POUSSÉE À LA TRAGÉDIE PAR LA MENACE ET LA VIOLENCE

 

Bien que les auteurs de tous les témoignages utilisés ci-après les aient signés et en aient autorisé la publication, leurs noms seront parfois omis, à juste titre, pour préserver leur identité et par conséquent leur prestige personnel. Aucun mot trop cru ne sera employé pour qualifier certaines conduites quand il s’agira de jeunes qui en seraient marqués à jamais, de personnes traitées avec dureté qui ont des liens familiaux avec des citoyens décents ayant collaboré à l’enquête et méritant tous nos égards, sans parler du fait digne de considération : les enfants d’aujourd’hui seront un jour des adultes qui connaîtront cette histoire douloureuse de parents proches ayant eu des conduites honteuses.

Rien d’essentiel ne sera non plus omis, pas un seul fait ne sera exagéré et aucun mot ne sera écrit par haine ou par vengeance. Nous tenons tout simplement à faire connaître à l’opinion nationale et internationale des détails et des faits rigoureusement exacts. Des gens désespérés qui n’ont pas la moindre notion de ce que morale veut dire ne tardent pas, profitant de la moindre faille, à tisser les intrigues et les mensonges les plus écoeurants. Or, rien n’est plus puissant que la vérité.

Quand les vaillantes grands-mères d’Elián ont débarqué à l’aéroport de New York, le vendredi 21 janvier à 15 h 35, avec une heure de retard, elles ont dû faire face dans l’aérogare même à plusieurs centaines de journalistes et de cadreurs venus pour une conférence de presse improvisée. Expliquant les raisons pour lesquelles sa fille Elizabeth, mère d’Elián, était partie avec son enfant pour ce voyage illégal et fatal, la digne grand-mère a dit d’un ton si ému et si résolu qu’il ne laissait pas le moindre doute sur la sincérité avec laquelle elle exprimait une vérité profonde : « Beaucoup de gens se posent des questions et disent que la volonté de la maman d’Elián est que l’enfant reste ici [aux Etats-Unis]. Je parle pour elle, que j’ai bien connue parce que je suis sa mère et que je sais comment elle pensait, comment elle agissait, et si elle a fait ce pas, c’est parce qu’elle avait un époux qui était très violent et qui la menaçait, ce qui a conduit à cette tragédie. »

Bon nombre de personnes infâmes ont tenté de démentir ces mots de la noble grand-mère qui a perdu tragiquement sa fille unique et à qui on a enlevé son petit-fils de la façon la plus injuste et la plus impitoyable. Il était indispensable pour ces gens-là et cela convenait à leur politique de souiller cette jeune mère, ce qui permettrait aux bradeurs de patrie de remporter un triple mérite contre-révolutionnaire, même si cela voulait dire aux yeux de notre peuple commettre un triple crime contre l’enfant, contre la famille et contre la patrie. Tenant à atteindre à tout prix leurs sordides visées : retenir en territoire nord-américain l’enfant séquestré, même s’il fallait pour cela le torturer jusque dans son âme, ils se devaient de soutenir la légende bizarre et ridicule selon laquelle « la mère d’Elián avait sacrifié sa vie pour que son enfant grandisse dans un pays libre ».

Ces gens-là n’admettaient même pas qu’on puisse mettre en doute l’idée qu’une mère soit prête à se sacrifier pour que son enfant s’éduque dans cette société-là, alors que cette dernière tolère pourtant de tels crimes et de telles monstruosités, alors qu’eux-mêmes s’efforcent depuis plus de quarante ans d’acculer justement la patrie de cette mère à la reddition par la faim et les maladies, alors pourtant que les millions d’enfants et d’adolescents de notre pays en butte à une guerre économique implacable font des études et s’éduquent tous, sans exception, alors pourtant qu’il est impossible de trouver dans notre société un seul enfant analphabète et que celle-ci peut se vanter des taux de connaissance les plus élevés et des risques de mortalité les plus réduits d’Amérique, les Etats-Unis compris.

Quels sont donc les faits en question ?

 

Qui était Elizabeth Brotons Rodríguez ?

Dans les premiers jours ayant suivi le problème de l’enfant séquestré, les autorités révolutionnaires ont consenti un effort spécial d’investigation, de recherche de données, d’informations précises sur des points essentiels et de collecte de renseignements ayant à voir avec les personnes ou les familles impliquées d’une façon ou d’une autre dans la tragédie ou avec les victimes.

Après avoir reçu les 27 et 28 novembre les lettres dans lesquelles le père et la grand-mère maternelle d’Elián González Brotons – qui n’avait pas encore six ans – réclamaient, par l’intermédiaire du ministère des Relations extérieures, le soutien du gouvernement cubain pour récupérer l’enfant retenu illégalement aux Etats-Unis, les autorités ont, comme de juste, voulu savoir qui était le père, le seul à exercer l’autorité paternelle, ses liens avec l’enfant, les égards qu’il avait envers lui, ses rapports avec les grands-parents maternels et paternels, sa conduite sociale et morale, son caractère personnel, son affection pour son fils et toutes les autres coordonnées qu’il fallait connaître avant que le pays ne se lance dans la lutte, car il aurait été illusoire de supposer qu’un juge de la Floride soutînt une réclamation cubaine, ce qui n’était jamais arrivé en plus de quarante ans de Révolution. Tout ce que notre peuple a reçu de là-bas s’appelle blocus, crimes et agressions. Il fallait donc livrer, et c’était là la seule solution, une bataille d’opinion nationale et internationale pour obtenir le rapatriement de l’enfant. Et cette bataille ne pouvait reposer que sur les plus solides fondements, non seulement légaux, mais encore moraux.

Le hasard a voulu qu’il ne s’agisse pas en l’occurrence d’un bon père, honnête, sincère, qui remplissait scrupuleusement ses obligations envers l’enfant, mais d’un père exceptionnellement bon et attaché à son enfant, victime d’une spoliation atroce. Et ce père était entouré de deux modestes familles, honnêtes, étroitement unies, respectées et chéries de tous les voisins de la communauté où elles vivant. Ces premières impressions sur les deux familles se sont vues corroborées jour après jour, semaine après semaine, durant cette lutte intense et douloureuse : talent naturel, fermeté morale et ce courage de lutter qu’engendrent la raison et le droit. Quatre grands-parents du côté maternel et paternel, et le seul parent direct vivant aux caractéristiques mentionnées, et tous étroitement liés à l’enfant séquestré, pour les raisons qu’on comprendra ensuite, formaient une base légale, morale et humaine d’une solidité à toute épreuve pour réclamer le rapatriement de l’enfant avec toute la raison et toute la force du monde.

C’est ainsi que nous sommes parvenus à réunir une grande quantité de renseignements qui servira non seulement à mener la lutte pour la libération d’Elián, mais permettra encore à notre peuple et à toutes les personnes qui, hors de Cuba, s’intéressent à ce cas de disposer des éléments requis pour juger avec objectivité les principaux personnages, vivants ou décédés, impliqués dans le drame, notamment la mère de l’enfant, le principal fauteur de l’aventure qui a provoqué la tragédie et les deux autres survivants utilisés aujourd’hui dans la campagne infâme que la mafia contre-révolutionnaire et ses alliés du Congrès des Etats-Unis orchestrent pour empêcher coûte que coûte le retour de l’enfant à Cuba.

La mère d’Elián, Elizabeth Brotons, était-elle donc une gusana, une gouape, une contre-révolutionnaire, une prostituée, une jeune femme corrompue ?

Que savons-nous d’elle, grosso modo, de son éducation, de son caractère, de sa conduite, de ses idées, de son travail, de son prestige social et de son histoire comme jeune maman cubaine si prématurément disparue ?

Elizabeth est née à Cárdenas, dans la province de Matanzas, le 10 septembre 1969, presque onze ans après la victoire du 1er janvier, au sein d’une famille révolutionnaire et travailleuse. Comme tous les enfants cubains, elle est allée à l’école, peut-être modeste sur le plan matériel, mais dotée d’un personnel dévoué et toujours mieux qualifié.

Elle va au primaire à l’école Roberto Fernández, dans la commune de Cárdenas, depuis la maternelle jusqu’à la huitième. Elle achève la septième à l’école Emilia Casanova, dans la même commune. Elle commence des études secondaires à l’école Capitaine Guillermo Geilín. Pendant ces neuf années, elle est une bonne élève, disciplinée et respectueuse de ses devoirs devant la société. Elle est chef de classe et monitrice de géographie. Elle participe activement aux activités culturelles et sportives et aux travaux agricoles bénévoles.

Elle poursuit ses études à l’école technique 6 de Agosto, dans la commune de Calimete, pour obtenir un BT de secrétariat, mais des problèmes de santé l’empêchent de les conclure. Elle entre ensuite à l’école secondaire pour adultes José A. Echeverría, à Cárdenas, où elle conclut ses études secondaires avec de bonnes notes. Elle s’inscrit ensuite à l’École technique d’hôtellerie et de tourisme de Varadero et en sort diplômée dans la spécialité femme de chambre et avec le premier niveau d’anglais. Elle suit de façon satisfaisante toutes les activités inscrites au programme.

Du point de vue politique et révolutionnaire, Elizabeth entre à la Fédération des femmes cubaines et aux Comités de défense de la Révolution en 1983, à quatorze ans, occupe des postes d’Education et vigilance dans son îlot, participe aux réunions, aux gardes, aux assemblées, aux travaux bénévoles et aux autres activités, tout en maintenant de bonnes relations sociales avec tous ses voisins.

Elle est aussi membre de la section syndicale de son lieu de travail et des Milices des troupes territoriales.

En 1991 – elle a vingt-deux ans – elle commence sa vie professionnelle dans la toute jeune industrie touristique à l’hôtel Paradiso-Punta Arenas, de Varadero, qu’elle inaugure et où elle reste jusqu’à sa mort.

Elle devient militante de l’Union des jeunes communistes l’année suivante, compte tenu de son attitude professionnelle et politique. De l’avis unanime de ses compagnons de travail, c’était une travailleuse émérite, très professionnelle et très soucieuse de ses obligations, intransigeante, active, sérieux, et très liée à sa collectivité de travail. Ce qui explique pourquoi elle est admise au Parti communiste cinq ans plus tard, tout en restant dans la Jeunesse communiste où elle est secrétaire du comité de base parmi les femmes de chambre de l’hôtel, et ce jusqu’à sa mort.

Elle avait épousé Juan Miguel González Quintana en août 1985. Ils étaient fiancés depuis l’âge de quatorze ans. Juan Miguel avait été son premier et seul fiancé, selon ce que racontent les grands-parents. Ils divorcent six ans plus tard, en mai 1991. Ils font plusieurs tentatives pour avoir un enfant, mais sans succès, ce qui est la raison formelle principale de leur divorce. Ils continuent pourtant d’avoir des relations maritales normales. Ils s’efforcent toujours d’avoir un enfant, Elizabeth tombant enceinte sept fois, mais avortant pour des raisons naturelles, une seule grossesse ayant dépassé six mois.

Ils consultent les services génétiques de l’hôpital gynéco-obstétrique Ramón González Coro, de La Havane, l’un des plus spécialisés du pays, où le couple est examiné à fond, où on l’assure de la possibilité d’avoir des enfants et où on instruit Elizabeth des mesures qu’elle doit suivre sous la conduite des spécialistes du service gynéco-obstétrique de Matanzas. La huitième grossesse est la bonne et Elián naît le 6 décembre 1993, après huit années d’attente anxieuse. L’oeuvre profonde de la Révolution cubaine en matière de maternité et d’enfance avait permis le miracle : la naissance de l’enfant. Ce ne sont pas des médecins d’un hôpital nord-américain qui l’ont stimulée et soignée du mieux possible. Aux Etats-Unis, les familles modestes ne peuvent payer ces services coûteux, calculés à des dizaines de milliers de dollars, mais qui sont absolument gratuits à Cuba. Il est très douteux qu’Elizabeth eût pensé à donner la vie à un enfant pour que celui-ci vive dans un pays où il n’aurait jamais eu la moindre chance de naître.

En témoignage de ce que nous venons de dire, et si quelqu’un en doutait encore, il suffit de lire certains points du dossier clinique nº 1640 relatif à la première consultation de risque génétique de Juan Miguel et d’Elizabeth à l’hôpital gynéco-obstétrique Ramón González Coro, que nous citons avec l’autorisation expresse du père et des grands-parents d’Elián :

Motif de la consultation : avortements spontanés répétés et interruption de la grossesse par oligo-amnios sévère incompatible avec la prolongation de la grossesse et suspicion de malformation foetale.

Antécédents personnels et familiaux : Pas d’antécédents personnels ni familiaux d’affections génétiques ni de malformations congénitales chez aucun membre du couple.

Expositions à des irradiations : Non.

Exposition à des virus : Non.

Infection ou autres maladies : Non.

Etudes préalables de toxoplasmose : Oui (à chaque grossesse). Pas de traitement préalable médicamenteux.

Le couple d’adolescents vient à la consultation en quête de conseils génétiques parce qu’il souhaite vivement avoir un enfant normal.

Nous indiquons :

Détermination de l’acide folique dans le sang maternel.

Fixation de complément en vue d’étude de toxoplasmose chez les deux membres du couple.

Caryotype (étude de chromosomes en sang périphérique chez les deux membres du couple).

Résultats des études réalisées sur le couple :

Fixation de complément : Négatif.

Caryotypes en sang périphérique : Mère : 46, XX (normal).

Père : 46, XY (normal).

Détermination de l’acide folique en sérum maternel : Normal.

Les pertes de grossesses sont attribuées selon l’étude à des causes non chromosomiques.

Nouvelle consultation le 5 avril 1989.

Vient parce qu’elle a de nouveau avorté spontanément le 23 mars 1989.

On recommande de venir consulter à la prochaine grossesse.

Juan Miguel et Elizabeth suivent à la lettre les instructions des spécialistes et parviennent enfin, cinq ans plus tard, à avoir un enfant, enlevé maintenant au père et aux grands-parents paternels et maternels par de lointains parents qui occupent le cinquième degré dans l’échelle familiale et qui ne l’ont vu qu’une seule fois dans leur vie.

La nouvelle mère qui, selon une « vénérable religieuse neutre » incarne maintenant pour Elián celle qu’il a perdue dans le naufrage est une jeune femme de vingt-deux ans, autrement dit l’âge auquel Elizabeth a commencé à travailler durement mais honnêtement, s’y astreignant de façon exemplaire malgré son envie d’avoir un enfant au terme de nombreuses grossesses avortées, et y parvenant après avoir fait preuve d’une ténacité et d’un esprit de sacrifice impressionnants, sans avoir besoin de le voler à une autre.

Trois ans après la naissance d’Elián, en février 1997, presque douze ans après leur mariage, le père et la mère, formellement divorcés depuis 1991, décident de se séparer. Mais ils continuent de maintenir des relations très étroites et de s’occuper de l’enfant avec le plus grand soin. Et ils maintiennent le même genre de rapports avec les grands-parents.

Quatre mois après la séparation, Elizabeth noue des relations avec un jeune de Cárdenas, Lázaro Rafael Munero García, dont on fera ensuite plus ample connaissance. Munero s’installe en août 1997 chez les parents d’Elizabeth, maintenant des rapports apparemment normaux.

A peine dix mois plus tard, le 27 juin 1998, Lázaro Munero abandonne illégalement le territoire national en vedette pour les Etats-Unis, tâchant d’emmener Elizabeth et l’enfant, ce que celle-ci refuse catégoriquement.

Presque exactement quatre mois plus tard, le 26 octobre 1998, il rentre clandestinement à Cuba, en compagnie d’un ressortissant d’origine cubaine vivant aux Etats-Unis, à Bahía de Cádiz, dans la commune de Corralillo, province de Villa Clara. Repéré par les garde-frontières, il est arrêté.

Ce double aller et retour illégal, de pair avec ses antécédents (que nous mentionnerons plus loin), justifient une mesure de prison préventive dans l’attente de l’investigation et du procès. Il reste en prison huit semaines à Santa Clara. Il est renvoyé le 31 décembre 1998 à Cárdenas, son lieu de résidence normal, où il est soumis à résidence surveillée.

Il rentre ainsi chez les parents d’Elizabeth. Dès lors, Munero a de fortes divergences avec ses beaux-parents, qu’il finit par agresser, si bien qu’il ne peut plus continuer de vivre à ce domicile. Il loue un logement dans un autre quartier de Cárdenas. Il dispose des fonds suffisants. Il y conduit Elizabeth – avec qui il s’est réconcilié à son retour – et l’enfant, qui vivait alors quasiment à temps égal avec sa mère et son père.

Les amis les plus proches et ceux qui connaissaient le mieux Elizabeth sont tous d’avis que Munero, au caractère dominateur et violent, exerçait une influence funeste et étrange sur celle-ci, et que ce n’est que sous la menace qu’elle a pu se risquer à cette aventure, surtout en compagnie de son fils qu’elle adorait d’autant plus qu’elle l’avait attendu plus longtemps, et qu’elle a même cessé de se rendre au travail plusieurs jours avant parce qu’elle n’aurait pas pu cacher son drame à tant de compagnons et d’amis avec qui elle avait partagé plus de dix ans de travail exemplaire.

On trouvera ci-après certains témoignages textuels d’amis ayant très bien connu Elizabeth :

Yoslayne Llama Garrote, vivant à Cárdenas : J’ai connu Elizabeth Brotons quand elle a épousé José Miguel González Quintana et mes rapports avec elle se sont resserrés quand elle est tombée enceinte d’Eliáncito. A dire vrai, bien que séparés, ils continuaient d’avoir la même affection pour l’enfant. C’est ensuite que je connais les rapports amoureux entre Elizabeth et Lázaro Munero García. Me souvenant d’elle comme elle était, je pense à son caractère silencieux, sérieux, ajusté aux règles de coexistence sociale, et qui a changé à cause de ses disputes et discussions continuelles avec Munero García. Je pense qu’à partir de là, il commence à la frapper, car je suis allée la voir un jour chez elle et elle avait un oeil au beurre noir ; une autre fois, elle avait le poignet enflé, mais elle tentait de le dissimuler chaque fois que je le lui demandais. C’était une mère extrêmement préoccupée de son enfant et de sa famille en général, mais, les derniers temps, si Munero García lui disait qu’elle ne pouvait pas amener quelque chose à sa mère, elle ne le faisait pas, sans doute par crainte de provoquer des disputes avec lui. Dans toutes les conversations que j’ai eues avec elle, et même des conversations intimes, elle ne m’a jamais parlé de son envie d’abandonner le pays, à plus forte raison en risquant la vie de son fils pour qui elle éprouvait une véritable adoration.

Lourdes Martell González, vivant à Cárdenas : Je suis cousine germaine du père d’Elián. Quand celui-ci est né, je l’accueille comme un filleul. Je me souviens que quand Juan Miguel et Elizabeth divorcent, je commence à lui rendre visite pour voir l’enfant. C’est là que j’ai connu Lázaro Rafael Munero García. J’ai pu constater en particulier un changement d’attitude chez Elizabeth, qui se montrait craintive, renfermée, comme si elle avait peur de fâcher Munero García.

David Muñiz Pérez, vivant à Cárdenas : J’ai connu Elizabeth Brotons toute petite, et elle était une bonne élève. Elle se marie ensuite avec Juan Miguel González Quintana, avec qui elle a un enfant, Elián. Tous deux souhaitaient beaucoup en avoir un, et celui-ci a grandi dans un climat familial positif. J’ai connu Lázaro Munero García quand il s’est uni à Elizabeth, qui a commencé à changer, apparemment à cause de ses discussions constantes avec lui, car il agissait en antisocial, au point qu’elle a dû quitter son domicile à cause des problèmes de Lázaro avec son beau-père à elle, Rolando, qui ne comprenait pas que l’autre vive sans travailler au crochet d’Elizabeth.

 

Qui était Lázaro Rafael Munero García?

Le principal organisateur et responsable de la tragédie d’Elián, de la mort d’Elizabeth et d’autres personnes pour un total de onze Cubains disparus dans cette équipée absurde, fruit direct, comme bien d’autres, d’une loi insensée et génocide braquée contre Cuba et en vigueur aux Etats-Unis depuis trente-trois ans, est un jeune homme dont il vaut la peine de connaître l’histoire éloquente d’élève et de citoyen pour en tirer les conclusions pertinentes.

Il est né à La Havane le 12 janvier 1975. En 1979, quand il a quatre ans, sa famille s’installe dans la zone pétrolière de Varadero où son père travaillait comme opérateur d’équipements d’extraction. On sait que le milieu familial n’était pas favorable. Dans la famille, les discussions et les querelles étaient constantes, ainsi qu’avec les voisins. Certains estiment que ceci a pu avoir une influence sur sa personnalité.

Comme tous les Cubains, il a eu la possibilité de faire des études gratuites. Il fait toute sa primaire à l’école 13-Mars à Cárdenas. Bien que ses notes soient acceptables, ses professeurs le qualifient d’enfant inquiet qui se disputait souvent avec ses camarades de classe et violait les règlements scolaires.

Il entre à l’école secondaire Capitaine Guillermo Geilín, à Cárdenas. Son attitude sociale ne s’arrange pas. Et les appréciations des professeurs en fin d’études sont de nouveau les mêmes. On constate toujours plus en lui des traits et des réactions qui inquiètent les professeurs et exigent leur attention. Il bénéficie pourtant, comme tous les élèves ayant conclu le premier cycle du second degré, une bourse pour le second cycle, qu’il passe à l’école Héros de Playa Girón, à Jagüey Grande, toujours dans la province de Matanzas. Son attitude sociale et son indiscipline vont de mal en pis.

Selon des témoignages de professeurs, Lázaro Munero se caractérisait par son agressivité, surtout envers les filles qu’il maltraitait et insultait.

Il est expulsé de l’école pour avoir lancé avec d’autres des boîtes et des bocaux contenant des excréments dans la cour.

On lui permet toutefois d’entrer dans une autre école, Emilio Roig, pour continuer sa troisième. Nouvelles rixes. Il utilise ses connaissances de judo, appris en secondaire, pour frapper ses camarades et en abuser.

Les professeurs se souviennent en particulier du jour où il causé des blessures à un autre élève.

Alors qu’il était élève de cette école, lors d’un contrôle de l’émulation à l’école secondaire à la campagne Héros de Playa Girón d’où il avait été expulsé, il provoque des désordres et blesse un élève d’un poinçon.

Il ne conclut pas la troisième, année 1989-1990, abandonne l’école et les études et s’insère dans le monde de la délinquance.

Ci-après quelques témoignages :

Enrique Ramírez Mendoza, né à La Havane, sous-directeur à la production de l’école Cecilio Miranda Díaz, à Jagüey Grande : J’ai connu Lázaro Rafael Munero García quand il a été transféré de l’école secondaire Héros de Playa Girón à l’école Emilio Roig dont j’étais directeur. Il y venait pour des problèmes de conduite. C’était un élève qui aimait la ramener devant les autres et faire étalage de son indiscipline. Lors d’un contrôle d’émulation à l’école Héros de Playa Girón, il a fugué de mon école avec un autre élève, Michel González, pour y causer du désordre et il a fini par agresser un élève d’un coup de poinçon. Le soir même, deux policiers sont venus, et les deux individus ont reconnu les faits. Munero García est resté dans mon école, mais il a n’a pas conclu l’année à cause de son attitude.

Zaida Elisa Izquierdo Morejón, professeur de l’école secondaire Héros de Playa Girón : Je travaille dans cette école depuis 1985, et j’ai eu comme élève Lázaro Rafael Munero García, qui était en troisième. C’était quelqu’un d’agressif, surtout avec les filles, qu’il maltraitait et auxquelles il disait des obscénités. Il était indiscipliné.

Je me souviens qu’à un moment donné, des élèves ont commencé à jeter des boîtes et des flacons remplis d’excréments dans la cour de l’école, et Lázaro Munero était le meneur du groupe. J’ai parlé plusieurs fois avec lui pour qu’il change d’attitude, mais sans succès, parce qu’il se fichait des critiques, et il a finalement été expulsé.

Lucía Bacilia Pérez Peñafuerte, née à Corralillo, professeur de la faculté Karl Marx, d’Agramonte, à Jagüey Grande : J’ai connu Lázaro Rafael Munero García quand il était à l’école secondaire Héros de Playa Girón, où j’étais professeur en 1989-1990. C’était un élève aux notes moyennes, et introverti. Il aimait se distinguer du groupe en racontant des blagues pour faire rire les autres. Il avait une fiancée qu’il maltraitait. Il avait de graves problèmes de conduite, mais ses parents ne sont jamais venus lui rendre visite. Il a été envoyé à l’école Emilio Roig, mais là aussi il a eu des problèmes de conduite et il n’a pas fini l’année.

Orestes Marrero de la Horda, élève de l’Institut technique de tourisme de Varadero : Munero García, quand il était en secondaire, a suivi des classes de judo, ce qui a provoqué chez lui une grande tendance à jouer les durs, comme le prouvent les bagarres constantes qu’il avait aussi bien à l’école que dans la rue, entre autres une bagarre qui a fait beaucoup de bruit à la résidence universitaire où il s’est bagarré contre plusieurs personnes, et un autre au club des pétroliers, d’où il a été expulsé. Bref, c’est quelqu’un qui n’arrêtait pas d’avoir des problèmes et de causer des désordres par sa manière de faire.

Ilián Abel Rodríguez Formoso, voisin de Lázaro Rafael Munero García: Il ne travaillait pas, je peux le dire. On le voyait toujours dans des affaires illicites, et il en tirait des profits qui lui permettaient de vivre bien au-dessus de ses moyens. Avec ses voisins, il n’avait pas de bonnes relations, et il ne fréquentait personne. Et puis, c’était un m’as-tu-vu, un type qui vivait dans son monde.

Dagoberto Munero Molina, oncle de Lázaro, né à Caibarién et auxiliaire de l’Entreprise de forage et d’extraction de pétrole de Cárdenas : Lázaro a toujours été un m’as-tu-vu, qui traitait mal sa famille (père, frère et épouse), mais pas sa mère, María Elena García García, qui avait un caractère fort, et entre elle et mon neveu, ils faisaient ce qu’ils voulaient à la maison. Je sais qu’il y avait de fortes discussions entre Lázaro et son père. Lázaro s’occupait très peu de son fils [qu’il avait eu d’une élève], au point que les grands-parents de celui-ci ont dû lui demander de verser la pension alimentaire. Quand mon neveu disait quelque chose à Elizabeth, il le faisait violemment, et elle se rabaissait devant lui parce que c’était une très bonne personne. Dans le quartier, Lázaro n’admettait pas qu’on le contredise. Il faisait du scandale, et il croyait toujours avoir raison et il fallait faire ce qu’il disait. Je tiens finalement à dire que c’est mon neveu qui a tout fait pour que ses parents, son père, son épouse et son beau-fils participent au départ illégal du pays qui a eu lieu le 22 novembre 1999, car je sais que mon frère Ramón Rafael ne voulait pas partir et qu’il l’a fait parce que Lázaro a insisté.

Yoslayne Llama Garrote, vivant à Cardenas : Quand j’ai connu Lázaro Rafael Munero García, il jouait les durs, il maltraitait les femmes qui avaient des relations amoureuses avec lui. Je me souviens que la femme avec laquelle il avait eu un enfant m’a dit qu’il n’aimait même pas son fils, parce qu’il ne s’en est jamais occupé. Il vivait de trafics, il vendait de l’alcool, des cigares, n’importe quoi. J’ai su que quand il est sorti de prison et qu’il est allé chez Elizabeth, il donnait des coups à tout le monde. Il ne traitait pas bien l’enfant, parce que, bien souvent, quand Elizabeth rentrait chez elle, elle trouvait l’enfant en larmes et qui disait qu’il voulait retourner chez son père Juan Miguel, et Lázaro ne le lui permettait pas, parce qu’il disait qu’il passait trop de temps chez son père.

Quelques jours après que Lázaro et Elizabeth ont abandonné illégalement le pays, mon fils était hospitalisé à l’hôpital pédiatrique de Matanzas quand j’ai entendu un groupe de femmes en train de commenter qu’Adrianne Horta, une survivante du naufrage, avait téléphoné et dit que quand le groupe se trouvait sur la côte, Eliáncito avait commencé à pleurer et que Lázaro avait dit à Elizabeth que si elle ne le faisait pas taire, il s’en chargerait.

Je peux ajouter qu’il avait des relations amoureuses avec d’autres femmes à l’insu d’Elizabeth en utilisant l’argent qu’il gagnait de manière illicite et celui qu’elle gagnait, elle.

Lorenzo Oceguera Pesqueira, vivant à Cárdenas : J’ai connu Lázaro Rafael Munero García quand il a eu des relations avec ma fille Dayana en 1993, et j’ai eu de bons rapports avec lui jusqu’à leur séparation après la naissance de leur enfant, Javier Alejandro, et je peux dire qu’il ne se pressait pas pour lui rendre visite. [Il veut parler d’une lycéenne de l’école Premier Congrès que Lázaro avait séduite au début de l’année signalée par le père, qui était tombée enceinte et qui n’a pas tardé à faire preuve d’un caractère ferme et énergique.]

Je peux dire aussi qu’il a travaillé peu de temps comme promoteur de la vente de bière à l’hôtel Internacional de Varadero, mais qu’on ne lui connaît pas d’autre emploi fixe. Il entrait en relation avec les étrangers et utilisait sa voiture comme taxi.

Au sujet d’Elizabeth Brotons, je peux dire que c’était quelqu’un de liant, qui avait bon caractère, qui était modeste, qui me saluait et s’intéressait même à mon petit-fils. Elle avait des relations avec Lázaro García avant que celui-ci abandonne illégalement le pays en 1998.

Regla Hernández González, vivant à Cárdenas : J’ai connu Lázaro Rafael Munero García en 1993 quand ma fille Dayana Oceguera Hernández a commencé à avoir des rapports amoureux avec lui.

Durant tout ce temps-là, Lázaro a à peine travaillé, juste la vente de bière sur la plage. Quant à sa relation avec ma fille, je dois dire qu’il n’arrêtait pas de se disputer avec elle car il ne voulait pas qu’elle étudie, tandis que lui, il vivait d’affaires louches, car il n’avait pas de travail stable.

C’était un type qui cherchait la bagarre. Il était toujours mêlé à des bagarres de rue, il aimait boire et il rendait rarement visite à son enfant.

Il utilisait sa voiture pour faire le taxi sans autorisation, et il a fait de la prison, mais je n’en connais les motifs.

Je me souviens que le vendredi 19 novembre 1999, il est venu chez moi et il a dit à ma fille qu’il passerait prendre son enfant le lendemain pour le promener, ce qui était curieux, et voilà pourquoi j’ai dit à ma fille que je prendrai l’enfant avec moi ce samedi pour que Lázaro ne l’emmène pas, parce qu’il était toujours soûl et je pensais qu’il pouvait lui arriver quelque chose. Le lendemain matin, j’ai emmené l’enfant chez ma mère et on y resté jusque dans l’après-midi. Nous l’avons fait parce que ça nous a paru vraiment très curieux que Lázaro insiste pour emmener l’enfant, mais on ne soupçonnait pas du tout qu’il allait partir illégalement.

Dayana Oceguera Hernández, vivant à Cárdenas, élève de l’Ecole d’hôtellerie et de tourisme José Smith Comas, à Varadero : C’est en 1993 que j’ai commencé à avoir des relations amoureuses avec Lázaro Rafael Munero García, et qui ont duré jusqu’en 1996, et dont est né un enfant que nous avons appelé Javier Alejandro Munero Oceguera. Nos rapports ont été un échec à cause, entre autre choses, du caractère dictatorial et violent de Lázaro, qui le poussait même à se disputer constamment avec ses parents, surtout avec son père Rafael Munero. Je l’ai rarement vu travailler, sinon jamais. Il a été serveur à l’hôtel Internacional de Varadero, où il a eu apparemment un contrat de vente de bière sur la plage, et aussi vendeur au club des pétroliers, d’après ce qu’il m’a dit. En général, il vivait du système D, des trucs illicites, depuis la vente illégale d’alcool, qui l’a d’ailleurs conduit à passer plusieurs jours en tôle au commissariat de Jovellanos, jusqu’à d’autres activités qui lui rapportaient de l’argent. Nous avons discuté à plusieurs reprises pour la simple raison qu’il n’appartenait à aucune organisation et que je suis militante de l’Union des jeunes communistes. Il m’interdisait d’étudier, et tout ceci a mis fin à nos relations amoureuses. Je me souviens que dans les derniers mois, Lázaro arrivait soûl à la maison pour voir l’enfant, et la plupart de ces visites finissaient par des disputes. Je peux dire aussi qu’il aimait la bonne vie, au point qu’il a réalisé en 1992 un vol avec effraction à Varadero et qu’il a été sanctionné. J’ai connu Elizabeth quand il l’a amenée chez moi et elle m’a semblé à première vue quelqu’un de sincère, d’aimable et bien polie.

Le 19 novembre 1999, un vendredi, Lázaro est venu chez moi en voiture pour me dire qu’il passerait le lendemain chercher l’enfant pour le conduire chez sa maman. Je lui ai dit non, car il ne le faisait jamais, et j’ai pensé qu’il pouvait lui arriver quelque chose parce qu’il était toujours en train de boire. Comme il n’était pas d’accord, on s’est disputé et il m’a dit qu’il était le père et qu’il avait des droits sur l’enfant. Le lendemain matin, il est venu chercher l’enfant, mais je l’avais emmené chez ma mère pour qu’il ne puisse pas le prendre avec lui et puis aussi pour que l’enfant ne nous voit pas nous disputer encore une fois, mais sans jamais penser qu’il abandonnerait illégalement le pays ce même jour. Tout ceci me semblait très curieux, parce qu’il passait parfois deux mois sans venir voir l’enfant et s’il le croisait par hasard avec moi dans la rue, même de loin, il me disait ensuite : à quoi bon te rendre visite, j’ai vu le gosse.

Ces trois derniers témoignages révèlent parfaitement les caractéristiques perfides et les bas instincts du personnage.

Il a voulu prendre l’enfant avec lui, en traître. L’enfant ne l’intéressait absolument pas. Il ne s’était jamais préoccupé pour lui. Il aurait été une gêne pour son style de vie dissipé et cherchant le confort. Nul ne sait qui se serait occupé de l’enfant. Or, il a tenté de l’enlever à sa mère !

Pourquoi ? Peut-être par rancune, par désir de vengeance devant l’attitude que Dayana et sa famille avaient toujours maintenue face aux exigences et au despotisme de quelqu’un qui réglait tout par la force. Les psychologues pourraient peut-être tenter de trouver une explication.

En tout cas, Javier s’est sauvé par miracle. Il est quasiment sûr qu’il serait mort ou, alors, en cas de survie, il aurait été un autre enfant cubain séquestré à Miami, et la mafia aurait tout fait pour empêcher son retour à Cuba.

Pedro Pablo Brotons Estrada, vivant à Cárdenas, demi-frère d’Elizabeth : Les rapports entre Lázaro Rafael Munero García et ma demi-soeur Elizabeth étaient tendus, car il était violent et impulsif. Quand leurs relations ont commencé en 1997, ma famille n’était pas d’accord à cause de ce qu’on disait de Lázaro, qu’il ne travaillait pas, qu’il se faisait entretenir par les femmes avec lesquelles il vivait, qu'il se prenait pour un dur et voilà pourquoi ma famille s’est opposée à cette relation. Ensuite, quand il est parti illégalement du pays en 1998, nous avons pensé que cela réglait la situation d’Elizabeth, mais la mère de Lázaro a rendu visite à ma soeur pour qu’elle lui parle au téléphone, et ça a provoqué une discussion entre elles. Pourtant, ma soeur a parlé plusieurs fois au téléphone, et selon elle, Lázaro disait que la vie aux USA était très difficile et qu’il ne pouvait pas s’y adapter. Je crois pourtant que s’il est rentré à Cuba., c’est pour pouvoir emmener ma soeur pour qu’elle continue de l'entretenir là-bas.

Par la suite, au retour de Munero, la famille a accepté qu’il vive de nouveau chez Elizabeth, mais cet homme l’a travaillée subtilement pour arriver à la faire se fâcher avec toute la famille, provoquant une rupture avec sa mère et son beau-père, ce qui a été dur et inattendu. Je pense que Munero l’a menacée, a exercé des pressions sur elle, car à partir du moment où ils ont commencé à vivre ensemble, le caractère de ma soeur a complètement changé et elle est devenue quelqu’un de distant et de renfermé. A deux reprises, quand je l’ai croisée dans la rue, j’ai pu me rendre compte qu’elle portait des traces de coups et des bleus sur le corps, mais elle m’a dit que c’était le chien qui les lui avait faits.

Quant au rapport entre Lázaro et Elián, je peux dire qu’il était parfois despotique et rude avec lui, mais je ne sache pas qu’il l’ait frappé.

Je crois que le départ illégal d’Elizabeth du pays s’explique par la peur qu’elle avait de Lázaro, et par l’influence constante qu’il exerçait sur elle, parce que ma soeur aimait beaucoup Elián et ne se serait jamais laisser embarqué dans une aventure où sa vie était en danger.

À partir du moment où Lázaro abandonne le système scolaire et renonce à toute possibilité de se former techniquement, il ne cherche pas un emploi utile et relativement bien rémunéré, comme l’ont fait tant de jeunes de Cárdenas qui se sont efforcés et se sont préparés à une vie professionnelle dans la zone touristique de Varadero, proche et prospère. Il se lance au contraire dans des activités qui n’ont rien à voir avec le travail productif ou les services qui fournissent des avantages aussi bien à l’individu qu’à la société, en vue de quoi notre pays prépare ses jeunes.

On ne lui connaît pas un seul emploi stable en dix ans. Deux très courtes saisons, il réalise des activités en rapport avec la restauration dans un hôtel et dans un club où l’on a tôt fait de découvrir sa tendance au vol et à la fraude. Il cherche une vie confortable et parasitaire, de l’argent facile.

Témoignage : Je (...), né à Cárdenas, femme de chambre à l’hôtel (...) de Varadero, ai eu une liaison intime avec Lázaro Rafael Munero García, de 1991 à 1994, quand il purgeait une peine pour vol avec effraction.

Durant tout ce temps-là, j’ai pu constater que c’était quelqu’un d’inquiet, de capricieux et de désordonné socialement qui, quand il avait une idée en tête, faisait n’importe quoi pour la réaliser, même si ça pouvait lui causer des ennuis.

Le vol avec effraction dont parle ce témoin a eu lieu le 1er mai 1993. La sentence nº 347, prononcée en octobre 1993 par la cinquième chambre pénale du Tribunal provincial populaire de Matanzas indique, au premier Attendu : « Etant prouvé que les accusés Lázaro Rafael Munero García et Julio César González Caraballo, s’étant mis d’accord, se sont rendus dans la nuit du 1er mai 1993 à Varadero... à l’hôtel Siboney en vue d’entrer dans la chambre 120 pour en emporter tout ce qu’ils pourraient, où était logé le touriste allemand Mihelen Kalan avec sa petite-fille, et après avoir vérifié que la chambre était vide, ont forcé trois planchettes de verre qui constituaient la fenêtre (...) »

Puis vient une longue narration. Après avoir exposé de nombreux Attendus et Par conséquent, la sentence conclut : « Nous devons sanctionner et nous sanctionnons l’accusé Lázaro Rafael Munero García à deux années de privation de liberté et l’accusé Julio César González Caraballo à trois ans de privation de liberté, tous deux comme auteurs du délit de vol avec effraction », en sus des peines accessoires correspondantes. Ils sont aussi condamnés à indemniser Mihelen Kalan van Hofe d’un montant de 236,55 pesos (soit la même somme en dollars).

Autre témoignage important : Je (...), née à Jagüey Grande, employée comme (...) à (...). j’ai connu Lázaro Rafael Munero García en 1999 quand j’ai eu des relations amoureuses avec lui, car il venait à (...). Je peux dire qu’elles ont pris fin en août, car il ne venait pas me voir et j’ai engagé une autre relation. Je me souviens, mais pas de la date exacte, mais c’était fin septembre, que plusieurs personnes se sont présentées chez moi pour me dire que Lázaro se trouvait au snack-bar (...) et qu’il voulait me voir. Quand j’y suis allée, il m’a demandé de l’accompagner au fond de l’endroit et m’a dit, entre autres choses, que je l’avais trahi et il m’a giflé à plusieurs reprises, tout en me disant que quand il m’envoyait chercher, je devais venir aussitôt , et j’ai dit oui pour qu’il arrête de me frapper. Puis je suis retournée au snack-bar (...) et il est reparti sans que je le revois.

Bien que les deux témoignages antérieurs soient signés et que leurs auteurs soient prêtes, faisant preuve d’un courage moral digne d’éloge, à les rendre publics, il ne nous a pas paru bon de le faire en vue de préserver leur identité dans des circonstances qui pourraient être un motif de scandale.

L’important de la dernière déclaration est qu’elle se réfère à des faits qui se déroulent à un endroit relativement éloigné de Cárdenas, huit semaines à peine avant le voyage fatal où Lázaro abandonne le pays dans un bateau de fortune, emmenant avec lui Elizabeth et Elián.

On constate ces jours-là, plus qu’à n’importe quel autre moment, son style agressif, menaçant et violent, cette fois-ci contre une jeune modeste et sans défense, tout simplement parce qu’elle refuse de se plier à un caprice passager alors qu’il est sur le point d’abandonner le pays et qu’il cessera très vite de la voir définitivement.

Comment traiterait-il ces jours-là Elizabeth et quels menaces utiliserait-il contre la jeune femme résignée, docile et presque sûrement terrorisée ?

Les enquêteurs ont collecté tous les matériaux et documents, les actes policiers et judiciaires, les dossiers, les accusations, les avertissements, les amendes, les sentences pour vols avec effraction, pour rixes, larcins, escroqueries, recels et ventes de marchandises volées, pour actions illicites de toute sorte, pour habitudes d’alcoolisme et d’autres activités ; bref, une longue liste de délits communs plus ou moins graves, au cours d’une brève vie délictueuse et hasardeuse, des pages entières d’empreintes digitales et des preuves testimoniales qui définissent et soutiennent la conduite illégale et immorale de Lázaro Munero.

Se lançant dans son aventure irresponsable cap sur la Floride, Lázaro Munero a sacrifié jusqu’à sa propre mère, qui relevait d’un infarctus. Tout le monde sait que des individus de l’acabit de Lázaro Rafael Munero García n’auraient jamais reçu de visa pour entrer aux USA, parce que la société nord-américaine les rejetterait indignée et aurait fait un scandale colossal. En revanche, quand ils arrivent en illégaux, on les reçoit avec tous les honneurs. Peu importe ceux qui meurent dans de telles aventures. Qu’elle est noble et humanitaire, la loi d’ajustement cubain !

 

Qui sont les survivants ?

Deux adultes, en plus de l’enfant, ont survécu au naufrage du bateau : une jeune femme de vingt-deux ans, Arianne Horta Alfonso, et un homme de trente-trois ans, Nivaldo Vladimir Fernández Ferrán, qui voyageaient comme couple.

Ils étaient les seuls à connaître le secret de ce qui s’était passé. Tous deux, une fois mentionnés dans les nouvelles publiques et après avoir été remis par la police, avaient disparu. Quand on ne savait absolument rien à Cuba de ces gens-là, des nouvelles de sources nord-américaines sont parvenues selon lesquelles les autorités qualifiaient l’opération de contrebande de personnes. Elles ne pouvaient l’avoir appris que des deux adultes survivants qu’elles avaient aussitôt interrogés.

Dès le 26 novembre, soit deux jours à peine après la date présumée du naufrage, El Nuevo Herald , très lié aux milieux de la Fondation nationale cubano-américaine, publiait textuellement :

Les autorités qualifient la traversée des Cubains d’opération de contrebande. Après avoir interrogé les survivants, elles ont une première idée de ce qui s’est passé après que le bateau soit parti dimanche de Cárdenas.

L’opération a été censément organisée par Lázaro Moreno [sic], le beau-père d’Elián, qui prétendait emmener sa famille aux Etats-Unis en même temps que sept autres personnes qui auraient payé mille dollars chacune.

Nul n’a rien su de plus que ce que les survivants ont raconté. Il était clair en tout cas que lui et elle avaient payé mille dollars chacun pour le voyage mortel. De fait, il s’agissait bel et bien d’un trafic de personnes, un crime sévèrement puni par les lois nord-américaines et les accords internationaux. Mais on ne parla plus de la question. On ignore si les survivants ont signalé aux services d’immigration le casier judiciaire chargé et la conduite délictueuse de l’organisateur du voyage. Il est sûr qu’ils n’ont pas raconté tout ce qu’ils savaient d’Elián et s’ils l’ont fait, personne n’en a dit un traître mot. La puissante mafia et ses alliés commençaient à orchestrer une campagne de propagande contre notre patrie, jouant sur la situation dramatique de l’enfant qui avait survécu à on ne sait combien d’heures sur une chambre à air. Le coupable de tout, c’était Cuba, bien entendu. Mais comme il y avait trop de choses sordides dans cette affaire, mieux valait qu’aucun journaliste n’entre en contact avec les deux survivants. Les deux personnages disparurent mystérieusement de la scène et on ne sut plus rien d’eux pendant presque deux mois. La bataille pour Elián n’avait pas encore commencé à Cuba, et les gangsters et terroristes de la mafia n’imaginaient pas la force terrible qu’elle prendrait quand notre peuple énergique, courageux et combatif se mobiliserait.

Un journal influent, le Los Angeles Times, avait toutefois cherché des informations, et trente-neuf jours plus tard, le 4 janvier, publiait depuis Cárdenas un reportage reproduit par un organe de presse de la Floride sous le titre : « Contrebande lucrative de Cubains » où l’on peut lire : Nivaldo Fernández Ferrán a tout abandonné : un mariage de dix ans, une maison neuve et un emploi enviable dans un hôtel cinq étoiles... Tout comme sa petite amie de vingt-deux ans, Arianne Horta Alonso, qui a même abandonné sa fille de cinq ans... Ils ont dit aux enquêteurs de police de Miami-Dade qu’ils avaient payé deux mille dollars à un contrebandier pour qu’ils les emmènent... »

Le reportage parle ensuite d’une contrebande croissante et lucrative dont les autorités de La Havane estiment qu’elle reçoit au moins le soutien tacite de la communauté cubano-américaine du sud de la Floride. Des agents des patrouilles frontalières affirment que les contrebandiers opèrent en toute impunité, se faisant payer huit mille dollars par tête. 

La maman de Fernández, Antonia Ferrán, vit légalement aux Etats-Unis après être partie de Cárdenas voilà dix ans afin de vivre avec sa soeur à Chicago. Elle se rend à Cuba tous les ans, apportant de cadeaux et de l’argent pour augmenter les revenus des Fernández. 

La famille avait prévu une cérémonie dans toutes les règles de l’art pour renouveler son serment matrimonial de dix ans avant, le 13 décembre. Pourtant, sans rien dire à sa femme ni à sa famille ni à ses amis, Fernández est parti soudain, trois semaines avant la fête, avec son amante Arianne et sa fille de cinq ans, Esthefany, vers les Etats-Unis. Peu avant le départ, le moteur du bateau est tombé en panne et les treize adultes ont décidé que la gamine de cinq ans ne devait pas partir, si bien que, tandis que les Munero réparaient le moteur, Arianne a ramené l’enfant chez sa propre mère, craignant que le voyage ne soit trop dangereux pour elle...

Tels sont les détails connus du mystérieux voyage illégal dont les enquêteurs des deux côtés du détroit de la Floride disent qu’ils est typique de ceux qui ont amené des milliers d’immigrants cubains illégaux aux Etats-Unis ces deux dernières années et qui ont causé la mort de plus de soixante Cubains rien qu’en 1999.

Voilà donc reconnu, avec la plus grande tranquillité du monde, que l’encouragement aux départs illégaux, à la contrebande de personnes en provenance de la Floride et la Loi d’ajustement cubain ont coûté la vie à soixante Cubains en un an.

Ces nouvelles permettaient toutefois de tracer le profil des survivants, toujours plongés dans l’anonymat.

Mais la lutte pour Elián prenait toujours plus de force, et même dans l’opinion publique nord-américaine. De plus, on annonçait le 21 janvier que les grands-mères d’Elián partaient pour New York. C’était trop. Et la mafia et ses alliés ont été contraints de faire réapparaître les survivants disparus, et ils l’ont fait de la façon écoeurante et cynique qui leur est coutumière.

Ce même jour, donc, presque deux mois après leur mystérieuse disparition, ils les présentent en hâte à la presse :

Miami, USA, 21 janvier (EFE). L’enfant cubain naufragé Elián González doit rester aux USA parce que sa maman a donné sa vie pour qu’il y reste, a affirmé aujourd’hui l’un des trois survivants du naufrage.

Arianne Horta a raconté aujourd’hui en conférence de presse la traversée dramatique au cours de laquelle sont morts la mère et le beau-père d’Elián, en plus de neuf autres immigrants cubains, quand leur fragile embarcation a coulé dans le détroit de la Floride.

«Elle [autrement dit la mère d’Elián] préférait mourir, mais elle voulait que son enfant vive et arrive aux Etats-Unis», a dit Arianne.

«Lui [autrement dit Elián] n’arrêtait pas de crier qu’il venait chez les Ricains, avec mes oncles, il a toujours dit avec mes oncles», a-t-elle affirmé.

Notez l’accent mis sur l’idée mélodramatique qu’Elizabeth a donné sa vie pour que l’enfant vive dans un pays libre et l’image grotesque d’un enfant de moins de six ans, qui ne pleure pas, bravant le mauvais temps et les vagues, criant ravi et heureux qu’il s’en va « chez les Ricains vivre avec ses oncles », des oncles qu’il n’avait vu qu’une seule fois dans sa vie, quand il avait quatre ans. Non, vraiment, trop c’est trop !

Le voyage des grands-mères, l’impact de leurs phrases simples et sincères sur l’opinion publique nord-américaine et dans le Congrès même, ont déclenché la panique chez tous les comploteurs de l’enlèvement de l’enfant :

Miami, USA, 25 janvier (AFP). Les deux autres survivants du naufrage qui a provoqué la mort de la mère d’Elián González se rendent à Washington pour y faire du lobbying auprès du Congrès des Etats-Unis afin que celui-ci lui octroie la nationalité nord-américaine, ont informé ce mardi les médias locaux.

Le désespoir augmente. Des choses incroyables se sont passées. Entre le vendredi 21 et le jeudi 27 les grands-mères ont offert une importante conférence à l’aéroport, elles sont venues deux fois à Miami, elles ont pris d’innombrables contacts avec les organes de presse les plus divers et les plus influents, elles se sont réunies avec des dizaines de membres du Congrès. Ça devenait insupportable!

Le Nuevo Herald publie le 27 janvier une dépêche de son correspondant à Washington sous le titre "Il est faux que la mère d’Elián se rende aux Etats-Unis par la force":

"Elle ne se trouvait pas là obligée", a déclaré Arianne au cours d’une conférence de presse tenue au National Press Club".

"Fernandez a par ailleurs nié que le fiancé de Brotons la traitait violemment.

Il était toujours aimable. Il l’aimait tant, qu’il est venu aux Etats-Unis et il est retourné à Cuba pour la sauver. L’aurait-elle suivi s’il la maltraitait? C’est difficile à croire, a-t-il déclaré."

A ce moment-là il m’a semblé que la traversée était dangereuse et j’ai décidé de laisser ma fille. Elle a tout vu."

"C’est alors que Elián a commencé à crier: "Partons pour les Etats-Unis", a ajouté Arianne."

Inutile de faire des commentaires au sujet de cette phrase. Peut-être faut-il s’étonner, ou poser une simple question: Si elle a décidé de laisser sa fille, parce que la traversée lui semblait dangereuse, pourquoi n’a-t-elle pas suggéré à la mère d’Elián de laisser aussi son fils, qui avait plus ou moins le même âge que sa fille et était exposé au même danger?

Arianne et Nivaldo n’ont pas dit la vérité. Ils savaient ce qui s’était passé. Lorsqu’en arrivant sur la côte Elián pleurait sans cesse, c’est alors que Munero a menacé la mère: "Où tu le fais taire ou c’est moi qui m’en charge". Cette nouvelle ne provient pas de Cuba, elle arrive des Etats-Unis et c’est précisément Arianne qui la transmet à sa famille par téléphone. Et ce n’est pas la seule source. Des personnes qui étaient proches ont écouté et assisté à cette scène. Il existe des preuves que Munero et d’autres personnes étaient armés de machettes et de couteaux. S’il existe une opinion unanime d’hommes et femmes, de parents, d’amis et de connaissances, sans que personne ne le remette en question, c’est bien le caractère violent et agressif de ce personnage. Ce trait se reflète dans les rapports de police et dans les témoignages offerts jusqu’à présent. Il est d’une hypocrisie infinie d’affirmer, comme le fait Nivaldo Fernandez, bien connu pour sa lâcheté et ses mensonges, que Munero n’a jamais maltraité Elizabeth. Le mal que se donne la maffia pour le nier, met en évidence combien elle craint la divulgation qu’Elizabeth par sa docilité, résignation et soumission totale à Munero, sa volonté entièrement annulée et incapable de résister, a pu être, et elle le fut probablement, obligée par la menace et l’habituelle violence à son égard, à s’embarquer dans cette aventure stupide et suicidaire

Le 28 janvier, la prestigieuse membre du Congrès nord-américain, Louise Slaughter, au cours d’une interview accordée à la chaîne Fox, a déclaré en se référant à la grand-mère Raquel: "L’homme avec lequel votre fille a quitté Cuba commettait des abus et c’était avant tout un contrebandier. Lorsqu’ils ont quitté cette petite ville, ils ont dû y revenir car l’embarcation avait des problèmes. Ils sont revenus sur la côte et certaines personnes ont décidé de ne pas repartir. Elián a commencé à pleurer et à dire qu’il voulait revenir auprès de son père, et ça nous le savons car les personnes qui sont restées l’ont raconté. Et je crois qu’il est important que ça se sache."

Elle ajoute : « Ecoutez, l’homme qui dirigeait l’expédition manquée a sorti un couteau lorsqu’Elián a commencé à pleurer et à dire qu’il voulait retourner auprès de son père, et il a dit à la mère d’Elián : « Si tu ne viens pas avec moi, tu ne le reverras plus jamais » : Il ne s’agit pas là d’un rapport amoureux. Elle le craignait ».

Dagoberto Munero Molina, oncle paternel de Lazaro Munero, a témoigné : « Je ne doute pas qu’au retour du départ échoué du samedi, Elizabeth ait eu l’intention de revenir chez elle et que mon neveu Lazaro l’ait menacée étant donné qu’il était violent et agissait avec imposition avec tout le monde, y compris avec son propre père. »

 

Qui sont les témoins de la maffia ?

Qui sont ces personnes que la Fondation a fait paraître comme d’honorables personnes devant une centaine de journalistes du monde entier ?

Arianne Horta Alfonso grandit au sein d’une famille révolutionnaire. Elle suit ses études primaires et secondaires sans difficultés et obtient de bonnes notes.

Fin 89, alors qu’elle est encore mineure (12 ans) elle épouse Michael Serra Basnuevo qui, plus tard quitte illégalement le pays. Il réside actuellement aux Etats-Unis.

En 1991 elle divorce et reprend ses études à l'Ecole secondaire pour adultes « José A. Echeverría » de Cardenas où elle obtient son baccalauréat.

Deux ans plus tard, en 1993, elle entreprend des relations stables avec Victor Prudencio Herrera Reyes, stabilité qui contribua à finir les études ci-dessus mentionnés. De cette union naît, en 1994, sa fille Esthefany Herrera Horta. Le couple et la petite fille résident chez les parents d’Arianne où il existe une ambiance de respect et de bonnes relations au sein de la famille. Malheureusement, en août 1995, le couple se sépare, et c’est elle qui fut la principale responsable de cette séparation. A partir de ce moment-là il se produit un changement abrupt dans sa conduite et elle commence à mener une vie désordonnée et de promiscuité.

Selon des personnes qui l’ont bien connue à l’époque, elle aimait trop les fêtes, elle s’habillait de façon extravagante et consacrait la plupart de son temps à visiter les centres de loisirs de Varadero, en compagnie de touristes étrangers ou de jeunes cubains qui avaient une certaine aisance économique.

Comme il s’agit d’un sujet désagréable et délicat nous allons omettre tous les qualificatifs qui pourraient correspondre à sa conduite, et nous limiter à dire qu’elle fut mauvaise sur le plan moral et social . Ses parents n’approuvaient pas cette conduite et ils lui en firent la remarque à plusieurs reprises.

Les grands-parents maternels se chargèrent fondamentalement de prendre soin de la petite, et ce sont eux qui s’occupent de son éducation. Il faut reconnaître qu’Arianne prêtait une certaine attention à la petite et fit en sorte que son manque de stabilité sur le plan amoureux ne porte atteinte à la petite. Malgré cela, la petite présente certains dérèglements psychiques qui se sont accentués après le départ illégal de sa mère. C’est pourquoi elle a besoin de soins spécialisés qui lui sont actuellement prodigués.

En avril 1999, elle noue une nouvelle relation stable avec Nivaldo Fernandez Ferran. En octobre, Arianne décide de rompre ses relations avec Nivaldo et retourner chez elle. Ils restent séparés jusqu’au 19 novembre 1999, et le lendemain, sous prétexte qu’elle partait dans un camping avec la petite, Arianne, réconciliée avec Nivaldo, va la chercher pour l’emmener avec elle et quitter illégalement le pays. Plus tard, pour les raisons que nous connaissons déjà, elle ramène la petite chez ses grands-parents avant de partir définitivement le 22 novembre.

Nivaldo Vladimir Fernandez Ferran naît à Cardenas au sein d’une famille révolutionnaire, de provenance ouvrière. Son enfance se déroule dans une ambiance caractérisée par une bonne éducation, sans conflits familiaux. Il est considéré un enfant discipliné et respectueux. Il suit ses études primaires, secondaires en obtenant de bons résultats et sans difficultés disciplinaires. Lorsqu’il termine ses études secondaires, il ne poursuit pas des études supérieures et ne commence pas non plus à travailler. Il part en Tchécoslovaquie en 1986 dans un groupe de collaboration et de perfectionnement technique. Il travaille pendant un an et demi dans une usine de pneus où il présente des problèmes d’indiscipline et d’absences injustifiées car il se consacre à la recherche de relations amoureuses. Sa conduite donne lieu à ce qu’il soit renvoyé de l’usine et rendu à Cuba. En 1987, il épouse Niurka Vega Arrieta. Cette union ne dure que deux mois étant donné les contradictions incessantes qui existent. En effet dans une attitude de force et égoïste Nivaldo interdit à son épouse d’étudier. Il en arrive à la maltraiter physiquement.

En décembre 1989, il se marie avec Rosa Elba Fernandez Pérez qu’il connaissait depuis son voyage en Tchécoslovaquie. Il reste dix ans à ses côtés jusqu’à son départ illégal du pays. Des conflits surgissent aussi avec Elba Rosa étant donné les constantes relations amoureuses de Nivaldo avec d’autres femmes.

Sur le plan du travail, il fut aussi très peu stable. Il changeait d'emploi fréquemment, en passant par les hôtels Tuxpan, Meliá Varadero, Barlovento, Brisas del Caribe, Paradiso-Punta Arenas et Superclub. Il ne travaille plus depuis septembre 1999.

Du point de vue social il est connu comme un coureur de jupons. Il a des rapport avec des femmes dont la morale laisse beaucoup à désirer et qui mènent une vie désordonnée. Il menait une vie d’ostentation, il se vantait d’avoir de l’argent, il était avaricieux, arrogant et il abusait des femmes, auxquelles il exigeait de l’argent . Il aimait les beaux vêtements. Il essayait de se faire remarquer parmi les autres, d’être le centre des groupes et des conversations. Considéré comme un menteur, il faisait preuve de lâcheté et évitait toute responsabilité. Il ne figure pas au casier judiciaire. Son père, Nivaldo Ortelio Fernandez, maintient une position positive à l’égard de la Révolution. Il ressent de la honte en ce qui concerne le départ illégal auquel son fils a pris part.

Nivaldo et Arianne, deux personnes désordonnées, sans stabilité, anxieuses de vie facile et d’argent, sans mérite et sans nulle autorité morale, se sont pliés misérablement au rôle mercenaire que leur a assigné la Fondation : démentir les paroles de Raquel, qui ne leur a fait aucun mal, et peut-être qu’ils ne la connaissent même pas, mère d’Elizabeth, sa fille unique, tragiquement décédée par la faute d’aventuriers comme eux, et grand-mère d’Elián, son unique petit-fils, enlevé par ceux qui aujourd’hui les paient et les utilisent comme calomniateurs à solde.

Il est calamiteux pour la cause des ennemis d’Elián que parmi le peu de ressources qui leur restent figurent, en tant que témoins respectables face à l’opinion publique et au Congrès des Etats-Unis, un proxénète qui est parti illégalement aux Etats-Unis et une jeune femme, cependant expérimentée en ce qui concerne la promiscuité et le commerce sexuel, qui a exercé à Cuba un métier aussi vieux que l’antiquité elle-même.

Ainsi va l’empire. Ainsi est pourrie la morale publique de ce pays. Ainsi il prétend être un exemple et gouverner le monde. Les paroles de Raquel continueront d’être inébranlables et irréfutables : «Si elle l’a fait, c’est parce que son mari était très violent et il la menaçait, c’est ce qui l’a conduit à cette tragédie.»

Nous avons exposé les faits. Que chacun en tire ses propres conclusions. Cette longue exposition a été élaborée non seulement pour dénoncer les infamies et les injustices, mais aussi dans le but de revendiquer une mère cubaine, ce qui est très juste, et pour préserver pour Elián, au-dessus de tout préjugés, émotions et réactions personnelles de chacun de nos compatriotes, en sauvant de ce qui serait un doute cruel et insondable, l’image objective et juste de sa mère qu’il ne reverra plus jamais.

Editorial du journal Granma, 8 février 2000