Table ronde informative sur la loi d’ajustement cubain, organisée aux studios de la télévision cubaine le 13 novembre 2002, « Année des héros prisonniers de l’empire »

 

(Versions sténographiques – Conseil d’État)

 

Randy Alonso.- Bonsoir chers téléspectateurs et auditeurs.

Un nouvel acte de piraterie aérienne, encouragé par la loi d’ajustement cubain et soutenu par le gouvernement des États-Unis, qui a accueilli l’auteur du détournement d’un aéronef cubain et ses complices, a été dénoncé hier par notre ministère des Relations extérieures (MINREX).

La table ronde d’aujourd’hui portera sur la loi assassine d’ajustement cubain. Le panel est formé de Reinaldo Taladrid, journaliste du système informatif de la télévision cubaine ; Arleen Rodríguez Derivet, éditrice de la revue Tricontinental ; Lázaro Barredo, journaliste de Trabajadores et Rogelio Polanco, directeur du journal Juventud Rebelde.

Y est également présente une représentation de l’Union des jeunes communistes de La Havane-Ville, du Comité provincial de l’UJC de La Havane-province et du Comité national de cette même organisation.

(Visionnage de certaines images).

Randy Alonso.- Il y a deux jours, des organes de presse internationaux ont fait état du détournement d’un aéronef cubain et de son atterrissage sur les îlots de la Floride. Cet incident a été divulgué hier par le ministère des Relations extérieures dans une note publiée par les organes de presse nationaux où l’on dénonçait ce nouvel acte de piraterie aérienne, encouragé par la loi d’ajustement cubain et par les déclarations récentes du président nord-américain George W. Bush.

TVE a été l’une des agences, des stations de télévision et des journaux qui ont fait connaître cet incident. Je vous invite à regarder le reportage paru le 11 novembre.

Journaliste.- Sept adultes et une petite fille se trouvaient à bord d’un vieil avion de fabrication russe, utilisé pour la fumigation des plantations agricoles cubaines. Intercepté par les autorités nord-américaines, l’appareil a été contraint d’atterrir à Cayo Hueso, état de Floride. Selon le FBI, les huit ressortissants cubains, placés sous la surveillance des services d’immigration, pourront être accueillis aux États-Unis en vertu de la loi en vigueur dans ce pays.

Pour le ministère cubain des Relations extérieures, il s’agit tout simplement d’un détournement mené à bien par le capitaine de l’avion qui a pris illégalement à son bord un groupe de personnes, y compris un mineur, à l’aéroport de Pinar del Río pour mettre ensuite le cap sur les États-Unis.

Dans une note diplomatique adressée aux États-Unis, le gouvernement de Cuba a condamné cette action et exigé le rapatriement immédiat des auteurs de cet acte de vandalisme.

Randy Alonso.- Arleen Rodríguez Derivet vous offrira les nouvelles réunies à ce sujet.

Arleen Rodríguez.- Merci, Randy.

Bonjour, chers téléspectateurs, auditeurs et participants à cette table ronde.

Selon la déclaration du MINREX, un aéronef de fumigation AN-2, à destination du chef-lieu de la province Pinar del Río, autorisé à décoller tôt le matin de la piste La Cubana, situé à Los Palacios, Pinar del Río, a été détourné le lundi 11 novembre. L’avion devait censément faire l’objet de maintenance sur la piste de l’aéroport Alvaro Barba. Mais, le pilote, Nemesio Alonso, s’est adressé vers un point de la piste où il a pris à son bord sept personnes, dont sa petite fille, deux couples, un ami à lui et le fils de celui-ci.

Ont participé au détournement d’un aéronef de l’État cubain, consacré à la fumigation dans cette région, non seulement Nemesio Alonso, le pilote, mais aussi Isobe Alonso, fils de Nemesio ; Maydilián Orama, épouse d’Isobe ; Brunilda, 4 ans, fille de Maydilián et d’Isobe ; Aldo Gutiérrez et Marisleidys Orama, proche de Maydilián, et Mercedes Valdés qui, selon les informations fournies par des connaissances et des collègues, travaillait à La Cubana et avait des liaisons amoureuses avec Nemesio, et Bernardo Amarán, fils de Mercedes.

Comme d’habitude, de nombreuses histoires ont été tissées à Miami autour de cet incident, selon lesquelles ces personnes fuyaient Cuba, etc. En fait, ces personnes, membres des organisations politiques et de masse cubaines, n’avaient commis de graves délits. Dans le cas de Nemesio, une sanction administrative lui a été imposée en 1994 mais sans aucune suite légale.

L’aéronef, qui a curieusement réussi à déjouer le bouclier anti-terroriste nord-américain, a été escorté par deux avions nord-américains jusqu’à l’aérodrome de Cayo Hueso. Curieusement aussi, toutes ces personnes ont été tout de suite conduites au centre de Krome du Service national d’immigration et de naturalisation (INS) où, - on l’a déjà constaté à plusieurs reprises ces derniers temps – les formalités d’immigration des immigrants illégaux sont accomplies sans aucune difficulté. Ce même jour, la porte-parole de l’INS a informé que ces personnes seraient libérées au cours de la journée. Ce fait a fait l’objet de commentaires de la part de certaines agences de presse qui rappellent que les Haïtiens, qui avaient débarqué le 29 octobre dernier sur les côtes de la Floride, étaient encore détenus.

Mercedes Valdés Rodríguez, la maîtresse du pilote - signalons que la famille du pilote, à l’exception du fils qui est parti avec lui, n’a eu rien à voir avec le détournement de l’avionnette – avait dit à ses voisins et à ses amis qu’elle avait essayé de visiter son fils qui réside aux États-Unis et que le gouvernement de ce pays – qui accueille aujourd’hui ceux qui ont dérouté l’avionnette – lui avait refusé à deux reprises le visa sous le prétexte qu’elle était une immigrante potentielle.

Quant aux autres personnes, on peut dire qu’elles menaient une vie normale à Cuba. Que l’on sache, le seul objectif était de tirer profit de la loi d’ajustement cubain.

Les rumeurs qui circulent à Miami selon lesquelles ces personnes avaient quitté le pays pour des raisons politiques sont fausses. Donc, aucun antécédent ne justifie cette infamie.

Supposons pour un instant que ces personnes étaient sorties d’un pays autre que Cuba – évidemment, pas d’un pays latino-américain ou caraïbéen car il aurait été impossible de déjouer le bouclier anti-terroriste des États-Unis – et qu’elles aient réussi à regagner les États-Unis. Supposons qu’il s’agit d’un homme qui a dérouté un avion pour échapper non pas de son pays mais de sa femme et de sa famille qu’il a évidemment abandonnées pour une cause facile à cerner en posant des questions à ceux qui sont au courant des rapports existant entre Mercedes et Nemesio. Supposons qu’il s’agit d’un homme qui est parti avec une autre femme.

Dans le cas d’un ressortissant d’un pays autre que Cuba, cet incident n’aurait fait que les titres des faits divers pour parler d’une personne qui a détourné un avion pour fuir devant sa famille et ses responsabilités. Cette personne serait poursuivie en justice pour avoir commis un délit sanctionné aussi bien par les lois internationales que par celles des États-Unis eux-mêmes.

Si l’on exclut la soif de consommation, le désir de rencontrer la famille, frustré par le refus du visa de la part de la Section des intérêts des États-Unis, et l’intérêt personnel de refaire sa vie avec une autre personne, la seule raison qui justifie cet acte obéit à l’existence d’une loi arbitraire et absurde qui invite à quitter le pays à tout prix, notamment en commettant des délits qui ne seront pas punis.

Il s’agit donc là d’un nouveau cas qui bénéficie des avantages qu’offre la loi d’ajustement cubain pour atteindre des objectifs personnels. C’est vraiment étonnant de voir comment une grande puissance fait passer des intérêts personnels mesquins avant sa politique anti-terroriste, et ce pour privilégier les ressortissants cubains. Voilà pourquoi je disais que dans le cas d’autres ressortissants l’histoire serait différente.

Randy Alonso.- Et, à plus forte raison, lorsqu’il s’agit d’une personne qui a abandonné sa femme et sa fille pour se lancer dans cette aventure encouragée par la loi d’ajustement cubain. Comme tu l’as dit, ce fait n’aurait fait que les titres des faits divers. Or, il s’agit de Cuba, d’un acte de piraterie aérienne, du détournement d’un aéronef de l’État cubain, immatriculé à Cuba, dérouté par ce pilote et ses acolytes qui sont partis en quête du miroir aux alouettes proposé par la loi d’ajustement cubain. Comme tu l’as rappelé, tout le monde savait à Los Palacios que cette femme avait demandé à deux reprises et sans succès un visa à la Section des intérêts des États-Unis pour visiter son fils. Aujourd’hui, en revanche, elle participe au détournement d’un avion cubain et elle est reçue par les autorités nord-américaines, ce qui constitue un nouvel acte de piraterie aérienne qui vient grossir le dossier de détournements d’avions et d’embarcations, encouragés par la loi d’ajustement cubain.

Nous connaissons fort bien cette histoire qui dura déjà à peu près 40 ans et ce nouvel acte prouve que la loi d’ajustement cubain demeure un instrument utilisé par les États-Unis contre notre pays, renforcé aujourd’hui par l’actuelle administration nord-américaine.

Écoutons maintenant les commentaires de Lázaro à ce sujet. Lors d’une table ronde, tenue il y a précisément deux ans à l’occasion d’un cas similaire, nous avons dressé un bilan sur les cas de détournements d’aéronefs cubains, encouragés par cette loi assassine d’ajustement cubain.

Lázaro Barredo.- Volontiers, Randy.

Un sujet a été largement débattu à l’Assemblée du Parlement latino-américain à laquelle j’ai participe. Ce parlement convoquera une réunion à se tenir prochainement et se penchera notamment sur ce thème-là, à savoir la question concernant l’immigration aux États-Unis. Les participants y réunis, à savoir 200 parlementaires de tous les courants politiques, de droite à gauche, en provenance de 22 pays, sont convenus sur la nécessité d’aborder le problème de la discrimination à l’égard des immigrants latino-américains sur la frontière nord-américaine qui font l’objet d’humiliations et de mauvais traitements et qui sont par la suite rapatriés. Ici, nous avons abordé cette question a maintes reprises et remarqué la violence croissante exercée contres les immigrants, sauf évidemment contre les immigrants cubains.

Aujourd’hui, la maffia de Miami et, notamment, les trafiquants de personnes ont les coudées franches. Ils viennent de recevoir une lettre de marque, ce qui met en évidence le pouvoir de la maffia. La loi assassine connaît un nouvel essor grâce à la complicité du gouvernement des États-Unis. Cette loi encourage dangereusement des actions entreprises contre la Révolution depuis 1959.

Selon les statistiques compilées, 53 avions cubains ont été déroutés notamment vers les États-Unis. La plupart de ces appareils n’ont pas été renvoyés à Cuba. Nombre de ces détournements ont fait des morts ou des blessés, dont des pilotes, des gardiens et des passagers innocents. À preuve, le déroutement, il y a quelques années, d’un aéronef à destination de Nueva Gerona. Dans ce cas-là, les auteurs, devant la résistance de l’équipage, ont lancé des grenades qui ont fait beaucoup de blessés parmi les passagers. Précisons que nous ne parlons pas de tentatives déjouées mais de déroutements réussis, ce qui a créé un précédent et encouragé les émigrations illégales.

Ce fait donne un nouveau souffle à la loi d’ajustement cubain. Cela fait renaître les crimes contre notre pays. Cela incite les personnes à entreprendre de telles aventures, ce qui met en lumière que seule l’attitude du gouvernement des États-Unis empêche la possibilité de régler ce problème.

Ici, devant les caméras de télévision, des centaines de personnes déportées ont déclaré en toute liberté qu’elles avaient essayé à trois reprises de quitter le pays et qu’elles étaient prêtes à tenter encore leur chance. Cette action encourage ces gens-là à se lancer de nouveau dans cette aventure qui est la seule issue pour eux, car ils ne travaillent pas ici et ne peuvent s’adapter à vivre dans notre pays, raison pour laquelle ils pensent : « Puisque la SINA refuse de m’accorder le visa, j’ai donc cette autre voie. » Ces détournements ou ces actes de piraterie entraînent d’énormes dangers. Cette question peut faire l’objet de discussions théoriques – j’ai apporté des preuves – mais on ne pas oublier que selon les normes établies par l’Organisation internationale de l’aviation civile (OACI) en matière de sécurité aéronautique ce sont des actes de détournement et de piraterie aérienne. La sanction à imposer à quelqu’un qui s’approprie d’un aéronef est en fonction de l’ampleur et du degré de violation de la sécurité publique. En réalité, le détournement d’un avion devant faire l’objet de maintenance dans un autre aéroport peut avoir des conséquences néfastes.

Randy Alonso.- Du point de vue juridique ou légale, le déroutement d’un avion cubain est un acte qu’il faut qualifier de vol éhonté, de piraterie lourd de conséquences. Rappelons le vol d’une avionnette en septembre 2000, précisément dans cette même province, à la suite duquel un jeune est mort au détroit de la Floride.

Lázaro Barredo.- Il faut rappeler que deux actes de ce genre ont eu lieu en septembre et que dans un cas l’avion, qui avait décollé de la même zone de Pinar del Río, s’est éloigné des frontières des États-Unis et qui, faute de carburant, est tombé dans la mer. À cette occasion, une personne est morte et les autres passagers ont pu sauver leur vie grâce à la présence d’un bateau panaméen qui, par hasard, se trouvait à proximité.

Au cours des deux dernières années, le détournement d’avions et le trafic illégal de personnes, qui affiche un taux de croissance de plus de 90% ont provoqué la mort d’un grand nombre de personnes. Des tables rondes précédentes ont analysé cette question et il faut dire que cette politique ne fera que stimuler les actes de ce genre.

Randy Alonso.- L’année dernière, des groupes composés de 10, voire de 30 personnes, ont trouvé la mort. Cette politique de mort est devenue en quelque sorte la politique principale mise en pratique par le gouvernement nord-américain pour combattre la Révolution cubaine. Car les déclarations récentes du président des États-Unis et les actions des autorités nord-américaines vis-à-vis des actes de ce genre montrent on ne peut plus clairement que la loi d’ajustement cubain est l’un des principaux instruments utilisés pour détruire la Révolution à un moment où le sentiment anti-blocus et la condamnation de la politique de ce gouvernement à l’égard de Cuba ne cessent pas d’augmenter au sein de l’opinion publique nord-américaine et de vastes secteurs d’affaires et sociaux de ce pays.

Merci Lázaro de tes commentaires.

(Visionnage des images sur le thème)

Randy Alonso.- Or, cet incident que nous analysons aujourd’hui, dont notre peuple est au courant grâce à la note du ministère des Relations extérieures, n’est pas le fruit du hasard. Il a été encouragé non seulement par la loi assassine d’ajustement cubain en vigueur depuis 1966, mais aussi par les déclarations publiques du président des États-Unis qui a été le principal promoteur des émigrations illégales et des détournements d’avions et d’embarcations, et ce notamment pour saper la Révolution cubaine.

Taladrid a une copie des déclarations du président. Il serait utile de montrer au peuple comment ces propos encouragent ces activités.

Reinaldo Taladrid.- Volontiers, Randy.

Comme tu l’as dit, aucun de ces faits n’est le fruit du hasard. Toutes ces actions sont étroitement liées et, dans certains cas, certaines d’entre elles conditionnent et encouragent les autres.

Avant d’analyser les déclarations de Bush, il serait convenable d’examiner le cas scandaleux du bateau à bord duquel voyageaient les Haïtiens.

Rappelons qu’il s’agissait d’un bateau utilisé pour le trafic de personnes, en l’occurrence, des Haïtiens. L’embarcation a réussi à se rapprocher d’une autoroute reliant Miami aux îlots. Par hasard, des hélicoptères des chaînes de télévision locales ont appris que quelque chose se passait là-bas, après quoi elles ont commencé à transmettre en direct les événements. Dans ce cas-ci, on peut signaler une différence, à savoir les émissions en direct. Les images sont dramatiques, déchirantes, notamment celles où les Haïtiens se jetaient désespérément à l’eau pour regagner à tout prix le territoire nord-américain. On pourrait même parler d’une invasion. Qui les attendait lorsqu’ils essayaient d’aborder les voitures ? Tout simplement la police. Cet événement est devenu un grand scandale national et fait la une de tous les médias nationaux. Il y a eu des protestations violentes le long de la route, à Miami. Il y avait des gens sur terre, frappés. Les protestations avaient un nœud : Pourquoi nous ne sommes pas traités comme les Cubains ?, disaient les Haïtiens et la communauté afro-américaine. Comment peut-on expliquer l’existence de la loi d’ajustement cubain ? Aucune réponse n’a été donnée à la communauté haïtienne à Miami, même pas au milieu de la campagne électorale qui se déroulait dans l’état de la Floride.

Un titre figurait dans tous les organes de presse nationale aux États-Unis : Pourquoi les Cubains bénéficient-ils d’un traitement différent ? Quelle est la raison qui justifie l’existence de la loi d’ajustement cubain ? Aucun organe de presse des États-Unis n’a jamais donné une réponse à cela.

Tous se posaient la même question, mais aucune réponse n’a été donnée. On disait seulement que le traitement accordé aux Cubains était différent, qu’il existait une loi d’ajustement cubain, etc. mais personne ne donnait une réponse. Le président, lui, n’a pu non plus échapper à ces questions. À peine quelques jours après ces événements, on lui a demandé, dans le cadre d’une conférence de presse - j’en ai ici la transcription - : Pourquoi les Haïtiens reçoivent-ils un traitement différent ? On lui a même demandé les raisons qui expliquent un traitement nuancé de racisme, autrement dit discriminatoire.

Je vais citer les propos de George W. Bush, président des États-Unis.

« Il faut tout d’abord signaler que les lois en matière d’immigration ne font pas de discrimination entre les Haïtiens et les citoyens du reste du monde, à l’exception des Cubains. Il n’existe qu’une différence, à savoir que les Cubains ne sont pas rapatriés car ils seraient persécutés dans leur pays ». Voilà la réponse textuelle qu’a donnée le président des États-Unis.

Un fait curieux doit être signalé et c’est que la conférence de presse a pris fin à ce moment-là. Après avoir dit « Bonsoir » à tous, il est parti. Personne n’a pu poser aucune autre question comme cela se passe d’habitude dans ces conférences de presse.

Or, il y a ici un élément dont la véracité est encore à prouver. Selon le président des États-Unis, les Cubains ne sont pas rapatriés, car autrement ils seraient, comme cela est déjà arrivé dans le passé, persécutés.

Abordons en premier lieu le terme « persécutés ». On a déjà précisé que les personnes dont on parle n’étaient pas victimes de persécution, n’étaient pas recherchés par la justice, n’avaient pas de problèmes politiques, n’appartenaient même pas à ces filiales d’employés du gouvernement des États-Unis qui sont rémunérées pour faire de l’opposition entre guillemets. Bien au contraire, elles étaient affiliées à différentes organisations de la société cubaine. Elles ne faisaient pas de politique et n’étaient pas des persécutés politiques.

Il y a une autre question à laquelle on n’a jamais donné une réponse aux États-Unis. Pourquoi la Section des intérêts a-t-elle refusé à deux reprises le visa à l’une des femmes qui était à bord de cet avion ? Pourquoi ce visa lui est-il maintenant accordé au bureau de Cayo Hueso ? Une fois descendues de l’avion, ces personnes sont conduites à un bureau d’immigration de Cayo Hueso. S’il s’agit du même gouvernement – il existe peut-être un autre gouvernement là-bas ou un autre gouvernement à la Floride – pourquoi alors une demande formulée par la même personne reçoit deux réponses différentes ? Et cependant le statut de cette personne n’a point changé. Y a-t-il eu par hasard un changement ? Nous voudrions bien le savoir, car il y a peut-être quelque chose de secret, de mystérieux. Et si on sait tout ça c’est parce que cette femme avait fait des commentaires dans son quartier, car le gouvernement des États-Unis ne divulgue jamais de telles informations.

Quant aux déclarations du président des États-Unis selon lesquelles les Cubains déportés font l’objet de persécution, je ne vais pas insister ici sur le fait que les personnes déportées n’ont jamais fait l’objet de persécutions.

Suite à la signature des accords migratoires en vigueur actuellement, Cuba a fait montre d’un geste de bonne volonté qui ne figurait pas dans les accords, à savoir permettre aux fonctionnaires de la Section des intérêts des États-Unis à Cuba de vérifier sur place que les personnes déportées ne faisaient pas l’objet de représailles et qu’elles - pour reprendre les propos du président des États-Unis – n’étaient pas persécutées.

La Section des intérêts des États-Unis s’est servie de ce geste de bonne volonté du gouvernement cubain et l’a même exploité. Des fonctionnaires de cette section se sont rendus à tous les lieux de résidence des personnes déportées. Cependant, comme ils se sont peut-être lassés de vérifier que ces personnes ne faisaient l’objet ni de représailles ni de persécution, ils ont profité de leurs visites pour faire d’autres choses qui n’ont rien à voir avec la diplomatie ou avec les accords migratoires, mais qui sont certainement liées à la subversion du gouvernement légitime d’un pays où ils jouissent du statut légal de diplomates.

Ainsi donc, les vérifications de la Section des intérêts des États-Unis n’ont pas porté les fruits escomptés. À mon avis, ces vérifications n’étaient pas impartiales mais préconçues, car le but poursuivi était de déceler les violations, les représailles et – je cite encore le président -, les persécutions.

Pour mieux préciser, que se passe-t-il le lendemain de ces déclarations du président des États-Unis ? La presse de l’état de la Floride a incroyablement publié les déclarations d’un fonctionnaire anonyme du département d’État – personne ne croit à cet anonymat – selon lesquelles le président s’était trompé car la Section des intérêts des États-Unis à La Havane n’a pu vérifier aucun cas de persécution contre les personnes déportées. Cela est dit non pas par nous mais par un fonctionnaire du département d’État qui essayait évidemment de rectifier les propos du président des États-Unis.

À en croire ce fonctionnaire anonyme le président des États-Unis a menti, car, ne soyons pas naïfs, aucun fonctionnaire anonyme n’oserait démentir, tant s’en faut dans la presse, les paroles du président de son pays. Le verbe mentir n’est pas peut-être le plus approprié, mais c’est celui qui vient à mon esprit. Si l’on dit que la Section des intérêts n’a pu vérifier aucun cas de persécution et si un fonctionnaire dit le lendemain que le président a dû, semble-t-il, se confondre, alors il existe évidemment quelque chose qui n’est pas clair, car il est peu sérieux d’affirmer quelque chose sans aucun fondement.

Mieux, si le président des États-Unis ose dire ça, que peut-on attendre alors de quelqu’un qui lit ces informations ou qui les apprend par le biais d’un média payé par le gouvernement des États-Unis pour donner des informations fausses à ce pays ? Hé bien, qu’un avion comme celui-ci est détourné ou qu’un autre est tombé dans la mer.

Supposons qu’un aéronef de fumigation comme celui-ci, qui n’est pas conçu pour couvrir l’itinéraire Pinar del Río-Floride ou Cayo Hueso, tombe dans la mer et tous les passagers, y compris la petite fille, meurent. Ces gens-là, ne sont-ils pas par hasard encouragés par les déclarations du président des États-Unis ? Ne peut-on dire alors qu’il existe un rapport entre les morts – dans un cas similaire – et cette déclaration qui pousse les gens à tenter cette aventure ? Lorsqu’on est une figure publique, en l’occurrence le fonctionnaire du plus haut niveau d’un gouvernement, il faut faire attention à ce qu’on dit. Lorsqu’il s’agit de vies humaines, ne faut-il pas faire montre d’un minimum de responsabilité ? Car ce n’est pas la première fois qu’un avion de ce type tombe dans la mer.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Aujourd’hui, le Service d’immigration et de naturalisation a fait une annonce :

« Washington, le 13 novembre, NOTIMEX.- Au lendemain de l’arrivée des Haïtiens à Miami, le Service d’immigration et de naturalisation a décidé de déporter immédiatement les immigrants illégaux venus par mer, à l’exception des Cubains.

« Toutes les personnes qui arriveraient illégalement par mer, feront l’objet d’une déportation immédiate et devront rester pendant le procès légal dans les centres de détention à la disposition du Service d’immigration et de naturalisation et du département de justice, a précisé l’institution.

« Les ressortissants cubains sont assujettis à la loi d’ajustement cubain et recevront le traitement envisagé par cette législation. » Autrement dit, l’histoire se répète.

L’essentiel, Randy, c’est d’en demander les raisons. Personne ne se demande à quoi obéit cette exception. Car si la réponse en est celle donnée par le président, autrement dit la persécution, il faut rappeler qu’un fonctionnaire du gouvernement l’a démentie. La réponse en est évidemment une autre, mais qui va y répondre ?

Un personnage devait faire partie de cette histoire, à savoir le méchant ou plutôt le grand méchant. Et qu’est-ce qu’il a dit ?

« La semaine dernière, le sous-secrétaire nord-américain d’État pour les affaires hémisphériques, Otto Reich, a expliqué que la loi d’ajustement cubain avait vu le jour pour répondre à la cause probable – retenez ce mot, on connaît déjà le personnage et sa façon d’agir – d’éventuelles persécutions de la part du gouvernement de La Havane. » L’expression « cause probable » est un terme juridique contestable selon lequel une partie dit que quelque chose peut se passer, alors que l’autre partie fait quelque chose parce qu’elle possède des éléments susceptibles de provoquer un événement.

Quels sont donc les éléments dont dispose le grand méchant pour dire qu’il y existe « cause probable » de persécution de ceux qui sont déportés ? Un seul élément. Il faut, comme nous l’avons déjà fait autrefois, sommer Otto Reich, lui demander une seule preuve de cause probable de persécution des personnes déportées. Les membres d’Heritage Foundation, où il a fait ces déclarations, seront peut-être satisfaits.

Randy Alonso.- C’est là où il préfère divulguer ses mensonges sur Cuba.

Reinaldo Taladrid.- On dirait que ses mensonges y sont bien accueillis ou qu’ils en ont besoin pour financer des études.

N’oublions pas que le budget de cette organisation entend allouer plusieurs millions de dollars pour réaliser des études de toute sorte, de panels sur Cuba et que cet argent doit être dépensé.

Écoutez maintenant cette phrase du grand méchant, prononcée devant l’Heritage Foundation : « La loi est discriminatoire à l’égard de tous, ce qui ne veut pas dire qu’elle établit une différence spéciale à l’égard des Haïtiens, des Équatoriens ou des ressortissants de Trinité-et-Tobago . »

Écoutez, monsieur Reich, la loi d’ajustement cubain est au service ni plus ni moins que de la politicaillerie et du banditisme de la maffia dont vous êtes un membre d’honneur, car cette loi vous a permis de vous enrichir et voler de l’argent au gouvernement fédéral, sans parler de l’objectif politique. Je fais référence au caractère maffieux et criminel de cette loi. Je ne parle pas des morts, dont vous vous en fichez. Personne ne s’en fiche pas d’ailleurs. Reste à savoir qui va assumer la responsabilité des morts provoqués par cette loi irresponsable.

Reste à savoir quel est le concept d’éthique, en tant qu’hommes politiques et en tant qu’êtres humains, de ceux qui, faute d’arguments, se servent de n’importe quel incident pour monter un spectacle et faire de la propagande, sans penser que des vies humaines sont en danger, que des enfants meurent, que des gens se lancent dans des aventures irresponsables. Le seul souci consiste à se servir d’un argument quelconque contre Cuba pour justifier les conférences, les discours, l’Heritage Foundation, les postes au département d’État et les politiques et les stratégies à suivre. Quel est donc le sens de l’éthique de ceux qui sont capables de jouer avec les vies humaines et de mentir sans scrupules comme l’a fait publiquement le président des États-Unis ?

Tel est le sens de la loi d’ajustement cubain. Et comme il n’y a pas de réponse même pas de la part du président des États-Unis, la seule solution est d’éliminer cette loi.

Randy Alonso.- Une loi qui n’a pas été appliquée aux Haïtiens que vous avez vu dans les images et qui, comme tu l’as bien dit, ont été méprisés et humiliés. Plusieurs d’entre eux ont déjà été déportés et comme tu viens de le dire, le président des États-Unis a déclaré que la politique n’établissait aucune discrimination, sauf dans le cas des Cubains.

Telle est l’essence de cette loi qui a pour objectif de combattre la Révolution. Telle est l’essence des récentes déclarations du Service d’immigration et de naturalisation des États-Unis. Aujourd’hui, le journal Sun Sentinel de la Floride a publié les propos de Judy Orihuela, porte-parole du FBI à Miami et des porte-parole de la police de frontière et de l’INS, selon lesquels ces agences avaient débouté le cas de ce détournement, car elles estimaient que les membres du groupe étaient volontairement arrivés aux États-Unis et qu’il était peu probable qu’ils fussent accusés d’avoir volé l’avion.

Il est clair pour tous qu’il s’agit du détournement d’un aéronef. Cependant, les agences fédérales des États-Unis signalent qu’il n’en existe aucune évidence. Le président, pour sa part, déclare que les Cubains peuvent, du point de vue juridique, détourner un aéronef ou une embarcation et regagner les États-Unis par n’importe quel moyen. La Section des intérêts peut se refuser à délivrer un visa, l’essentiel c’est de le voler, ce qui permet de monter le spectacle politique pour dire que ce sont des exilés politiques, des réfugiés du gouvernement communiste de Cuba, pour reprendre leurs paroles ; or, l’essentiel c’est de faire fonctionner la loi et qu’elle fasse partie de la politique des États-Unis à l’égard de Cuba.

En fait l’enjeu, ce sont les accords migratoires souscrits par Cuba et les États-Unis en 1994 et 1995 lesquels continuent d’être violés sans vergogne par les autorités nord-américaines. Ces accords ont pour objectif primordial de trouver une solution au flux migratoire depuis Cuba vers les États-Unis. Dans la présente situation, nous sommes devant une violation. Polanco, quel est ton avis à ce sujet ?

Rogelio Polanco.- Il s’agit certainement d’une violation, Randy. Nous continuerons de la dénoncer. Nombreuses ont été les actions nord-américaines contre ces accords migratoires qui, comme tu l’as dit, ont été adoptés par les deux pays en 1994 et 1995, précisément pour régler le problème migratoire entre les deux pays.

La note émise le 11 novembre par le ministère des Relations extérieures rappelait précisément l’une des clauses des accords souscrits en septembre 1994, selon laquelle il était explicitement réaffirmé l’intérêt commun d’empêcher les émigrations risquées depuis Cuba et l’engagement des États-Unis - et je cite le document - « à abandonner la pratique de recevoir provisoirement les émigrés cubains arrivés au territoire des États-Unis par des voies irrégulières et à prendre les mesures adéquates en vue d’empêcher le recours à la violence de la part de toute personne qui tenterait d’arriver ou qui arriverait aux États-Unis depuis Cuba moyennant le détournement d’aéronefs et d’embarcations ».

Ces engagements violés à plusieurs reprises par les autorités nord-américaines faisaient partie des accords migratoires de septembre 1994.

Le détournement d’un aéronef, exposer la vie des voyageurs et d’autres ressortissants, y compris des Nord-Américains, ne constitue-t-il par hasard un moyen irrégulier de se rendre aux États-Unis ? N’oublions pas que les voyageurs de l’aéronef ne savaient pas où atterrir, qu’un accident aurait pu survenir comme cela s’est déjà passé.

Pourquoi promouvoir alors le détournement d’avions sur les États-Unis ? Selon les accords migratoires conclus entre les deux pays, il s’agissait de « empêcher le recours à la violence et le détournement d’aéronefs ».

Il y a des antécédents des morts provoquées par ce type d’action. Rappelons le cas de la personne qui a tué l’officier de la marine de guerre révolutionnaire, Roberto Aguilar Reyes et qui a détourné une embarcation pour se rendre aux États-Unis où il réside actuellement impunément.

Randy Alonso.- Les chaînes de télévision ont filmé son arrivée au territoire nord-américain.

Rogelio Polanco.- Cette personne a impunément sourit devant les caméras. Les autorités nord-américaines n’ont jamais respecté les accords. Les actes de piraterie sont très dangereux car ils peuvent entraîner la mort de plusieurs personnes. Mais il y a là un aspect plus dangereux, à savoir permettre et encourager ce type d’actions qui peut provoquer des accidents fatals et la mort d’êtres humains.

Il faudrait demander aux autorités nord-américaine si elles veulent encourager le détournement d’aéronefs et d’embarcations, de sorte que les personnes qui se voient refuser un visa d’émigrant utilisent de telles actions pour émigrer vers ce pays.

Il est évident que la violation des accords n’est qu’une concession à la maffia et un jeu politique et que l’interprétation de la politique « pieds secs, pieds mouillés » n’est qu’une manipulation des accords. On n’a jamais fait mention de cette philosophie, appliquée depuis plusieurs années et qui n’est qu’une concession à cette maffia soutenue par les autorités nord-américaines elles-mêmes et qui a entraîné la mort, les détournements et la manipulation grossière de l’opinion publique.

Le peuple nord-américain doit être au courant de cette manipulation et être conscient du fait que de tels actes vont à l’encontre de la vie de ressortissants nord-américains, de la tranquillité du peuple nord-américain et de la sécurité dont sont tellement fières aujourd’hui les autorités de ce pays.

Randy Alonso.- Il s’agit certainement d’une violation flagrante des accords migratoires, d’une incitation au déroutement d’aéronefs et à l’émigration illégale. Comme l’énonce la note du MINREX, les nouveaux mensonges du président Bush, selon lesquels le gouvernement cubain poursuit les émigrants illégaux déportés par le Service des garde-côtes, ne sont qu’une nouvelle justification pour accepter le plus grand nombre d’émigrants illégaux qui regagnent les États-Unis depuis Cuba. Les vedettes pirates en provenance des États-Unis sont responsables de 90% de l’émigration illégale. Ces actes ont lieu avec la complicité des autorités nord-américaines qui connaissent les pilotes et les zones d’opération. À de rares exceptions, les autorités ont adopté des mesures, mais ce ne sont que des sanctions légères incapables de mettre un terme au trafic illégal de personnes, et tout simplement parce que les autorités nord-américaines n’y sont pas intéressées.

Dans un cas survenu récemment, les autorités connaissaient les pilotes mais on ignore les mesures prises contre ces deux criminels.

Gladys Rubio.- Cette liste a été dressée à bord du garde-côte nord-américain. Elle contient les noms des hommes, des femmes et des enfants qui voyageaient à bord de la vedette interceptée, y compris ceux de deux individus chargés de l’opération de trafic. À côté des noms de Jordán Sardiñas et de Bruno Nápoles figure le mot smuggler, autrement dit contrebandier.

Ce groupe a été déporté à travers le port d’Orozco le 10 septembre, mais il est sorti de Caibarién le 6. Il était tout près des côtes nord-américaines lorsqu’il a été intercepté par les garde-côtes des États-Unis qui l’ont obligé de s’arrêter.

Émigrant illégal.- Ils ont lancé une corde mais les pilotes de notre vedette l’ont jetée à l’eau. Une autre corde semble avoir être jetée vers la poupe mais elle a dû s’enchevêtrer dans l’hélice. C’est à ce moment-là qu’ils ont abordé notre vedette, car les pilotes n’ont jamais arrêté le moteur. Puis, les garde-côtes ont arrêté le moteur et nous ont conduit à leur embarcation.

Émigrante illégale.- Ils ont jeté des cordes et amarré la vedette. Ensuite, ils sont montés à bord et nous ont obligés de lever les mains et de nous jeter à terre. Ils ont mis du spray sur les hommes et retenu certains d’entre eux, mais tout s’est arrêté là.

Gladys Rubio.- Idalmys avait été opérée quarante-cinq jours auparavant. Elle se sentait malade lorsqu’elle est arrivée. Elle a immédiatement reçu des soins et a été hospitalisée par la suite. Elle, tout comme les autres, a mis sa vie en danger. Tous ont déjà regagné leur foyer, mais ils ont eu de la chance. Beaucoup de ceux qui s’embarquent dans cette aventure ne réussissent ni à arriver ni à retourner.

Randy Alonso.- On ignore les mesures prises par les autorités nord-américaines à l’égard de Jordán Sardiñas et de Bruno Nápoles. La liste montre que les garde-côtes savaient qu’ils étaient les contrebandiers. Aucune information n’a parue dans la presse. Même pas les informations échangées entre les garde-côtes des États-Unis et de Cuba font état du sort de ces deux personnages, ce qui montre que les autorités nord-américaines tolèrent le trafic illégal qui a causé la mort – comme Lázaro l’a rappelé – de nombreuses personnes.

L’an dernier, le bilan a fait état de 30 morts lors d’une action déplorable entreprise vers la fin de l’année. Récemment, dix personnes qui sont parties de Pinar del Río ont perdu leur vie. Il y a quelques mois, une action semblable entreprise depuis Matanzas a fait huit morts. Nous savons qu’il y a des personnes qui disparaissent dans la mer mais on ignore malheureusement qu’elles ont quitté illégalement le pays. Les déclarations du président Bush encouragent ces individus à poursuivre impunément leurs actions dans le cadre de la politique menée contre Cuba. On peut dire que ces sujets sont en quelque sorte des cerbères de cette politique.

Ce dernier incident qui s’inscrit dans le cadre de la loi d’ajustement cubain ne constitue pas seulement une violation flagrante des lois cubaines, à preuve le vol d’un aéronef, et des lois et politiques mises en pratique par le gouvernement des États-Unis dans d’autres domaines et envers d’autres nations, comme l’a signalé le président Bush, mais aussi une violation d’importantes conventions internationales en matière d’aviation parafées aussi bien par Cuba que par les États-Unis. Arleen peut nous en parler.

Arleen Rodríguez.- Comme le signale la déclaration du MINREX, seuls des sujets sans scrupules peuvent être capables de violer les normes de sécurité du trafic aérien international les plus élémentaires, les lois cubaines et nord-américaines qui sanctionnent le détournement d’avions comme un acte terroriste.

Le ciel n’est pas du tout une autoroute que l’on puisse utiliser à volonté. Notre espace aérien et celui du sud de la Floride connaissent un trafic intense. Il est des personnes aux États-Unis qui ont leurs propres avions mais avant de voler elles doivent obtenir la permission pertinente. Ces détournement d’avions mettent tout en danger. C’est la raison pour laquelle Cuba et les États-Unis ont mis au point des lois et conclu des conventions, dont la Convention pour la répression de l’appropriation illicite d’aéronefs, ce qui figure dans la déclaration du MINREX. Selon cet accord, qui date de 1970, le délit commis le 11 septembre dernier constitue un acte de terrorisme.

Pourquoi est-il qualifié d’acte terroriste ? Il faut tout d’abord signaler que le pilote a volé une avionnette pour l’utiliser à d’autres fins et qu’il s’est incorporé à un trafic aérien sans le permis correspondant. Les autorités avaient le droit de le faire rentrer. Pourquoi n’a-t-on pas eu recours à cette prérogative ? De la même façon que les avions des États-Unis ont accueilli et escorté l’avionnette, les autorités cubaines auraient pu, elles aussi, faire avorter le vol. Elles n’ont pas agi car il s’agissait d’un avion détourné à bord duquel voyageaient une petite fille de 4 ans et des civils devenus des otages du délit de terrorisme commis par le pilote.

La note accuse à juste titre le gouvernement des États-Unis, car il faut rappeler que la conclusion de cet accord a eu lieu à un moment où les États-Unis étaient peut-être le pays le plus vulnérable aux détournement d’avions et que Cuba a apporté une aide précieuse dans ce sens. Au fil de ces années, Cuba a scrupuleusement respecté la convention de 1970 afin d’éviter que l’utilisation de l’espace aérien à ces fins ne mette en danger la vie d’autres personnes. L’événement survenu lundi dernier montre que les États-Unis encouragent ces actes terroristes.

La note du MINREX rend responsable de ce délit le gouvernement nord-américain car celui-ci ne se borne pas à encourager ce type de vol à des fins publicitaires. Il assure d’ailleurs l’impunité aux auteurs. Comme on le sait, ces individus seront prochainement libérés et obtiendront à coup sûr le permis de séjour, et ce après avoir refusé le visa à l’une de ces personnes, complice du détournement.

Pourquoi disons-nous que la loi d’ajustement cubain est une loi assassine ? Lorsque des incidents de ce genre ne provoquent aucune mort – n’oublions pas qu’en septembre dernier une personne est morte -, les gens disent : « Personne n’est morte, où est donc le délit ? Le délit, à mon avis, consiste à mettre en danger la vie de ces personnes et de s’en servir pour commettre des délits.

Plusieurs délits ont été commis. Tout d’abord, le vol d’un aéronef d’une institution cubaine, en l’occurrence l’État cubain, un détournement et une violation des lois de sécurité aérienne. Supposons que cet avion est à court de carburant et qu’il ne peut donc arriver à destination – la réserve de l’avionnette n’était pas prévue pour couvrir ce trajet. Cela aurait pu provoquer la mort de la petite fille et d’autres personnes. Voilà pourquoi nous disons qu’il s’agit d’une loi assassine.

Mais je n’analyse pas cet incident seulement depuis notre optique. Je ferais allusion aussi aux propos de la porte-parole de l’INS concernant les mesures adoptées contre les Haïtiens. L’INS a signalé que la déportation automatique des émigrants illégaux haïtiens avait pour but d’éviter des aventures susceptibles de mettre en danger la vie des personnes et que cela constituait une préoccupation du gouvernement des États-Unis.

Lorsque ces actes sont encouragés plutôt qu’évités, ce qu’on fait c’est de sanctionner une loi qui va à l’encontre des lois cubaines et nord-américaines et des conventions internationales. Les douze conventions ratifiées à la suite des événements du 11 septembre – dont Cuba a été l’un des premiers pays signataires – qualifient de délit de terrorisme le détournement d’avions.

Cela signifie par hasard que la vie des Cubains n’a aucune valeur ? Ne peut-on pas parler dans ce cas aussi d’une préoccupation humanitaire ? Lorsque au lieu d’arrêter un action illégale et de déporter, au nom de la sécurité, les personnes qui émigrent vers les États-Unis à travers les Caraïbes, on les accepte, qu’est-ce que cela veut dire ? Je crois que les États-Unis eux-mêmes ont donné la réponse. Il faut rappeler que l’INS est lui aussi victime de cette absurde loi d’ajustement cubain.

Cela s’explique par les intérêts politiques mesquins d’un groupe. Je vous rappelle qu’à la suite des attentats abominables perpétrés aux États-Unis le 11 septembre 2001, Colin Powell a déclaré qu’on ne permettrait à aucun groupe et à aucune force d’atteindre des objectifs politiques par le truchement d’actes de violence, car ceux-ci ne sont que des actes terroristes. Voilà en quoi consiste la loi d’ajustement cubain. Derrière celle-ci se cache un groupe politique qui se sert de la mort et des risques courus par les familles cubaines à des fins politiques. Voilà pourquoi la loi elle-même est un acte terroriste, même si elle ne l’est pas apparemment. C’est une forme subtile de terrorisme car les gens meurent lentement avec l’idée qu’on est en train de les aider. Bref, nous assistons à un acte de violence politique quotidien, à savoir l’utilisation de la loi d’ajustement cubain par un groupe politique, en l’occurrence la maffia d’origine cubaine, pour poursuivre des objectifs politiques qui n’ont pu être atteints à ce jour. Tel est l’objectif de cette loi qui, je le réitère, est une loi assassine.

Randy Alonso.- Après cet acte criminel récemment survenu, après toutes les violations de ces traités signés par nos deux pays, après ces violations flagrantes de conventions internationales, comme celle souscrite en 1970, et d’autres accords portant sur la sécurité aérienne internationale, comment peut-on alors comprendre le discours du gouvernement nord-américain qui, depuis le 11 septembre 2001, encourage une croisade anti-terroriste et qui dit qu’il défend la sécurité nationale des États-Unis et qui a renforcé le contrôle des frontières de l’espace aérien des États-Unis ? Comment peut-on parler alors de sécurité nationale, de sécurité aérienne ? Comment peut-on parler de lutte anti-terroriste, après ces événements, Lázaro ?

Lázaro Barredo.- La déclaration du MINREX se pose aussi cette question, à savoir comment comprendre cette attitude du gouvernement des États-Unis à un moment où l’on consent d’énormes efforts dans ce sens ?

À la suite des événements survenus le 11 septembre, le président Bush a alloué 500 millions de dollars à la sécurité aérienne. Le gouvernement a adopté une série de décisions si l’on estime que la sécurité nationale est menacée. On a même autorisé deux généraux nord-américains à abattre des avions civils en plein vol sans consulter personne, même pas le président des États-Unis. Les appareils ne peuvent survoler certaines zones, par exemple Washington. On a même discuté la possibilité de fermer certains aéroports.

Randy Alonso.- Vu sa proximité de la Maison-Blanche, l’aéroport Ronald Reagan de la capitale a été fermé pendant plusieurs semaines.

Lázaro Barredo.- Cette politique, comme le signale la déclaration du MINREX, encourage la piraterie aérienne et le détournement d’aéronefs. Tu as déjà fait allusion aux propos de Judy Orihuela, porte-parole du FBI à Miami. Des déclarations semblables proviendront peut-être du bureau d’Héctor Pesquera, vu ses liens avec la maffia. Orihuela signalait que le FBI n’allait pas s’y mêler de la même façon qu’il ne se mêle pas aux affaires liées à la maffia, car à leur avis, il ne s’agit ni d’un détournement ni d’un acte de piraterie aérienne.

Le détournement d’un aéronef constitue selon les normes internationales un acte de piraterie.

Je cite la loi : « Le critère qui sert à différencier la piraterie du vol doit tenir compte du dommage supplémentaire causé à la sécurité publique, de son ampleur, du site et de la modalité. » Quand je parle de sécurité publique je fais allusion non pas à celle de Cuba mais à celle des États-Unis. C’est là où réside l’irresponsabilité et l’acte criminel du gouvernement des États-Unis.

Cuba dénombre trois couloirs aériens. Chaque jour, tous les sept ou huit minutes, des milliers de ressortissants nord-américains à bord de plus de 400 vols circulent à travers ces couloirs en provenance ou à destination des États-Unis.

L’année dernière ou cette année-ci, le peuple a pu voir à la télévision le reportage sur une collision entre un avion postal de DHL et un avion de passagers ukrainien détourné de son itinéraire.

Il a été prouvé que le détournement d’un aéronef dans une zone aussi fréquentée comme celle-ci peut entraîner des accidents lourds de conséquences. La politique du gouvernement des États-Unis est d’autant plus criminelle qu’elle peut compromettre la vie de leurs propres ressortissants, et ce pour s’attirer les bonnes grâces de la maffia de Miami, car les propos de Bush répondent en fin de comptes à la politique de la maffia.

La déclaration de Bush a pour but de compenser la maffia de l’argent et du soutien accordé à lui et à son frère lors des récentes élections.

Le détournement d’avions ne peut être contrecarré par une morale à deux volets. Cuba a prouvé à maintes reprises que pour empêcher des actes aussi grotesques il faut mettre en pratique des mesures réelles. Aux États-Unis, le détournement d’avions a eu un effet boomerang, car il semblait que les auteurs de tels actes choisissaient Cuba comme s’il s’agissait d’une destination touristique.

Entre septembre 1968 et décembre 1984, 71 cas de détournements d’avions en provenance des États-Unis ont été signalés à Cuba. Ces actions ont pris fin uniquement et exclusivement lorsque Cuba a dit « assez ». Depuis, 69 personnes ont été jugées et sanctionnées énergiquement par nos tribunaux. En appliquant cette mesure, Cuba a protégé les États-Unis. Pendant vingt ans, aucun avion dérouté n’a pris Cuba comme point de destination. Les auteurs de ces actes savent que les lois pénales cubaines sanctionnent énergiquement toute violation dans ce sens.

Ces actes de vandalisme se poursuivront à moins qu’il n’y ait un changement de politique.

Je réitère l’importance de la question qui figure dans la déclaration du MINREX : « Comment peut-on comprendre que le gouvernement des États-Unis met en pratique une politique qui encourage la piraterie aérienne et le détournement d’avions, lourds de conséquences, à un moment où de grands efforts sont consentis pour garantir la sécurité nationale des États-Unis et protéger leurs frontières et la navigation aérienne ? Voilà le hic.

Randy Alonso.- Je me souviens du discours prononcé le 6 octobre dernier par le commandant en chef à l’occasion de l’anniversaire du vil attentat perpétré à la Barbade, lorsqu’il a signalé que Cuba a fait preuve de sa volonté d’empêcher par tous les moyens des actes de ce genre, criminels et terroristes, dont les détournements d’avions ; qu’un accord bilatéral avait été souscrit avec les États-Unis et que seule la partie cubaine avait prouvé sa volonté d’honorer l’engagement pris. Cela prouve l’irrationalité, l’étroitesse de vues et le manque de sens éthique et moral de la politique nord-américaine à l’égard de Cuba qui met en danger la vie aussi bien de citoyens cubains que nord-américains. Cela prouve le sens éthique de ce gouvernement, dont le président permet et encourage ce type d’actes.

Merci, Lázaro.

(Visionnage de certaines images).

Lorsqu’on parle de cet acte de vol ou de piraterie aérienne qualifié d’acte terroriste par les lois internationales, récemment ratifiées par notre pays à la suite des événements survenus le 11 septembre, on se demande comment les autorités nord-américaines osent parler de lutte contre le terrorisme lorsqu’elles accueillent dans leur territoire les auteurs de ces actions. Taladrid, quelle réponse peut-on donner à ce sujet ?

Reinaldo Taladrid.- Si je ne me trompe pas, c’est Hegel, le grand philosophe allemand, celui qui a dit, dans un essai de rationalisation de l’État allemand – à propos, prussien à l’époque – que tout ce qui était réel était rationnel. Marx, pour sa part, a critiqué Hegel en signalant que pas tout ce qui était réel était rationnel.

Prenons deux exemples pour vérifier si cette attitude renferme ou non des éléments hégéliens, pour savoir si cette attitude est rationnelle ou irrationnelle.

Un incident a eu lieu après le 11 septembre 2001. Une hôtesse de l’air, très belle semble-t-il, était à bord d’un avion couvrant la route Miami-Chili. Un passager chilien, qui voulait plaisanter, a dit : « Il y a une bombe dans l’avion. » La réaction, immédiate, a été d’immobiliser le passager et de faire rentrer l’avion à Miami. Qui plus est, cette plaisanterie lui a coûté cher, car la sanction demandée était de vingt-cinq ans d’emprisonnement.

Lázaro Barredo.- La bombe, c’était l’hôtesse (rires).

Reinaldo Taladrid.- La bombe est tombée sur lui. La bombe est lancée en l’occurrence par l’État nord-américain qui prend des mesures dans le cas d’un incident lié à une bombe, à un avion et à la vie des personnes qui se trouvent à bord. Voilà l’essence, protéger la vie des personnes qui pourraient être exposées à l’explosion d’une bombe.

C’est là où se trouve peut-être l’élément hégélien, rationnel, de l’histoire. Cependant, quel est le sort de deux personnes qui ont posé une bombe dans un avion et assassiné des dizaines de personnes ?

Luis Posada Carriles, où est-ce qu’il se trouve ? Au Panama, au milieu d’un procès judiciaire monté de toutes pièces où il jouit d’une liberté presque absolue. Sa défense, ses mouvements, sont payés avec de l’argent provenant des États-Unis, du bureau d’Alberto Hernández, apporté par Santiago Alvarez et par d’autres personnages connus. Autrement dit, qu’il reçoit de l’argent en provenance des États-Unis, envoyé par des ressortissants nord-américains régis par la même logique et les mêmes lois selon lesquelles on avait demandé vingt-cinq ans de prison au Chilien pour la seule raison de dire une plaisanterie. Mais rien ne se passe, personne ne lui demande des explications pour avoir placé une bombe réelle dans un avion et pour avoir assassiné des dizaines de personnes.

Orlando Bosch, où se trouve-t-il ? À Miami, où une journée lui est consacrée. Personne ne le dérange. Il participe à des activités publiques, voire en compagnie de hautes personnalités de l’état de la Floride et de la nation. Cet homme a placé une bombe dans un avion et assassiné des dizaines de personnes.

Que reste-t-il alors de la logique qui a sous-tendu la demande de vingt-cinq ans d’emprisonnement ? Est-ce que l’État nord-américain exige à Luis Posada Carriles et à Orlando Bosch – le premier, emprisonné au Panama, mais financé depuis Miami par des ressortissants nord-américains résidant aux États-Unis et, le deuxième, jouissant d’une liberté absolue aux États-Unis -, ainsi qu’à ceux qui les financent et les encouragent de répondre des assassinats, des morts, de l’avion, de la bombe ? Le gouvernement nord-américain ne leur demande rien.

La rationalité réside peut-être dans le fait que cette attitude irrationnelle vis-à-vis de deux assassins auxquels personne n’exige rien ne peut être expliquée que par des raisons qui n’ont rien à voir avec la raison humaine la plus

élémentaire, indépendamment de toute considération politique.

Quel est donc le rôle de la loi ? Quel est donc le rôle d’un ministère public qui doit agir d’office contre les coupables des délits prouvés ? Y a-t-il un minimum de respect à l’égard des victimes ? Peut-on parler alors de lutte contre le terrorisme ? De quelle morale peut-on parler lorsqu’il s’agit d’empêcher que les avions soient utilisés comme des missiles – comme cela s’est passé le 11 septembre – ou qu’ils explosent en plein vol ? C’est bien là un cas de morale à deux volets, de deux poids deux mesures, d’un manque absolu de morale, sans parler de la rationalité ou de l’irrationalité de l’attitude. Il s’agit d’une attitude irrationnelle, complice et, en fin de comptes, assassine, parce qu’engendrée par cette politique.

Le terme maffia englobe tous ceux qui vivent en marge des lois. On fait partie de la maffia, lorsqu’on vit en marge des lois. Ces gens qui financent Posada Carriles et qui consacrent une journée à Orlando Bosh vivent en marge des lois, car ils sont des complices de deux assassins qui doivent être condamnés et incarcérés en tant qu’organisateurs et auteurs directs d’un assassinat massif et affreux.

L’absence de réaction de la part des autorités encourage la maffia à poursuivre ses actions.

N’oublions pas que nous avons dénoncé ici en 2000 les plans peaufinés en Amérique centrale, notamment en El Salvador, dans le but de placer, encore une fois, une bombe dans un avion commercial. Qui étaient les auteurs ? Les fils de cette politique, des ressortissants nord-américains établis aux États-Unis et assistés par des complices centre-américains.

Récemment, lors d’un forum sur Internet, notre ministre des Relations extérieures, Felipe Pérez Roque, a déclaré qu’il avait informé les autorités nord-américaines d’un nouveau plan, parmi bien d’autres, consistant à placer une bombe dans un des avions charter qui couvrent la route Miami-La Havane. Cette politique a toujours été très active. Elle encourage ces assassins et cette maffia.

Ces faits sont irrationnels.

Randy Alonso.- Cela met en évidence la morale à deux volets de ce gouvernement, qui se veut défenseur de la lutte anti-terroriste à l’échelle mondiale, qui parle de la défense de la sécurité nationale du peuple nord-américain et qui accueille dans son pays les acteurs des détournements d’avions et, pire encore, les terroristes responsables de l’un des actes les plus abominables de terrorisme dans l’aviation civile mondiale, ce qui montre le degré d’absurdité de cette politique.

Face à cette irrationalité, à cette haine viscérale, reflétée par une politique aussi criminelle que la loi d’ajustement cubain, Cuba a maintenu une position constructive et honnête, respecté les accords migratoires et, notamment, tenté de résoudre la question des émigrations illégales, thème qui préoccupe aussi bien le peuple cubain que celui des États-Unis.

Rogelio Polanco.- Cette question, à savoir l’émigration, est largement débattue aux États-Unis. Cette société, basée sur l’émigration, reçoit aujourd’hui des milliers d’immigrants venant du monde entier. Aussi, l’émigration est-elle au cœur même du débat politique au sein des États-Unis.

Dans le cas de Cuba, ce pays s’oppose à débattre la question migratoire d’une façon civilisée et rationnelle. Cuba, pour sa part, honore les accords migratoires et les conventions internationales. Qui plus est, Cuba propose sa coopération aux États-Unis. Les États-Unis violent les accords, alors que Cuba continue de les respecter, dénonce l’inaccomplissement de ceux-ci et propose de nouvelles réglementations et de nouveaux accords bilatéraux pour combattre le trafic illégal de personnes, un problème en plein essor qui accable les autorités nord-américaines. Cela s’inscrit dans le cadre de la coopération que Cuba est prête à donner en matière de lutte contre le terrorisme et contre le trafic des stupéfiants, offre rejetée par les autorités nord-américaines.

Le peuple nord-américain doit savoir que ses autorités refusent la coopération d’un pays voisin qui propose de résoudre bilatéralement ces questions qui constituent actuellement des fléaux au niveau mondial. Les États-Unis continuent de mentir. Au lieu de coopérer, ils proposent de combattre Cuba, de laisser la politique extérieure par rapport à Cuba entre les mains de terroristes, de menteurs comme Otto Reich. Par ailleurs, ils gâtent et encouragent la maffia terroriste de Miami qui monopolise cette politique.

Comme on peut le constater, les plus hautes autorités de ce pays, dont le président lui-même, encouragent dans leurs déclarations publiques cette politique, le détournement d’avions, l’émigration illégale par n’importe quel moyen, indépendamment des délits commis, c’est-à-dire, les plus hautes autorités sanctifient cette morale à deux volets qui ne peut être qualifiée que de politisée, unilatérale et criminelle.

Cela crée une contradiction irréconciliable au sein de l’opinion publique nord-américaine et internationale, raison pour laquelle le gouvernement nord-américain demeure attaché à une politique semblable à celle qui prévalait à l’époque de la guerre froide. Nous savons que la guerre froide contre Cuba n’as pas encore pris fin, que Cuba est victime d’une politique caduque, ratée et qui est dépourvue d’arguments moraux, éthiques ou légaux.

Quel est le sens alors de la responsabilité de ces autorités qui continuent d’insister sur cette politique ratée ? Quand vont-elles comprendre que les chants de sirène utilisés pour attirer les citoyens cubains par n’importe quelle voie, y compris la mort des personnes, ne vont pas détruire la Révolution, ne vont pas contribuer au succès de cette politique ?

Je réitère qu’il n’existe aucune préoccupation à l’égard de la vie humaine, car derrière cette politique on trouve les mandataires de l’empire et de la maffia qui ont fait de Miami la capitale du terrorisme, de la corruption, de la fraude et de la pauvreté aux États-Unis et qui se servent de ces faits et des immigrants illégaux cubains – de simples instruments de propagande abandonnés par la suite à leur sort - pour mener leurs campagnes contre la Révolution. Cette philosophie explique des faits comme celui divulgué ces dernières semaines par divers organes de presse du sud de la Floride et qui sont liés à ces chants de sirène. Ces faits permettent de voir le traitement réservé aux Cubains arrivés illégalement aux États-Unis lorsqu’ils ne sont plus utiles.

Je vais lire textuellement la nouvelle :

« Un groupe de Cubains et de Colombiens ont enterré hier un couple de balseros, dont les corps, faute d’argent pour les obsèques, sont restés pendant trois mois dans un établissement de pompes funèbres. Les corps ont été livrés après avoir payé à l’entreprise de pompes funèbres Nacional 3 826 dollars. Le directeur du cimetière catholique a donné le terrain nécessaire et payé les services d’un prêtre. Ce couple faisait partie des réfugiés de la base de Guantánamo. Ils sont morts il y a trois mois à cause d’un accident de la route lorsqu’ils se dirigeaient vers Orlando en compagnie de leur fille de 4 ans.

« La mort du couple a constitué un véritable drame. Une cousine de la mère a pris en charge la petite, mais comme celle-ci n’a jamais été reconnue par le père, le Département des enfants et des familles veut lui arracher la petite. »

Cela prouve que Miami est une ville décadente, foncièrement injuste où l’on arrive même à s’acharner sur les morts. Telle est en fin de comptes la ville que la maffia a séquestré pour matérialiser ses intérêts mesquins et qu’elle essaie de présenter comme une vitrine.

Aussi, ne pouvons-nous nous lasser de demander la cessation de la loi assassine et terroriste d’ajustement cubain qui sème l’horreur et la mort parmi les citoyens de notre pays et qui encourage d’ailleurs la piraterie et le détournement d’avions dans le cadre de la politique hypocrite, illégale, préméditée, criminelle et cynique du gouvernement des États-Unis.

Randy Alonso.- Suivant le Serment de Baraguá, notre peuple est décidé de poursuivre la lutte contre la loi d’ajustement cubain et contre tous les avortons que le gouvernement des États-Unis tente d’imposer à notre pays dans le cadre de sa politique absurde de blocus et d’agression à l’encontre de notre peuple.

Je remercie les membres du panel et les invités.

Compatriotes,

Un nouvel acte de piraterie aérienne a été commis sous l’influence de la loi assassine d’ajustement cubain, avec le soutien et la complicité du gouvernement des États-Unis.

Isolés dans leur politique d’agression contre Cuba, condamnés par 173 pays à l’Assemblée générale des Nations Unies, en raison de leur criminel blocus contre notre peuple, remis en question par l’opinion publique nord-américaine à cause de leur politique irrationnelle à l’égard de notre pays, la maffia terroriste anticubaine et le gouvernement des États-Unis s’accrochent à la loi d’ajustement cubain en tant qu’arme politique pour combattre la Révolution, en tant que spectacle anticubain grossier et en tant que prétexte pour justifier leurs agressions contre notre peuple.

Comment peut-on comprendre que le président des États-Unis lui-même, qui essaie de s’ériger en tant que défenseur de la lutte anti-terroriste mondiale et de la sécurité nationale des États-Unis, encourage avec ses déclarations les actes de piraterie aérienne et les détournements d’avions, condamnés par la communauté internationale ?

Comment expliquer aux familles des victimes de l’acte abominable du 11 septembre, dont les conjoints, les fils ou les proches sont morts à la suite d’un acte terroriste de détournement d’aéronefs que la fameuse politique de sécurité nationale, dont fait étalage le gouvernement, peut être violée impunément par des émigrants illégaux en provenance de Cuba dans le cadre d’une politique mesquine menée contre notre peuple ?

Cuba, qui a honoré les accords migratoires de 1994 et 1995, a proposé à maintes reprises aux autorités nord-américaines la conclusion d’accords concrets permettant de faire face au terrorisme et à l’émigration illégale. Les autorités des États-Unis ont rejeté ces accords qui auraient des effets favorables sur les peuples nord-américain et cubain.

Comme l’a signalé la déclaration du ministère des Relations extérieures, Cuba exige le rapatriement des auteurs de l’acte et de l’aéronef cubain et exhorte le gouvernement nord-américain à mettre un terme à la loi d’ajustement cubain.

Notre peuple luttera inlassablement contre cet avorton assassin et terroriste et fera face courageusement aux agressions et aux mensonges du gouvernement du puissant voisin du Nord.

La lutte continue !

Bonsoir.