiffres que je vous ai donnés sont incroyables, vous ne le trouverez nulle part ailleurs, parce que ça ne s'est fait nulle part ailleurs, tout simplement.

            Calculez. Pinar del Río représente environ 14 p. 100 de la population cubaine. Si vous étendez son pourcentage de cataracte à l'ensemble du pays, vous aurez une idée. Mais il nous fait étendre ceci aux autres provinces, voir ce qu'il se passe en Granma, en Holguín et partout ailleurs. Pourquoi donc avons-nous pu réaliser ce dépistage actif en Pinar del Río ? Tout simplement parce qu'un millier d'ophtalmologues y font des études dans un édifice aménagé, en plus des centaines d'autres dans tout le pays, dotés de tous les équipements et de tous les moyens. Deux cents ont été envoyés en Pinar del Río pour effectuer ce dépistage actif, et aussitôt les opérations ont commencé à un certain nombre d'endroits.

            Alors, imaginez un peu la quantité de problèmes cardiaques non diagnostiqués, de problèmes de cancer à l'étape initiale, tout ce qu'on peut régler. Eh bien, tout ce dont je vous ai parlé ici, j'en ai parlé au Sommet du Mercosur et à l'Université de Córdoba. Il est essentiel de s'occuper de ces problèmes et de travailler intensément.

            Que va-t-il se passer dans les autres pays s’ils ne font pas ça, s’il n’y a personne qui le fasse, dans la mesure où tout y est essentiellement médecine privée, où le néo-libéralisme a liquidé la sécurité sociale et ses hôpitaux, et les hôpitaux publics, tout simplement, et a privatisé la médecine.

            Quelqu’un de vous, compatriotes, pense-t-il qu’on peut régler ces problèmes en privatisant la médecine ? (Cris de Non.)

            Chacune de ces opérations coûtent… Certains médecins font payer mille dollars, d’autres mille cinq cents, ou deux mille dollars. Une opération de la cataracte aux Etats-Unis peut vous coûter cinq ou six mille dollars, ça dépend. Le monde ne peut payer ça. Je vous assure que notre pays est en train d’acquérir la capacité d’opérer des millions de personnes, et qu’il dispose des équipements requis. Il compte pour l’instant trente centres d’opérations. Ça, c’était avant de connaître cette réalité que nous pourrions qualifier pratiquement de terrible. Il existe un nouveau concept : il ne suffit pas d’avoir les polycliniques, d’avoir les médecins, les médecins de la communauté, de tout avoir, si le citoyen ne se rend pas compte de ses problèmes, s’il ne voit pas les symptômes. Il est donc inéluctable d'introduire le dépistage actif comme un concept moderne. Et c'est un pays qui a opéré des changements sociaux énormes, comme le prouvent les chiffres, qui le dit : il faut changer radicalement la conception des services médicaux. Je vous le dis.

            C’est absolument vital.  Combien de personnes meurent-elle chaque année faute d’un diagnostic opportun ? De combien pourrait-on prolonger l’espérance de vie ? En prenant soin de l’enfant comme nous le faisons, de combien pourrons-nous réduire la mortalité infantile ? On ne peut la réduire à zéro, bien entendu, c'est très difficile, mais je suis convaincu en tout cas que nous allons la réduire encore plus dans tout le pays. Des 100 décès pour 1 000 naissances vivantes d’avant la Révolution, nous en sommes arrivés à 5.

            Nous reparlerons de toutes ces maladies. En tout cas, la question est sur la table. Et à l'échelle internationale. Quant à ces idiots avec leur « transition »… !  Au contraire, le monde doit entrer en révolution s’il veut se sauver, parce que c’est la seule manière. Et encore, je n'ai parlé que de la santé. Ajoutez-y maintenant la pollution de l’environnement et la quantité colossale d’idioties que commet notre espèce à cause de ce système économico-social qui est de plus en plus anachronique, de ce capitalisme à sa phase développée d’impérialisme. C’est bel et bien ce système qui gaspille à tour de bras et qui a instauré cet ordre mondial de faim et de souffrance.

            Heureusement, nous pouvons comprendre ces questions, en parler, et vous, écouter avec beaucoup d'attention, parce que nous ne sommes plus le peuple de 1959, nous ne sommes plus le peuple de l'ère capitaliste qui ne pouvait rien comprendre à tout ça. Les gens mouraient sans même savoir ni lire ni écrire ; la télévision n'existait pas, personne ne les informait, comme cela se passe dans de nombreux pays du monde où la seule chose que voient les gens, c'est la pub et rien d'autre.

            Notre télévision, notre radio, nos journaux, vous le savez, ne font pas de pub. Ils peuvent faire une campagne pour telle ou telle chose, mais pas de la pub commerciale. Quelle différence ! Et nous voyons bien que tous ces médias, que tous ces mécanismes au service du peuple peuvent apporter des bénéfices énormes aux citoyens, au pays, aux familles, aux enfants.

            Dans certains pays africains, l'espérance de vie est de trente-huit ou trente-neuf ans.

            On réalise actuellement un grand effort pour réaménager, équiper et adapter aux nouvelles conceptions les installations de santé dans toutes les communes du pays :

 

 

Je suis convaincu que tous nos compatriotes, compte tenu des réalités que nous avons analysées ici, vont faire partout un plus grand effort, parce que nous disposons des équipements, des personnels, et de tout pour progresser rapidement dans cette direction.

 

 

Je peux vous assurer que les centres de physiothérapie et réhabilitation disposent des équipements les plus modernes au monde et que le personnel technique a suivi des cours de recyclage et de perfectionnement intensifs pour prêter cet important service (applaudissements).

            Je peux vous dire en passant que quand la brigade du contingent Henry Reeve est allée au Pakistan, elle comptait quatre cents physiothérapeutes de toutes les provinces –  d'ici aussi. Et nous avons des milliers de physiothérapeutes. Et nous recevons toujours plus d’équipements, des équipements résolument modernes. Par exemple, pour des massages hydrauliques pour les parties inférieures du corps, ou pour les parties supérieures.

            Six cents jeux d’équipements ont été achetés pour Cuba et six cents pour le Venezuela – certains sont là-bas et d’autres ici aussi (applaudissements) – des appareils d’électromagnétisme exceptionnels, qui produisent des vibrations ; d’autres appareils, aussi, environ quatorze jeux.

            Voilà quelques mois – on n’en a pas encore parlé – que nous travaillons à la création de l’hôpital de l’athlète, mais qui servira aussi à d’autres personnes. Par exemple, les lanceurs au base-ball souffrent souvent de lésion des fibres musculaires qui les empêchent de jouer, et d’autres sportifs aussi.

            Autre chose : on ne peut laisser ces athlètes de haut rendement se retirer comme ça sans plus. Personne n'a encore étudié à fond les conséquences des exercices quotidiens aussi durs que ceux que font les sportifs pour des courses de résistance, l’haltérophilie et bien d’autres disciplines.

            Les sports sont très attirants. Tenez, le foot a passionné le monde entier, mais qui s'occupe des problèmes de santé des athlètes ? Eh bien, notre pays va s’en occuper et consacrer un hôpital à la recherche. Il fait les premiers pas dans ce domaine, et aussi dans bien d’autres domaines : la nutrition, la quantité de calories, de protéines, l'effet du cholestérol, des lipides, des aliments. Tout ça, nous allons l'étudier à fond et transmettre nos connaissances (applaudissements).

 

Salles de soins intensifs municipales

 

 

Et depuis quand ces nouvelles salles de soins intensifs ont-elles été installées ? Car ce ne sont pas seulement les soins intensifs, mais aussi les services cardiologiques d'urgence, l'électrocardiographe et le défibrillateur installés dans la polyclinique tout près du lieu de résidence dans les villes – dans la campagne, c’est sans doute un peu plus éloigné. Vous imaginez un peu ce que ça veut dire de pouvoir recevoir un traitement immédiat ! À Cuba, la cause de décès fondamentale, ce sont les problèmes cardiaques, et la plupart de ceux qui meurent décèdent durant leur transport, faute d'avoir reçu un traitement immédiat, une demi-heure, une heure, une heure et demie, deux heures. Avec les médicaments pertinents, qui nettoient le caillot, la quantité de personnes qui en réchappent est très élevée à condition qu'elles soient traitées par du personnel expérimenté à partir du diagnostic établi, non par le médecin, mais par l’appareil lui-même.

 

 

Une pneumonie, l'asthme, provoquent parfois une situation irréversible si vous ne disposez pas de l'équipement adéquat (applaudissements).

 

Je ne veux pas m’étendre, parce qu’il y aurait encore beaucoup à dire aujourd’hui. Le soleil chauffe de plus en plus et ses rayons risquent de devenir insupportables. Sachez en tout cas que nous inaugurerons aujourd’hui, 26 juillet, où nous rappelons les attaques de Santiago et de Bayamo, à sept heures du soir, à Holguín, le plus grand système de groupes électrogènes synchronisés du pays, qui pourra produire plus de  200 000 kilowatts, soit l'équivalent de la centrale thermique de Felton, et qui a été construit en à peine cinq mois. J'aurais donc l'occasion d'aborder d'autres thèmes.

            Permettez-moi, avant de conclure, de répéter ici, ce que j’ai dit le 30 mars 2002, à la Tribune libre de Buey Arriba, où j’avais promis des choses qui sont aujourd’hui des réalités encourageantes dans la province de Granma.

 

C’est une grande satisfaction d’avoir pu lancer aujourd’hui ces quatre programmes dans la province de Granma, si pleine d’histoire, si pleine de mérites.

On ne saurait oublier que c’est ici, dans cette province, à La Demajagua, que notre première guerre d’Indépendance a éclaté en 1898.

On ne saurait oublier que c’est ici que des esclaves ont été affranchis pour la première fois, quand Carlos Manuel de Céspedes, qui avait eu l'occasion de faire des études et donc de concevoir et de diriger une révolution, a eu ce geste révolutionnaire. C’est sa conscience qui l’a poussé à faire dès le premier moment ce geste de justice élémentaire. Une fois soulevés, ses hommes et lui ont marché sur Bayamo, s'en sont emparés et y ont écrit des pages glorieuses, parmi les plus glorieuses de notre histoire. C'est ici que l'hymne qui nous émeut tant et nous donne tant de fierté a été chanté pour la première fois. C’est ici que Máximo Gómez a réalisé la première charge à la machette contre les forces coloniales qui, en provenance de Santiago de Cuba, étaient parties  de Baire pour attaquer Bayamo. C’est ici que les Cubains ont découvert leur arme numéro un : la machette, cette machette qu’ils utilisaient dans les champs, et ensuite la cavalerie. La machette et la cavalerie ont été leurs armes essentielles, avec lesquelles ils ont écrit les pages glorieuses de notre histoire. C’est ici, à Dos Ríos, qu’a donné sa vie José Martí, la cheville ouvrière de notre indépendance, un génie par ses idées les plus nobles que l’on puisse concevoir, le héros national de notre patrie, dont les idées ont inspiré la Génération du centenaire et qui inspirent aujourd’hui et inspireront toujours plus tout notre peuple.

 

Vive la Révolution ! (Vivats.)

La patrie ou la mort !

Nous vaincrons ! (Ovation.)

 

 



[1] Un cacique de l’époque précolombienne ayant lutté contre les conquistadores espagnols (NdT).

[2] Cartagena de Indias, ville colombienne où se déroulent les Jeux centraméricains et caribéens (NdT).

[3] Un fameux reporter et commentateur sportif (NdT).

[4] A l’occasion de sa participation au Trentième Sommet du Mercosur, tenue dans cette ville argentine quelques jours avant. (NdT)

[5] Dans la soirée, à la fin du Sommet de Mercosur, Fidel intervient avec Chavez à un meeting à l'Université de Córdoba.