Qui sont les véritables terroristes ? Table ronde tenue aux studios de la télévision cubaine le 24 mai 2002, « Année des héros prisonniers de l’empire »

 

(Version sténographique – Conseil d’État)

 

Randy Alonso.- Bonsoir, chers téléspectateurs et auditeurs.

Notre peuple a, pendant plus de quatre décennies, été victime de sabotages affreux, d’attaques traîtres perpétrés contre des installations économiques et sociales, d’actes de banditisme, d’invasions mercenaires, de guerre biologique, de menaces militaires et d’une centaine d’actes terroristes organisés et financés par les différentes administrations nord-américaines.

Participent à cette table ronde les compañeros Reinaldo Taladrid, journaliste du système informatif de la télévision cubaine ; Jorge Ovies, directeur de l’Institut de recherches de santé végétale ; Lázaro Barredo, journaliste de Trabajadores ; Manuel Hevia, directeur du Centre de recherches historiques de la sûreté de l’État ; José Pérez Fernández, chercheur du ministère de l’Intérieur qui a fait office d’expert lors de la demande du peuple cubain contre le gouvernement des États-Unis ; José Luis Méndez, chercheur du Centre de recherches historiques de la sûreté de l’État ; Arleen Rodríguez Derivet, éditeur de la revue Tricontinental et Eduardo Dimas, journaliste et commentateur international du système informatif de la télévision cubaine.

Des membres du ministère du Commerce extérieur, des Investissements étrangers et de la Coopération économique et de l’Intérieur nous accompagnent aussi en tant qu’invités.

(Visionnage de certaines images)

Randy Alonso.- Voilà à peine quinze jours le sous‑secrétaire d’État nord-américain John Bolton a vilement accusé Cuba de pratiquer le terrorisme biologique.  Tous les Cubains ont certainement rappelé avec indignation les agressions biologiques perpétrées par les États-Unis contre notre nos animaux, nos plantations et notre peuple.

Cette histoire fait partie des actions meurtrières menées contre notre peuple, rappelées au cours de ces trois tables rondes intitulées Qui sont les véritables terroristes ?  Le compañero Jorge Ovies nous présentera un résumé sur la guerre biologique livrée contre Cuba.

Jorge Ovies.- Ce sujet a été largement débattu lors d’une table ronde instructive organisée le 8 décembre 2000.  Nous sommes cependant obligés d’y revenir étant donné que les agresseurs nous accusent de pratiquer le terrorisme biologique.

Je tiens tout d’abord à faire allusion à certains éléments communs aux agressions perpétrées contre les plantes et les animaux.

Un point commun est à signaler, à savoir que les épidémies et les maladies exotiques ont toujours fait apparition à un moment où le pays menait à bien d’importants programmes de développement agro-pastoral.  Dans certains cas, aucune réponse scientifique n’a pu être trouvée pour expliquer l’apparition de ces fléaux qui n’obéissaient à aucune norme de distribution naturelle.  Dans d’autres cas, on a pu vérifier qu’ils avaient été introduits intentionnellement.

Suivant un ordre chronologique, je vais vous présenter un bref résumé sur les maladies, les cultures et les animaux touchés et l’année d’apparition.

En ce qui concerne les plantations, citons la rouille de la canne, en 1968 ; la moisissure bleue du tabac, en 1979 ; la broca du café, en 1995 ; le Thrips palmi, parasite polyphage qui attaque des cultures telles que les pommes de terre, les haricots, les piments, les concombres, les haricots verts et les aubergines, en 1996 et l’acarus du riz, en 1997.

En ce qui concerne les animaux, il faut mentionner la maladie de New Castle qui a touché les volailles en 1962 ; la peste porcine africaine, en 1971 et en 1980 ; la pseudodermatose nodulaire bovine, en 1981 ; la mammite ulcérative de la vache, en 1989 ; la maladie hémorragique virale du lapin, en 1993, et la varroase des abeilles, en 1996.

À titre d’exemple, je vais énumérer certains de ces parasites et maladies, caractériser leurs différentes manifestations et faire des commentaires sur les dommages causés.

Faisons tout d’abord allusion à la broca du café, important poste d’exportation.  La maladie a été détectée en 1995, à un moment où le plan Turquino, entamé quelques années auparavant, se développait dans nos montagnes.

Il s’agit d’un parasite monophage qui n’attaque que la plante hôte.  Le cycle de vie des larves et des adultes a lieu à l’intérieur des graines de café.  Son rang de vol est limité, raison pour laquelle il est transporté par l’homme.  La broca, qui peut toucher 80% de la récolte, avait fait son apparition en Jamaïque en 1978, au Mexique, en 1980 et à Porto Rico, en 1983.  On comptait alors un programme de prévention que l’on mettait à jour en cas d’apparition du parasite dans un pays voisin.  On avait même prévu les éventuels sites d’apparition, liés au trafic normal de certains produits.  Ces produits faisaient l’objet d’une inspection régulière.  Or ces prévisions se sont effondrées avec l’apparition du parasite dans le massif montagneux qui s’étend sur les communes Guamá (Santiago de Cuba) et Buey Arriba et Bartolomé Masó (Granma), dans des zones voisines des caféiers.

Les études systématiques effectuées avant 1995 ont prouvé l’absence de ce parasite.  Cela est d’autant vrai que fin 1994 on a été contraint de réviser pratiquement toutes les plantations de café du pays en raison d’une tache visible sur les graines de café destiné à l’exportation.  Il aurait été alors très facile de détecter les graines touchées par la broca.  On peut donc affirmer que cette épidémie a surgi en 1995.

On a pu prouver que la broca ne s’était pas répandue à d’autres endroits et que l’homme était la seule voie d’introduction.

Les pertes causées se sont montées à 48,2 millions de dollars et les dommages à titre de dépenses annuelles sont de l’ordre de 21,4 millions.

Thrips palmi, pour sa part, attaque des cultures essentielles à l’alimentation humaine.

Randy Alonso.- On a pu démontrer que le Thrips palmi a été introduit à Cuba par un avion de fumigation qui survolait le territoire national.  Cet avion a été détecté par un aéronef de Cubana de Aviación qui se dirigeait vers la région orientale.  La maladie a attaqué les plantes de la région en question, ce qui prouve l’agression biologique contre notre peuple.

Jorge Ovies.- D’autre part, cet avion, immatriculé au registre d’aéronefs civils des États-Unis était opéré par le Département d’État.

Les premières manifestations du Thrips palmi ont été décelées le 18 décembre 1996 dans une plantation de pomme de terre dans la zone survolée par l’avion susmentionné.  La présence d’autres épidémies et les caractéristiques de la culture ont permis de démontrer que le Thrips venait de faire son apparition.

Les pertes causées par cette maladie se sont chiffrées à 32,4 millions de dollars et les dommages au titre de dépenses annuelles ont été de l’ordre de 2,9 millions.  Le contrôle de la maladie dans la culture de la pomme de terre a représenté des dépenses pour deux millions de dollars.

Randy Alonso.- Vous parlez de dépenses annuelles ?

Jorge Ovies.- Oui.  Précisons qu’indépendamment de sa nocivité, la maladie a pu être enrayée grâce au travail des centres de recherche et des producteurs.

Randy Alonso.- Un grand nombre de chercheurs et de centres de recherche ont participé à la lutte contre ce terrible fléau.

Jorge Ovies.- Chaque attentat est contrecarré par un travail interdisciplinaire et multi-institutionnel.

L’acarus du riz a fait son irruption en septembre 1997 dans une ferme de semences de la commune Nueva Paz, à un moment où l’on essayait d’impulser la culture du riz dont on connaît l’importance pour le ravitaillement de nombreuses entreprises, familles et coopératives.

L’acarus provoque l’apparition de taches et de trous sur les grains et facilite l’entrée d’une moisissure, à savoir sarocladium oryzae qui existait déjà mais sans provoquer des dommages.   L’acarus pourrit l’enveloppe du riz.  On parle du complexe acarus-moisissure.

Cette épidémie, qui n’existait pas dans le continent américain, n’avait été signalée qu’à Taïwan et en République populaire de Chine voilà plus de 20 ans.  Cuba ne disposait pas alors un programme de surveillance.  Nos programmes de surveillance ne visent que les épidémies qui portent préjudice aux cultures voisines.

Randy Alonso.- C’est-à-dire dans les Caraïbes et en Amérique centrale.

Jorge Ovies.- Aucune prévision ne laissait entrevoir qu’une épidémie comme celle-ci pouvait se déplacer de l’Asie vers une ferme de semences de riz à Cuba.

Disons que l’acarus ne peut être transmis par des semences botaniques.  Cuba importe des semences qui font par la suite l’objet d’une quarantaine, mais jamais des plantes.  L’insecte peut parcourir de longues distances ce qui explique son expansion rapide tout au long du pays.  Or son arrivée à Cuba, à un moment où le programme de culture de riz s’étendait sur le territoire cubain, n’a aucun fondement scientifique.

Les pertes directes se montent à 24,3 millions de dollars et les dommages à titre de dépenses annuelles sont de l’ordre de 20 millions de dollars.

Dans le cas des animaux, nous avons apporté l’exemple de la maladie de New Castle, apparue en 1962, lorsque l’élevage intensif des volailles commençait à se développer.  Le taux de mortalité des volailles s’est alors monté à 80%.

On a pu d’ailleurs prouver qu’un vaccin contaminé avait provoqué cette épidémie.

Analysons maintenant la première poussée de peste porcine précisément en 1971, année de création du Combinat national porcin et du développement à La Havane d’un plan spécial pour cette activité.  Ce fut précisément à La Havane où cette maladie a fait son apparition.  Un demi million de porcs ont dû être abattus à cause de cette maladie d’origine africaine dont la présence n’avait pas été signalée dans l’hémisphère.

La deuxième poussée de peste porcine africaine a eu lieu en 1980 dans la province de Guantánamo.  L’objectif était de l’introduire dans les montagnes, ce qui aurait été impossible après son éradication.  On a également réussi à enrayer cette maladie à un coût de 300 000 animaux abattus.

Le virus était en l’occurrence présent mais son comportement différait de celui constaté en 1971, ce qui met en évidence sa manipulation en vue de confondre nos systèmes de diagnostic, mis en place depuis l’épidémie survenue en 1971.

Randy Alonso.- En 1971, on a lutté contre un type d’épidémie.  Puis, on a essaye d’introduire une nouvelle variété.

Jorge Ovies.- C’était le même virus mais modifié du point de vue pathogène.

Randy Alonso.- Exact.

Jorge Ovies.- Le travail de diagnostic a été difficile.

Randy Alonso.- On savait à l’époque que des laboratoires nord-américains faisaient des recherches sur le virus qui provoque la peste porcine africaine.  Ce n’était donc pas par hasard que l’épidémie ait apparue dans un territoire comme celui de Guantánamo.  Le virus pouvait alors s’étendre aux montagnes de l’est du pays.

Jorge Ovies.- Sur ces deux cas, il existe un gros dossier qui met en évidence la participation des services spéciaux et des groupes contre-révolutionnaires basés aux États-Unis.

Ces exemples nous permettent d’identifier les véritables terroristes biologiques.

Randy Alonso.- Cela confirme que les coupables tentent de rejeter la responsabilité sur les victimes de la guerre biologique mijotée contre le monde à Fort Detrick et dans d’autres laboratoires nord-américains, en particulier, contre Cuba pendant plus de 43 ans de Révolution.

Merci, Ovies, de vos commentaires.

L’agression biologique contre notre pays a enlevé la vie de nombreuses personnes, y compris des enfants et des femmes enceintes.

L’épidémie de la dengue introduite à Cuba en 1981 a été l’un des actes d’agression malhonnêtes perpétrés contre notre peuple.  Arleen Rodríguez Derivet nous en parlera.

Arleen Rodríguez.- Merci, Randy.  Je tiens tout d’abord à saluer les personnes ici présentes, les téléspectateurs et les auditeurs.

Il s’agit certes là de l’agression la plus abominable qu’on ait jamais commis contre notre pays.  Pour nombre de personnes, cela fait partie de l’histoire.  Or, pour presque un demi million de familles cubaines, cela fait partie d’une douleur, d’une angoisse qui a duré quatre mois, à savoir du 1er juin au 10 octobre 1981, date à laquelle le dernier cas a été rapporté.  344 203 cas ont été signalés, dont plus de 30 000 accompagnés d’hémorragie et plus de 10 000 accompagnés de fièvre hémorragique et de choc, la cible étant notamment les enfants.  Dans le cas des enfants, la maladie était mortelle.  158 foyers cubains déplorent la perte d’un de leurs membres du fait de cette agression terroriste.  Ces informations sont contenues dans le chapitre VII de la demande du peuple de Cuba contre le gouvernement des États‑Unis.  101 foyers pleurent la mort d’un enfant qui aurait aujourd’hui 20 ou 30 ans et qui ferait partie de cette jeunesse qui récolte les fruits de la Révolution.

Pourquoi affirmons-nous que c’est une agression terroriste ?  Dans ce cas, à l’instar de bien d’autres, il y a suffisamment de preuves qui nous permettent d’assurer qu’il s’agit d’une agression biologique.

Disons en premier lieu que la dengue 2 était seulement rapportée à l’époque au Sud-Est asiatique, bien éloigné d’ailleurs de notre pays.  On a connu plus tard que la souche identifiée comme agent de transmission de la dengue hémorragique n’existait pas dans le monde.  Il s’agit donc d’une souche de laboratoire.

Lors d’une table ronde, Rosa Elena Simeón rappelait que les scientifiques affirmaient à l’époque que cela ressemblait beaucoup à une agression biologique.  Autrement dit, toutes les preuves confirmaient ce fait.

Les recherches menées à l’époque et ultérieurement ont mis en évidence qu’il s’agissait bel et bien d’une agression biologique contre l’être humain mais, en particulier, contre les enfants dans le but évident de semer la panique.

D’autres éléments prouvent que cet acte de bioterrorisme était plus affreux, à savoir que la maladie a simultanément apparu dans toutes les provinces sauf dans la base navale de Guantánamo, située sur le territoire cubain.  Pourquoi ?  Tout simplement parce que les États-Unis et l’armée nord‑américaine elle-même ont publiquement signalé qu’ils comptaient un vaccin pour combattre cette maladie et que les résidents de la base navale avaient été vaccinés.

Les enquêtes ont d’ailleurs fourni d’autres éléments.  On sait qu’à Fort Detrick, laboratoire consacré à l’étude d’armes biologiques, on reproduisait des moustiques afin de répandre la fièvre jaune, la dengue et l’anthrax.  Ce même laboratoire a aussi fait des études sur d’autres pathologies.  Pendant la guerre froide, on a même essayé d’introduire en URSS la fièvre jaune.  Comme on le sait, ces plans n’ont pu se matérialiser, mais le plan envisageait la possibilité de répandre cette maladie dans un endroit aussi éloigné que l’URSS.

Lors d’un procès tenu à New York, en 1984, le terroriste Eduardo Arocena, accusé d’un autre délit, a déclaré sans rougir qu’il avait été l’un de ceux qui avaient introduit la dengue 2, la plus meurtrière, dans notre pays.  Seul dans le Sud-Est asiatique, des millions de cas, dont des centaines de milliers de morts, ont été signalés.  Les dommages ont été moindres ici, et ce grâce à l’existence d’une société organisée, d’un système de santé, de la mobilisation des masses – qui a récemment participé au travail réalisé pour éradiquer en 70 jours une nouvelle épidémie -, et d’un concept de défense de la Révolution selon lequel l’être humain et, notamment, les enfants, constituent la richesse la plus appréciée.

Le témoignage d’Arocena, présenté lors de la Demande du peuple de Cuba au gouvernement des États-Unis, confirme que les groupes de soutien basés à Cuba avaient introduit le germe du virus de la dengue hémorragique.

Randy Alonso.- Il faut dire à ce sujet qu’Arocena était le meneur de l’organisation contre-révolutionnaire Omega 7, l’une des plus ténébreuses à cette époque-là, responsable de dizaines et dizaines d’attentats à la bombe, de sabotages contre différentes installations, voire sur le territoire nord-américain.  Il a été condamné aux États-Unis pour les actions y entreprises.

Arleen Rodríguez.- Arocena a été condamné pour certains de ces attentats.  Or il n’a été ni jugé ni condamné pour l’introduction du virus de la dengue.  Sa confession a confirmé le seul élément qui manquait en ce qui concerne l’épidémie de dengue hémorragique qui a bouleversé le pays pendant quatre mois.  Comme on l’a très bien expliqué lors d’une autre table ronde, on luttait contre une maladie et une variante de la dengue inconnues.  Cette lutte était presque un acte d’impuissance.

Il faut rappeler – et les témoignages rendus publics aussi bien par la Demande du peuple de Cuba que par la presse cubaine de l’époque – que la mobilisation du peuple a été décisive.  À Holguín, une doctoresse racontait qu’une mère est entrée dans son cabinet accompagnée de deux enfants, l’un entre ses bras et l’autre pris par la main, tous deux vomissant du sang.

Un médecin a déclaré ici qu’il a dû travailler sans repos pendant de longues heures.  Il nous a d’ailleurs expliqué qu’il a même dû traiter 20 enfants en état de choc et qui vomissaient du sang.

Les secrétaires des hôpitaux, à la fin de leur tour de travail, se consacraient au nettoyage, car ces installations étaient remplies de personnes toute la journée, à tel point qu’il a fallu transformer des écoles en hôpitaux.

Les personnes qui avaient des enfants à cette époque, des familles très jeunes, rappelleront l’angoisse dans laquelle elles vivaient de peur que leurs enfants ne tombent malade et ne meurent.

Des hôpitaux, des instituts comme l’Institut Pedro Kourí et d’autres institutions voient le jour.  De nouvelles expériences telles que celle de la mère en tant qu’infirmière, l’une des plus émouvantes, sont mises en pratique.  Cela prouve la capacité de la Révolution de faire face aux agressions biologiques.

Un jour, Fidel a signalé que la meilleure infirmière c’est la mère.  La participation populaire et la solidarité ont été mises à l’épreuve pendant la lutte contre la dengue hémorragique.

Seule une société organisée, solidaire et humaniste est capable de faire une telle prouesse.  Dans n’importe quel pays du tiers monde ou de l’Amérique latine, cette maladie aurait causé des centaines de milliers de morts.

Il faut aussi faire allusion à l’énorme capacité scientifique développée, ce qui a permis d’identifier rapidement la cause du mal, une capacité mise aujourd’hui en question.  C’est pour cette raison peut-être que d’aucuns osent, dans un acte fébrile d’agressivité contre notre pays, croire que ce pays est capable de livrer une guerre biologique, un pays qui a souffert dans sa chair le terrorisme biologique.

Qui peut ignorer qu’il n’y a aucun plaisir comparable à celui de mettre au monde un enfant et qu’il n’y a aucune douleur comparable à celle de le perdre ?  En 1981, cependant, 101 familles cubaines ont perdu le plus cher à elles.  Il ne faut pas non plus oublier l’angoisse éprouvée par la population cubaine devant ce drame.

Les efforts déployés par la Révolution et les acquis remportés nous ont permis récemment d’enrayer l’épidémie en 70 jours, de faire du revers une victoire.  Cela met en évidence que la capacité développée se trouve dans la principale arme de la Révolution, une arme certainement biologique, à savoir l’être humain.  L’être humain est capable de grandir dans les circonstances les plus adverses et de vaincre les bioterroristes, les véritables terroristes qui, voilà précisément 21 ans, ont semé la douleur dans les foyers cubains qui pleurent encore l’absence d’un enfant qui ne sourira jamais.

Randy Alonso.- C’était vraiment une action canaille, une tentative de semer la terreur au sein de notre peuple et l’incertitude de ne plus savoir qui serait la prochaine victime.

J’était petit à l’époque mais mes parents me disaient que Fidel ne dormait pratiquement pas, qu’il visitait les hôpitaux et les enfants et qu’il travaillait inlassablement pour ouvrir des salles de soins intensifs dans tous ces hôpitaux.

Arleen Rodríguez.- Je vais faire maintenant allusion à une anecdote racontée par une doctoresse d’un hôpital de San Miguel del Padrón, selon laquelle un enfant, en s’apercevant de la présence de Fidel, s’est penché au dehors de la tente à oxygène, a fait le salut des pionniers et lui a dit : « Commandant en chef, à vos ordres ! »  Ce n’était pas un mot d’ordre scandé à un moment dramatique.  Il n’y a qu’une explication à cela, à savoir que Fidel avait dit qu’un seul enfant ne pouvait plus mourir à Cuba.

Devant cette douleur terrible et devant l’angoisse de voir la vie d’un enfant menacée, le peuple a grandi comme jamais auparavant.  S’il est vrai qu’il s’agissait là d’un des chapitres les plus abominables de l’histoire du terrorisme contre Cuba, il est tout aussi vrai que c’était l’un des chapitres les plus beaux en ce qui concerne l’épanouissement spirituel et la capacité intellectuelle de Cuba de faire face à ces agressions affreuses.

Randy Alonso.- Selon des témoignages offerts ici par des médecins, le personnel de santé a fait preuve d’un dévouement sans pareil.  Les médecins et les infirmiers dormaient à peine dans leur aspiration de sauver des vies, notamment celles des enfants.  C’est alors qu’on a décidé d’élargir et de moderniser l’Institut de médecine tropicale (IPK).  C’était la bataille du peuple tout entier.  On peut dire autant de la bataille qu’on a livré récemment qui a permis d’éliminer la transmission de la dengue et de réduire au minimum la présence de moustiques Aedes Aegypti, et ce dans un délai de 70 jours.  Dans ce dernier cas, la lutte, dirigée de façon permanente par Fidel, a été livré avec le concours des médecins de la communauté, d’une science plus perfectionnée et d’une population beaucoup plus éduquée et préparée.

D’où la douleur qu’on éprouve lorsqu’on lit que les congressistes anticubains mènent à bien une campagne aux États-Unis pour essayer de libérer Eduardo Arocena qui a avoué être l’un des auteurs matériaux de l’introduction de la dengue dans notre pays, ce qui a provoqué la mort de plus de 150 personnes, dont 101 enfants.  Arocena a été d’ailleurs l’un des agents engagés par le gouvernement nord‑américain pour commettre cette vile action contre notre peuple.

Il convient de rappeler les témoignages fournis lors de la Demande à titre des dommages humains du peuple cubain contre le gouvernement des États-Unis par la compañera Mauria Herrera Lobato, infirmière de l’hôpital pédiatrique de Centro Habana pendant l’épidémie et qui a vu mourir l’une de ses nièces dans ce même établissement de santé.

Mauria Herrera.- Ma nièce de 5 ans, Seagne Herrera Suárez, résidait à Guantánamo.  Elle est venue passer ses vacances chez moi ici à La Havane.  L’après-midi de son arrivée, sa mère me dit que la petite avait un peu de fièvre.  Je lui recommande de prendre sa température avec un thermomètre.  Ensuite, on l’emmène à l’hôpital pédiatrique où elle subit les examens pertinents.  Le médecin nous conseille de l’observer.  Puis, on rentre chez nous.  Le soir, aucun problème, pas de fièvre.  Le lendemain matin, avant de partir pour mon centre de travail, je dis à mon frère qu’en cas de complication il fallait emmener la petite à l’hôpital.  Vers 10 heures du matin du 14 juillet, la fille est conduite à l’hôpital où le médecin lui fait encore une fois les examens correspondants.

Mon frère me dit que la petite avait fait de la fièvre, à peu près 38,04, 38,30.  Après l’avoir examinée, le médecin des services d’urgence décide de l’hospitaliser.  Selon la mère, la fille était affaiblie.  Cependant, elle courait comme si de rien n’était.

L’après-midi du 15 juillet, la fille fait encore un peu de fièvre.  Le soir, elle est transférée à la salle de soins intensifs où elle tombe en état de choc.  J’était dans une autre salle lorsqu’on me dit qu’il y avait une fille très grave dans la salle Agramonte.  Je ne pense pas à elle, car elle n’était pas grave.

Les efforts des médecins et des infirmiers ont été mis en fonction de la fille qui est morte le 16 juillet à 6 heures du matin.

Ce même jour, notre commandant en chef, qui avait visité l’hôpital à maintes reprises, arrive et constate le mouvement.  Il demande des détails et on lui dit que la nièce d’une travailleuse de l’hôpital était morte.  J’étais dehors avec la mère de la fille, nous pleurions.  Mes camarades nous donnaient leurs condoléances.  S’approchant de nous, le commandant a mis sa main sur mon épaule et fait un geste de rage.  Là, nous pleurions tous.

Mon frère, qui n’avait que cette fille, a fait une crise des nerfs.  Alors que la mère et moi pleurions, mon frère a quitté l’hôpital en courant.  Hors de lui de douleur, mon frère s’est roulé par terre.  On l’a emmené à l’hôpital d’urgence où on lui a appliqué une injection, après quoi il a pu se calmer un peu.  Le corps de la fille a été plus tard transféré à Guantánamo où les obsèques ont eu lieu.  La mort de la petite nous a énormément touchés.  On a ensuite conduit le père et la mère de la fille à l’hôpital pour les tranquilliser un peu.

À la maison, il s’est endormi.  Le lendemain matin, il s’est réveillé très altéré.  Il a mis le feu au berceau de la petite, à ses vêtements.  Il s’est brûlé les mains et les cuisses.  On l’a conduit immédiatement à l’hôpital où un psychiatre l’a traité.  Il n’a pas encore pu s’en rétablir.  J’aurais voulu qu’il aurait pu fournir des témoignages ici, mais il ne cesse pas de pleurer.  Son cou est couvert de taches.  La mère, elle, a été incapable de s’incorporer à son travail.  Les deux sont très susceptibles, ils pleurent pour n’importe quoi.  Même aujourd’hui, la mort de la fille les fait beaucoup de mal.  Mon frère, le cadet de la famille, qui était très gai, est toujours triste.  Chaque fois qu’il voit une fille du même âge que sa fille, il se souvient d’elle.  On tente toujours de changer de sujet.  Mais ni lui ni le reste de la famille ne pourront jamais oublier.

La mère souffre d’inflammations des jambes et des bras.  On l’emmène au médecin, mais les résultats des examens sont négatifs.  Elle est aussi soumise à un traitement psychiatrique.

Nous tenons à remercier vivement les employés de l’hôpital pédiatrique de Centro Habana qui ont fait de leur mieux pour sauver la vie de cette fille.

Instructeur.- Témoin, êtes-vous infirmière en pédiatrie ?

Mauria Herrera.- Je suis infirmière de l’hôpital pédiatrique de Centro Habana.

Instructeur.- De Centro Habana ?

Mauria Herrera.- Oui, de Centro Habana.

Instructeur.- Avez-vous eu connaissance d’autres cas d’enfants ou d’autres personnes ?

Mauria Herrera.- Oui, beaucoup.  Les infirmières y travaillaient 12 heures par jour.  On a aménagé des locaux pour le repos des médecins, des infirmières, des employés et du personnel de la cuisine.  Personne n’a quitté l’hôpital.  Les personnes qui habitaient loin s’y reposaient et  recevaient tout dont elles avaient besoin, la nourriture, tout.  Tout le monde travaillait de façon ininterrompue.  Ma nièce était hospitalisée, alors que je travaillais dans une autre salle.

Pas seulement les infirmières, les médecins, les employés, le personnel de cuisine, mais aussi le personnel administratif s’offraient volontairement pour aider, même pour nettoyer les planchers.  Ces personnels ont pris soin de certains enfants dont les mères étaient désespérées.  Je profite de cette occasion pour remercier tous ceux qui ont prêté leur contribution, car comme l’a dit la compañera, nombreuses sont les mères qui souffrent.  Toute la famille pleure encore la mort de ma nièce.

Randy Alonso.- Ces événements s’inscrivent dans le cadre de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite nord-américaine, avec Ronald Reagan comme président.  C’était le début d’une nouvelle et dangereuse étape d’agressions contre notre peuple.  Lázaro Barredo peut nous fournir des renseignements sur cette étape-là.

Lázaro Barredo.- Merci, Randy.

La mise en place d’une doctrine militaire destinée à faire face à l’agressivité que représentait l’arrivée au pouvoir d’une administration aussi belliqueuse que celle de Ronald Reagan montre la menace du néoconservatisme, un courant de pensée très fort qui s’est emparé de la société nord‑américaine.  C’est à partir de ce moment-là qu’on a retenu la doctrine de la guerre du peuple tout entier, autrement dit une stratégie de défense connue de notre peuple qui s’adaptait aux circonstances de l’époque et qui est encore valable aujourd’hui.

Il s’agissait d’une conception nouvelle qui nous permettait de contrecarrer une menace que l’on peut résumer dans une phrase qui fait partie de la pensée des hommes politiques conservateurs qui ont soutenu Reagan lors des élections de 1980, à savoir « Depuis plus de deux décennies, Cuba représente un problème pour les artisans de la politique nord-américaine ».  Cela faisait partie du programme de gouvernement de Ronald Reagan de 1979, connu sous le nom de programme de Santa Fé 1, car il y en a eu trois autres.  « La solution au problème de Cuba est aujourd’hui aussi loin qu’en 1961 », - Playa Girón en est le point de repère - ; « Bien au contraire, le problème a acquis des proportions véritablement dangereuses. »

Telle était la vision de Cuba des nouveaux conservateurs vers la fin des années 70.  Ce programme signalait, entre autres, que les États-Unis ne pouvaient restaurer leur crédibilité par rapport à Cuba qu’à travers l’adoption d’une action immédiate.  Les mesures suivantes s’inscrivaient dans cette offensive politique et idéologique :

« Transmissions directes de radio à destination de Cuba avec une programmation adressée aux Cubains », telle est l’origine de radio et de TV Martí.

« La promotion de la dénommée dissidence à partir de soi‑disant groupes de droits de l’homme ».  Ce document date de 1980.

Une autre action envisagée était « l’intervention armée » parce que, d’après ceux qui soutenaient le programme de Reagan, « La Havane doit payer un prix élevé » - et je cite textuellement - « au titre de ce défi ».

Aussitôt après l’arrivée de Reagan au pouvoir, les mesures de Santa Fé donnent lieu à deux décisions très concrètes, à savoir la directive de sécurité nationale no 77, émise en 1981 par le président Reagan, dénommée Projet Démocratie.  Selon ce projet, l’objectif était d’encourager les pressions publiques.  Pour ce faire, il fallait affaiblir la Révolution avec le soutien de la dissidence interne pour essayer de faire croire que la situation de Cuba n’était pas le fruit de son affrontement historique avec les États-Unis, mais de l’incapacité et du manque de volonté du gouvernement révolutionnaire cubain de trouver une solution « entre Cubains » et de favoriser un dialogue qui permettrait d’instaurer une dite ouverture politique.

La deuxième décision en est la création de la Fondation nationale cubano-américaine dont le but est de changer la politique envers Cuba et de faire l’impossible pour « résoudre le problème cubain ».  Telle est l’origine de cette Fondation que d’aucuns dénomment Phalange des Cubains fortunés nostalgiques, l’objectif étant de faire croire qu’ils allaient changer de cap et qu’ils n’allaient pas agir directement comme l’avaient fait jusqu’alors les administrations nord-américaines.  Selon la nouvelle conception, le gouvernement des États-Unis allait répondre aux demandes faites censément par les émigrés d’origine cubaine qui devaient proposer des mesures concrètes et créer un groupe de pression qui faciliterait l’adoption de ces mesures.

Les promoteurs de cette idée se sont néanmoins heurté à un grand problème, à savoir que la plupart des émigrés connus étaient liés au terrorisme, aux opérations sordides et à la violence.  Il fallait changer l’image des anciens terroristes pour en faire des hommes politiques.  Cette tâche a été confiée à deux importants personnages de l’équipe de sécurité nationale de Ronald Reagan, à savoir Roger Fontaine, l’un des idéologues de Santa Fé et responsable plus tard de la politique envers Cuba au sein du Conseil de sécurité nationale de Reagan et promoteur de la création de ce groupe de pression pour justifier l’application d’une politique plus agressive auprès du Congrès et le vétéran de l’Agence centrale de renseignements (CIA), Richard Allen, conseiller de sécurité nationale de Reagan et auteur de l’idée de réunir les Cubains « dans un écrou efficace à même de favoriser l’agressive politique extérieure du président ».

Allen a avoué aux médias nord-américains qu’il avait rencontré les membres futurs de la Fondation et qu’il leur avait conseillé de créer une organisation qui serait le porte-parole d’une pensée unique.  Telle est l’origine de la Fondation nationale cubano-américaine et de l’apparition de personnages comme Mas Canosa et d’autres directeurs de la Fondation liés jusqu’alors aux opérations cachées de la Central Intelligence Agency et à d’autres activités contre notre pays.  La Fondation est devenue l’instrument des organisations terroristes les plus agressives basées aux États-Unis.  C’est ainsi que les anciens guerriers se transforment en hommes politiques, qu’ils commencent à se rendre à Washington, qu’ils commencent à aider financièrement les campagnes politiques, qu’ils cherchent le soutien de la presse et qu’ils se mettent en fonction des objectifs recommandés par l’équipe de sécurité nationale de Reagan en 1981.

Après le démembrement du mouvement révolutionnaire en Grenade, la CIA a entamé une opération ultra secrète en vue de l’invasion de cette petite île.  Pour ce faire, elle a réactivé en quelques jours plusieurs terroristes d’origine cubaine.  Après le putsch contre le gouvernement révolutionnaire de la Grenade et l’assassinat de Maurice Bishop, les États-Unis – qui avaient fui du Liban suite aux actions où 200 et quelques ressortissants nord-américains sont morts -, envahissent la Grenade.

Randy Alonso.- Sous le grossier prétexte de protéger les étudiants de médecine nord-américains.

Lázaro Barredo.- C’est alors qu’a lieu l’agression contre les travailleurs cubains qui participaient à la construction de l’aéroport.

Les États-Unis tentent de préparer les équipes d’infiltration pour appuyer l’invasion, mais ils rencontrent une difficulté, à savoir qu’un grand nombre de ces agents purgeaient des peines de prison pour des délits liés au trafic de stupéfiants.  C’est à ce moment qu’ils demandent à Mas Canosa et aux autres dirigeants de la Fondation de faire des démarches en vue de la libération conditionnelle de certains de ces agents pour les utiliser dans l’opération.  Voilà un exemple.

La fidélité de la Fondation s’est aussi exprimée dans le soutien accordé au métamorphosé terroriste Armando Valladares, arrêté au début des années 60, accusé d’avoir placé des explosifs plastiques dans des endroits publics, comme on l’a déjà expliqué ici.  Cet homme a été tout d’abord transformé en paralytique, puis en poète et finalement en homme politique, pour devenir ensuite ambassadeur des États-Unis en tout et pour tout auprès de la Commission des droits de l’homme à Genève.  Mas Canosa et la Fondation lui ont accordé tout le soutien nécessaire.  Un autre exemple, vérifié lors d’une audience du Congrès et validé par les dénonciations faites par Ricardo Mas Canosa lui-même, à savoir les 50 000 dollars qu’il est allé chercher au Panama et que son frère a utilisé pour aider le terroriste Luis Posada Carriles emprisonné au Venezuela pour cause de l’attentat monstrueux contre l’avion de Cubana de Aviacion à s’évader de la prison de San Carlos (Venezuela).  Mas Canosa et plusieurs dirigeants de la Fondation nationale cubano-américaine, dont Gaspar Jiménez, emprisonné actuellement au Panama, et Rolando Mendoza, ont fait l’impossible pour obtenir la libération de Posada Carriles.

On peut aussi parler de la participation de cette organisation au processus du Nicaragua et à l’Opération Iran‑contras, dirigée par les anciens dirigeants de la CIA.  Dans un long reportage publié dans un important organe de presse nord-américain, Gaetón Fonzi, un chercheur qui prête ses services au Congrès des États-Unis, parle d’un dîner organisé au restaurant Marabella de Miami, auquel participent tous les directeurs de la Fondation nationale cubano-américaine.  Un homme qui souriait était là, à côté de Mas Canosa, pour leur souhaiter la bienvenue.  La plupart des directeurs ne le connaissaient pas.  Selon Fonzi, ces hommes ne savaient pas non plus qu’à un moment donné ils avaient travaillé pour cet homme inconnu.  Il s’agissait de Theodore G. Shackley, chef de la station CIA JM-WAVE, dans le cadre de l’Opération Mangouste.

Shackley les avait réunis pour leur expliquer que leurs services étaient encore une fois nécessaires et qu’ils devaient soutenir le président Reagan dans ses efforts secrets pour trouver de nouvelles modalités de ravitailler les contras nicaraguayens et freiner le communisme en Amérique centrale.  L’idée selon laquelle la voie vers La Havane passe par Managua est née dans cette réunion.  C’est à ce moment-là que ces personnages adhèrent à l’Opèration Iran-contras.

Tel est le cas d’Alberto Hernández, vice-président et président de la Fondation, Félix Rodríguez, Mas Canosa lui‑même et toute une série de personnages qui y participent sur demande non seulement de Reagan mais aussi de Bush père qui avait été directeur de la CIA et qui avait entretenu des liens avec la plupart de ces terroristes au début des années 60, car il ne faut pas oublier que la famille Bush est en rapport avec la maffia cubano-américaine terroriste de Miami depuis le début des années 1960.

En 1960, Bush père était l’un des officiers de la CIA chargé de recruter une fraction des premiers Cubano-Américains arrivés aux États-Unis en 1959 et 1960 et qui participeraient par la suite en tant qu’officiers de contre‑espionnage à l’invasion mercenaire de Playa Girón.  Bush et Félix Rodríguez, son subordonné, ont commencé à recruter ces officiers, dont Luis Posada Carriles, Mas Canosa et un groupe de mandataires devenus par la suite des leaders des groupes terroristes de Miami ou des dirigeants politiques métamorphosés comme ceux dont nous venons de parler.

L’actuel président des États-Unis a lié connaissance pendant son adolescence avec nombre de ces personnages.  Au début des année 80, l’actuel gouverneur de l’état de la Floride Jeb Bush s’est aussi lié à ces gens-là.  Armando Codina, un milliardaire qui a organisé chez lui le 20 mai dernier le dîner de collecte de fonds, a été l’un de ceux qui ont fait venir Jeb Bush à Miami.

Jeb était la brebis égarée et il fallait aider George et Barbara Bush à résoudre ce problème.  Codina et Raúl Masvidal ou Carlos Salman, tous les deux dirigeants de la Fondation à un moment donné, ont aidé Jeb à s’établir à Miami où il a mené sa vie d’homme d’affaires et où il a épousé sa femme actuelle.

Autrement dit, la famille Bush a beaucoup à remercier à nombre de ces personnes liées à l’activité contre‑révolutionnaire et terroriste contre notre pays.

Mas Canosa et la Fondation ont joué un rôle marquant pendant la guerre d’Angola au cours des années 80.  Le Congrès des États-Unis avait approuvé l’amendement Clark, en vertu duquel l’aide économique, militaire ou paramilitaire aux forces de l’UNITA de Jonas Savimbi était interdite.  Mas Canosa a, sur demande de l’équipe de sécurité nationale, fait des pressions au sein du Congrès pour abolir l’amendement.  Une fois celui-ci aboli, le président Reagan a alloué 30 millions de dollars à l’UNITA, destinés à renverser le gouvernement angolais du MPLA.

Randy Alonso.- Savimbi est reçu à la Maison-Blanche par Reagan qui a accordé le traitement de chef d’État à un homme qui avait déclenché une guerre féroce en Angola, qui avait provoqué la mort de milliers de personnes dans ce pays et qui avait même utilisé des méthodes terroristes de guerre.

Lázaro Barredo.- Quelques années plus tard, Savimbi a reçu en grande pompe Mas Canosa dans son camp en Angola et lui a offert comme cadeau de remerciement une réplique taillée en ivoire d’un AK-47.  Washington ne peut nier ces liens de longue date.

Raúl Masvidal, l’un des trois fondateurs de la Fondation, a déclaré qu’entre 1981 et 1985 Mas Canosa s’était rapproché de la Maison-Blanche et de la communauté de renseignements à Washington.  Tous les ordres provenaient de Washington.  De toute évidence, Jorge suivait au pied de la lettre les ordres de la Maison-Blanche.

L’une de ses missions était celle d’unifier les organisations contre-révolutionnaires de Miami.  Les efforts visant à réunir les organisations terroristes ont fait long feu parce que dans ce marais de fumier chacun réclame sa part du gâteau dans l’industrie anticubaine.  Mais il n’a jamais cessé de réunir ces forces ainsi que les partisans de Batista.  Ce n’est pas par hasard qu’à la fin des années 80 Mas Canosa ait rendu hommage à plus de 150 officiers de la dictature de Batista, l’un des grands idoles de Mas Canosa.

Randy Alonso.- Merci, Lázaro.

(Visionnage de certains images).

Randy Alonso.- Les agressions par radio ont atteint leur apogée pendant l’administration de Ronald Reagan, avec le soutien anticubain de la Fondation nationale cubano‑américaine.  Nous aurions par la suite affaire aux agressions par télévision.

Eduardo Dimas peut nous offrir des détails à ce sujet.

Eduardo Dimas.- Lorsqu’on analyse la politique nord‑américaine envers Cuba, on trouve tout d’abord le blocus économique, c’est-à-dire la tentative d’acculer un peuple à la faim, puis les agressions biologiques, les sabotages, les tentatives d’assassinat contre nos dirigeants, la promotion de l’émigration illégale, l’adoption de toute une série de lois aux États-Unis pour promouvoir cette émigration et, finalement, la guerre psychologique.

Toute propagande a pour but d’influer sur les idées et la conscience des hommes.  L’homme pense selon son mode de vie.  Ses actions sont donc déterminées par ses pensées.  Depuis septembre 1959, le gouvernement des États-Unis a commencé à essayer d’influer sur la pensée des Cubains.

Selon des documents de la CIA remis en circulation, en septembre 1959, le gouvernement des États-Unis a cherché un site dans les Caraïbes, en l’occurrence l’île Swan, pour y installer une station de radio.  Les émissions ont débuté en mai 1960.  Dès le début, cette station s’est servie sans vergogne du mensonge, de la manipulation de l’information.  Ses messages ont été marqués par leur caractère subversif et terroriste.

L’opération Peter Pan est un exemple classique de guerre psychologique.  14 000 enfants ont été envoyés aux États‑Unis du fait d’un bruit répandu – il ne faut pas oublier que c’était le début de la Révolution – selon lequel les parents perdraient la puissance paternelle.  Vous vous en souvenez ?  C’est-à-dire qu’on faisait courir un bruit à l’intention de personnes influencées par la propagande anticommuniste répandue à Cuba à l’époque précédente.  Et on y a réussi.

14 000 enfants ont été séparés de leurs parents à la suite de ce bruit lancé non seulement à travers la radio, mais aussi par d’autres voies dans l’arrière-pays.

En matière de désinformation, Radio Swan a joué un rôle de premier plan pendant l’invasion de Playa Girón.  Howard Hunt, impliqué ensuite dans le scandale Watergate, était le chef de propagande à l’époque.  Il n’a pu cependant tirer aucun profit de la propagande et de la désinformation.  Comme on le sait, l’invasion a été déjouée en moins de 72 heures.

En 1961, la Voix des Amériques, station officielle du gouvernement des États-Unis commence à transmettre Rendez‑vous avec Cuba, un espace ayant pour but d’encourager l’émigration, notamment des professionnels et, en particulier, des médecins.  Pendant la Crise des fusées, cette station transmettait 24 heures sur 24 dans le but d’influer sur la pensée des Cubains.

Ce déploiement d’activités subversives a connu un échec retentissant.  Radio Swan disparaît en 1970, alors que, quatre ans plus tard, la Voix des Amériques élimine le programme Rendez-vous avec Cuba.  Entre 1974 et 1979, les agressions par radio diminuent.  Cependant, les stations pirates, dont celle du groupe terroriste Alpha 66, avorton de la CIA, lancent 3 904 émissions sur ondes courtes.

Lázaro a fait allusion au rôle joué par le document de Santa Fé, guide du gouvernement du président Ronald Reagan.  La Fondation nationale cubano-américaine voit le jour en 1981, alors que le 22 septembre de la même année, Reagan émet l’ordre exécutif 12323, en vertu duquel la Commission présidentielle chargée des émissions de radio et d’idées à destination de Cuba voit le jour.  L’objectif du plan, à savoir promouvoir le libre flux d’informations et d’idées à Cuba et, notamment, la communication « d’informations fidèles » sur notre pays à notre peuple, était bien défini dans ce document.

Ce processus conduit à la création de la tristement célèbre station Radio Martí.  Lázaro a déjà fait allusion au rôle joué par Mas Canosa.  En tant que chef du groupe de conseillers, Mas Canosa va aussi jouer un rôle très important dans la création de Radio Martí.

On peut donc dire que pendant le gouvernement de Reagan, les émissions vers Cuba acquièrent un caractère de politique d’État du gouvernement des États-Unis, violant ainsi les normes internationales et les normes des relations entre les pays.

Le 16 octobre 1981, c’est Bush lui-même, le père de l’actuel président, celui qui annonce le début des émissions de la dénommée Radio Martí.  Depuis, notre pays fait l’objet, au nom du gouvernement des États Unis, d’une agression systématique.

Avec la disparition du camp socialiste, les agressions des stations de radio deviennent plus intenses.  Plus de 200 heures de poison sont transmises tous les jours contre Cuba.  Certaines semaines, le nombre d’heures d’antenne s’élèvent à plus de 1 900.

Entre 1980 et 1998, 63 stations contre-révolutionnaires, dont 60 basées aux États-Unis, transmettaient des informations vers Cuba.  Actuellement, 13 stations attaquent Cuba, sans parler des émissions sur ondes moyennes, dont Radio Fé, Radio Mambí, Pérez Roura et « l’Amiral », entre autres.

Toutes les stations poursuivent le même objectif, à savoir promouvoir l’émigration illégale parfois à l’aide de méthodes subliminaires en vertu de la loi assassine d’ajustement cubain, encourager les sabotages et les attentats, vendre le mode de vie américain et essayer de pénétrer la conscience des hommes avec leurs idées.

Tel est le cas de la station Camilo Cienfuegos.  Le fait de donner ce nom à une station contre-révolutionnaire qui encourage les attentats et les sabotages est un outrage.

Les campagnes de mensonges cherchent à discréditer nos dirigeants suprêmes.  Des campagnes sont lancées pour pousser la population à s’abstenir pendant les élections.  En fait, toutes ces manœuvres ont échoué.

Il y a parfois des gens qui prêtent l’oreille à l’agression.  À preuve, les événements du 5 août 1994 ou ceux survenus le 27 février à l’ambassade mexicaine, encouragés par les paroles du ministre mexicain des Affaires étrangères qui, à n’en pas douter, visaient à troubler l’ordre.

Il y a aussi des salariés au service de la Section des intérêts, c’est-à-dire, du gouvernement des États-Unis, qui ne sont que des propagateurs.  Il y a même des reporters au service de Radio Martí.  Évidemment, il y a aussi d’autres individus habitués à écouter le chant des sirènes de cette station.

Telle est l’histoire, à grands traits, de l’agression par radio qui n’a pu jamais atteindre ses objectifs.  D’autre part, c’est sous l’administration Reagan que le projet de TV Martí, TV fantôme, a vu le jour.

Deux tentatives sont à remarquer, l’une en 1962, moyennant deux avions DC-6 en plein vol et, l’autre, en 1975.  Toutes les deux ont été rejetées.  En 1987, le gouvernement alloue 100 000 dollars à la réalisation des études de faisabilité.  En 1988, 7,5 millions de dollars, provenant bien entendu des poches des contribuables nord-américains, ont été destinés à l’achat d’équipements, entre autres choses.  Les premières émissions sont approuvées en 1989, année où l’on alloue 16 millions à cette fin, somme similaire à celle allouée en 1990.

Un fait attire l’attention, à savoir qu’en dépit du fait que les analyses concernant l’efficacité réelle de TV Martí qui, en fin de comptes, est une TV fantôme, menées par le Sénat et le Congrès des États-Unis, signalent que le plus intelligent était de fermer cette station, TV Martí demeure à l’antenne, sans être suivie par personne.

Randy Alonso.- Tous ces événements sont dans le fil droit de la conception de terrorisme informatif avancée par le professeur Alfredo Jalife, à la suite de ses études sur les guerres des États-Unis au fil des ans.  Une agression contre notre pays lancée dès le début même de la Révolution et dont le point culminant en est la création des dénommées Radio et TV Martí, financées par les contribuables nord‑américains qui ont dû débourser des centaines de millions de dollars, voire, dit-on, plus de 400 millions.

Le terrorisme par radio, promu par les organisations contre‑révolutionnaires basées à Miami, encourage l’émigration illégale, tente de promouvoir la pression sociale pour soulever les masses, exhorte à brûler les plantations de canne et à réaliser des actes de sabotage.  Tous ces faits ont été opportunément dénoncés à travers les médias les plus divers et les discours de nos dirigeants.

Arleen Rodríguez.- Il ne faut pas non plus oublier que la radio ennemie a lancé le mot d’ordre de Trois jours pour tuer, animée par l’idée que le moment était venu de rentrer à Cuba.

Randy Alonso.- Lorsqu’on analysait les événements survenus à l’ambassade du Mexique, Lázaro a rappelé ceux du 5 août 1994 et le rôle joué par la radio ennemie qui a essayé de provoquer une explosion sociale dans notre pays.

Lázaro Barredo.-  La réalité c’est que les émissions de radio ont toujours visé la déstabilisation du pays, la création d’une ambiance de violence, de désobéissance et de crise nationale.  Voilà l’essence des événements survenus le 5 août 1994, lorsqu’à l’instar des événements de l’ambassade du Mexique, les stations ont exhorté les gens à se rassembler dans le port.  À cette occasion, la fausse nouvelle était qu’un bateau avait mis le cap sur le port pour transporter vers les États-Unis tous ceux qui voulaient quitter le pays.  C’est alors que des centaines d’antisociaux s’adressent au port de La Havane.  Après quelques heures d’attente inutile, ils perdent patience et décident alors de séquestrer les embarcations de Regla.

Dans cette tentative, un agent de la police est tué, alors que d’autres citoyens sont bousculés.  Pour essayer de quitter le pays, ces éléments mettent en danger la vie des autres.  Leur objectif était d’attirer l’attention de la Section des intérêts pour obtenir le visa.  Les événements du 5 août ont été ripostés énergiquement quelques minutes plus tard par l’ensemble de notre peuple.

Randy Alonso.- Les médias au service du terrorisme informatif des différentes administrations nord-américaines ont été le véhicule utilisé pour vanter les infiltrations armées, réelles ou fictives, des organisations contre‑révolutionnaires, financées par le gouvernement des États‑Unis dans notre pays.  Pendant les années 90, ces médias se sont fait l’écho de nombreuses actions, dont des attaques contre des installations touristiques.  Le compañero Hevia abordera ce sujet.

Manuel Hevia.-  Merci, Randy.  Bonsoir.

En fait, les années 1990 ont marqué un jalon dans la chaîne d’agressions terroristes déclenchées en 1959 contre Cuba par le gouvernement des États-Unis.

Notre centre dispose de nombreuses informations qui prouvent la nouvelle impulsion donnée, au début des années 1990, à de nouveaux plans et à des actions terroristes encouragés par des secteurs de la maffia anticubaine et de l’extrême droite nord-américaine, partisans de la violence et de la terreur.

On se souvient qu’à la fin des années 80 les gouvernants nord-américains auguraient, encore une fois, la fin de la Révolution.  Pour eux, le moment d’accélérer l’effondrement de la Révolution, suite au désastre survenu dans le camp socialiste européen et en URSS, était venu.

Suite à une courte période au cours des années 80 pendant laquelle les actions terroristes contre Cuba, à savoir la pose de bombes, les infiltrations et les attaques pirates contre nos côtes, avaient connu une diminution, pour des raisons politiques et tactiques du gouvernement nord‑américain qui déployait des efforts pour promouvoir la subversion politique, Cuba était encore une fois menacé d’une agression militaire.  Le fantôme terroriste a connu un nouvel élan pendant les années 90.  À notre avis, il s’agissait d’une nouvelle Opération Mangouste dans laquelle la Fondation nationale cubano‑américaine, nouvel instrument du néoconservatisme nord-américain, se situerait à la tête avec la tolérance et la complicité des autorités nord‑américaines.  Des preuves irréfutables ne manquent pas.

La nouvelle vague de terrorisme poursuivait trois objectifs majeurs, à savoir :

Premièrement : La Fondation nationale cubano-américaine et la maffia de Miami consacreraient de nouvelles forces, efforts et ressources aux plans d’attentat contre la vie de notre commandant en chef pendant les années les plus difficiles de la période spéciale.

Deuxièmement : Les actions terroristes porteraient notamment sur les sources de devises, l’accent étant mis sur le secteur touristique.

Troisièmement : La promotion de nouvelles attaques pirates contre nos côtes et les infiltrations de mercenaires d’origine cubaine, dotés d’armes de tout genre, achetés à bas prix à Miami et de kilogrammes d’explosifs plastiques C-4, d’un grand pouvoir de destruction, acquis aussi à Miami et ailleurs en Amérique centrale, et ce pour encourager les actions terroristes et les actes de sabotage à l’intérieur du pays.

Certaines de ces infiltrations avaient pour but aussi de promouvoir les soulèvements dans les montagnes, ce qui n’était qu’une fiction dans les années 90.  Mais, à notre avis, il y avait une différence par rapport aux plus de 150 infiltrations réalisées dans le cadre de l’Opération Mangouste et d’autres opérations ultérieures des années 60 et 70, à savoir le désir de leurs promoteurs de les rendre public pour collecter des fonds aux dépens même de la vie de ces individus qui acceptent de participer en tant que mercenaires à ces actions.  Je parle de groupes comme Alpha 66, Brigade 2506 et Commandos F-4, entre autres organisations de Miami qui vivent aux dépens des collectes et des tombolas organisées à cette fin.

À partir de ces années-là, la Fondation nationale cubano‑américaine organise dans le secret son nouveau bras armé clandestin, dénommé, entre autres, Commission de sécurité.  Sur la base de cette structure et de l’allocation d’un budget milliardaire, la Commission se chargerait, depuis lors, de l’exécution d’actions terroristes contre Cuba et du financement d’autres groupes de Miami chargés de leur matérialisation.

Entre 1990 et 2001, nos autorités ont réussi à neutraliser 10 infiltrations maritimes et à arrêter 28 éléments terroristes, tous résidents aux États-Unis, d’où ils sont partis pour essayer de s’infiltrer à Cuba et d’y réaliser leurs actions qui visaient à semer la terreur et la mort.  Tous ces individus portaient avec eux des charges explosives plastiques d’un grand pouvoir de destruction.  Un acte lamentable et connu par tous aurait lieu lors d’une de ces infiltrations, à savoir l’assassinat du compañero révolutionnaire Arcelio Rodríguez García.

Notre peuple se souvient parfaitement bien de la dernière tentative d’infiltration de trois terroristes de la maffia, étroitement liés à d’autres leaders basés à Miami qui, à leur tour, entretiennent des rapports étroits avec le criminel Luis Posada Carriles.  Cet incident a fait l’objet d’une analyse lors de la table ronde tenue le 25 avril 2001.

Nous rappelons tous la conversation téléphonique entre l’un de ces terroristes – chef du groupe d’infiltration -, déjà arrêté, avec Santiago Alvarez, chef de file de la maffia cubano-américaine de Miami.

Pendant cette même période – il faut bien marquer les différences -, nos autorités ont fait avorter 10 infiltrations et arrêté un groupe d’éléments terroristes.  Dix autres tentatives d’infiltration et attaques pirates prouvent la politique tolérante et la complicité des autorités nord-américaines.

Je vais aborder sommairement certains de ces faits.

Le 4 juillet 1992, un groupe de terroristes provenant des États-Unis tente d’attaquer des installations économiques situées sur les côtes havanaises.  Détectés par les patrouilles cubaines, ils se déplacent vers des eaux voisines de Varadero où l’embarcation a subi des avaries.  Les terroristes ont été par la suite récupérés par les garde-côtes nord-américains.  Des armes, des cartes, des cassettes vidéo enregistrées pendant le voyage ont été saisies.  Une fois interrogés par le FBI, ils ont été libérés.

Le 7 octobre 1992, l’hôtel Meliá Varadero est victime d’une attaque armée depuis une embarcation pilotée par quatre éléments de la maffia terroriste qui ont été par la suite arrêtés et interrogés par les autorités du FBI avant d’être relâchés.

En janvier 1993, le service des garde-côtes des États-Unis a arrêté cinq terroristes qui voyageait à bord d’une embarcation armée de mitrailleuses lourdes et d’autres armements, alors qu’elle mettait le cap sur les côtes cubaines.  Il ont été presque immédiatement mis en liberté.

Le 2 avril 1993, un bateau-citerne battant pavillon chypriote qui faisait le cabotage entre divers ports cubains a été mitraillé à quelque sept milles au nord de Matanzas.  L’embarcation pilotée par des terroristes en provenance de Miami a tiré sur le bateau, mettant ainsi en danger la traversée et la sécurité de ses marins.  De retour au point de départ, les terroristes n’ont pas été dérangés.

Le 21 mai 1993, le service des douanes des États-Unis arrête neuf éléments terroristes de la maffia à bord d’une embarcation qui s’apprêtait à voyager à Cuba pour y attaquer des installations.  Des armes et des explosifs ont été saisis.  Quelques mois plus tard, le juge Lawrence King a rejeté les chefs d’accusation, après quoi les terroristes ont été libérés.

Le 11 mars 1994, des groupes terroristes d’Alpha 66 tirent depuis une embarcation sur l’hôtel Guitart Cayo Coco.  De retour aux États-Unis, il font des déclarations à la presse nord-américaine, sans être dérangés par la suite.

Le 6 octobre 1994, un autre groupe armé d’Alpha 66 provenant du même site mène à bien une action similaire.  Le groupe rentre au point d’origine, fait des déclarations, sans être non plus dérangés.

Le 20 mai 1995, Alpha 66 attaque pour la troisième fois le même hôtel de la province de Ciego de Ávila.  Aucune mesure n’a été adoptée.

Le 12 juillet 1995, trois terroristes qui tentaient de s’infiltrer à Cuba, en tirant profit de la présence d’une flottille provocatrice, ont été arrêtés aux États-Unis.  Bien que des armes et des explosifs aient été saisis, ils ont été mis en liberté.

Le 23 janvier 1996, les autorités des États-Unis interceptent au caye Maratón une embarcation à bord de laquelle voyageaient cinq terroristes armés qui s’adressaient à Cuba.  Ils ont été relâchés le même jour par les autorités du FBI.

Je crois que la tolérance des autorités nord-américaines montre on ne peut plus clairement leur position à l’égard des actes terroristes dont est victime Cuba, et ce au bout de 43 ans.

Randy Alonso.- L’exemple qu’on va vous présenter maintenant met en évidence la complicité des autorités nord-américaines dans tous ces actes terroristes, leur tolérance et leur rapport avec la maffia terroriste de Miami.  Il s’agit de la conversation téléphonique entre un chef d’équipe d’infiltration, arrêté à caye Jutía et son chef mafieux à Miami.

Iosvany.- Santiago, c’est moi Iosvany.

Santiago Alvarez.- Merde, ça va ?

Iosvany.- Qu’y a-t-il ?  Ici, le torchon brûle, brother.

Santiago Alvarez.- Oui.

Iosvany.- Oui, tu sais.

Santiago Alvarez.- On parle ici d’une fusillade à Sagua la Grande.

Iosvany.-  Je n’en sais rien.

Santiago Alvarez.- Oui.  On parle de trois détenus de Miami dans une fusillade à Sagua la Grande.

Iosvany.- Je n’en sais rien.

Santiago Alvarez.- Toi, tu as pu faire quelque chose ?

Iosvany.- Je suis encore dans les montagnes.

Santiago Alvarez.- Je ne veux pas savoir où tu es.

Iosvany.- Je n’ai pu bouger.

Santiago Alvarez.- Tu as avancé ?

Iosvany.- Pas encore.  Je travaille là-dessus.

Santiago Alvarez.- Je te conseille de ne pas bouger.  Ne t’emballe pas, on n’est pas pressé.  O.K. ?

Iosvany.- O.K.

Santiago Alvarez.- Ta famille va bien.

Iosvany.- Voilà.

Santiago Alvarez.- Tous vont bien.

Iosvany.- O.K.

Santiago Alvarez.- Super.  Content de tes nouvelles.  Ils ont reçu ce qu’on leur avait promis.

Iosvany.- Et les gosses ?

Santiago Alvarez.- Super.  Tu leur manque, mais ils vont bien.  T’en fais pas.  C’est mon affaire.

Iosvany.- Oui, je sais.  Écoute, si je dois foutre le camp, on fait comme tu m’avais dit ?  J’arrive à la première île habitée des Bahamas, et je te passe un coup de fil ?

Santiago Alvarez.- C’est ça.  Le torchon brûle vraiment ?

Iosvany.- Non, mais les flics et les gens de la sûreté sont partout.  Tu comprends ?  Je vais pas bouger.

Santiago Alvarez.- Ne bouges pas.  Je crois que les gens de Sagua ont foutu tout.

Iosvany.- Quoi ?

Santiago Alvarez.- Quelque chose s’est passée à Sagua et...

Iosvany.- O.K.

Santiago Alvarez.- Il s’agissait de ça, tu comprends ?  Toi, tranquille, ne bouge pas, tout va s’arranger.  Ne t’emballe pas, tu dois rester tranquille.

Iosvany.- O.K.  Écoute, cette affaire de Tropicana, j’ai quelque chose à foutre là ?

Santiago Alvarez.- Si tu veux, d’accord, mois je m’en fous.  On y entre avec deux canettes et c’est tout, c’est moins dangereux.

Iosvany.- O.K.

Santiago Alvarez.- Tu piges ?

Iosvany.- Oui, mais tu sais, je ne veux pas perdre le contact.

Santiago Alvarez.- Fais ce que tu voudras, mais ne t’expose pas inutilement, mais ces jours, il faut que tu ne bouges pas.  Mets-toi sous une pierre.  Et les deux autres, vont‑ils bien ?

Iosvany.- Oui.  Ils vont bien.

Santiago Alvarez.- Toi, reste tranquille.  Ne sors pas pendant une semaine, dix jours.  Tu sais, ce problème de Sagua, voilà ce qui a tout foutu.  Moi, j’étais inquiet.  Je ne faisais que regarder le téléphone, j’attendais ton coup de fil (Rire).  Écoute, coupe déjà.

Iosvany.- D’accord, je coupe.

Santiago Alvarez.- Coupe.  Je vais couper, moi.

Iosvany.- Si je peux, je t’appelle encore.

Santiago Alvarez.- O.K.  Prends ton temps.

Iosvany.- O.K.

Santiago Alvarez.- Mais, cache-toi.

Iosvany.- Oui, oui.  Ne t’en fais pas, je ne bougerai plus.

Randy Alonso.- Ce témoignage montre ceux qui payent, ceux qui participent à ces actions et ce qu’ils veulent, à savoir attaquer des installations touristiques, semer la terreur et provoquer aussi la mort, non seulement de citoyens cubains mais aussi de citoyens étrangers qui visitent notre pays, l’objectif étant, en définitive, d’essayer par ces méthodes de renverser la Révolution cubaine.

Les bombes placées en 1997 dans des installations touristiques figurent parmi les actes terroristes les plus marquants.  Notre peuple n’a pas du tout oublié ces faits, mais il y a encore d’autres questions qui méritent d’être analysées dans notre table ronde.  Je passe la parole au compañero José Luis qui va nous en parler.

José L. Méndez.- D’autres actions faisaient partie du plan conçu pour freiner le développement économique de Cuba, à savoir les menaces terroristes contre des compagnies aériennes et des agences de voyages de plusieurs pays aux États-Unis, dont le Brésil, l’Équateur, Porto Rico, le Canada, le Mexique et l’Espagne ; les bombes et les attentats contre des installations et des résidences d’émigrés cubains opposés au blocus et solidaires avec Cuba et les menaces et les attaques contre des représentations diplomatiques cubaines à l’étranger.  Ces actions ont lieu entre 1990 et 1995.  Depuis, cependant, la priorité pour les terroristes consiste à introduire le terrorisme à Cuba pour semer la terreur chez la population, organisé depuis l’Amérique centrale, en particulier avec la présence dans cette région, spécifiquement en El Salvador, du terroriste international Luis Posada Carriles.  Nous apporterons deux exemples qui permettront de caractériser cette étape :

Le 20 mars 1995, deux terroristes recrutés à Miami par la Fondation nationale cubano-américaine pour réaliser des actes terroristes, ont été arrêtés à la capitale.  Ces mêmes terroristes avaient introduit auparavant un grand volume d’explosifs et placé une bombe dans un hôtel de Varadero.

Le 12 février 1996, deux infiltrés de la Fondation ont été arrêtés lorsqu’ils transportaient des explosifs à Pinar del Río.  Le 21 août de la même année, un ressortissant nord‑américain, recruté par cette organisation dans le but de réaliser des actions terroristes à Cuba, a été détenu.

Ces actions ont été le prélude d’un plan, arrêté au siège de la Fondation nationale cubano-américaine, qui serait exécuté à l’intérieur du pays avec la participation de mercenaires centre‑américains.

Entre mars et septembre 1997, 10 bombes ont été placées dans divers hôtels de La Havane et de Varadero.

Le 12 avril, une bombe explose à l’hôtel Meliá Cohiba de La Havane ; une autre bombe y est retrouvée le 30 avril.  Le 12 juillet, pendant les vacances d’été, deux bombes explosent dans les hôtels Nacional et Capri, au moment où ce dernier était le siège d’une activité infantile.  Le 4 août, alors que Cuba accueillait plus de 12 000 délégués qui participaient au Festival mondial de la jeunesse et des étudiants, une bombe explose à l’hôtel Meliá Cohiba, plein de vacanciers.

Le fait le plus étonnant c’est que la presse de Miami publie le 11 août, quelques jours seulement après ces événements, une déclaration de la Fondation nationale cubano‑américaine soutenant les actions terroristes contre des installations touristiques à Cuba.

Le 27 août, une explosion a lieu à l’hôtel Sol Palmeras de Varadero.

Finalement, le 4 septembre, un mercenaire centre‑américain fait exploser des bombes dans les hôtels Tritón, Chateau Miramar et Copacabana ainsi que dans La Bodeguita del Medio, toujours pleine de personnes.  Un jeune italien d’à peine 32 ans, Fabio di Celmo, perd la vie à l’hôtel Copacabana alors que 11 personnes, cubaines et étrangères, sont blessées.  Posada a déclaré que ce jeune italien se trouvait au site erroné au moment erroné et qu’il dormait tous les jours comme un bébé, sans aucun remords.

23 actions terroristes ont eu lieu en 1997, jusqu’à ce que les autorités cubaines arrêtent, le 4 septembre, l’un des terroristes responsables.

Il convient de signaler que Posada Carriles s’est spécialisé dans l’utilisation de mercenaires.  À preuve le sabotage de l’avion de la Barbade et l’Iran-contras en Amérique centrale.  À cette occasion, il a fait appel à des terroristes guatémaltèques et salvadoriens pour provoquer une vague de terreur à La Havane.

Posada a reçu de l’argent de la Fondation nationale cubano‑américaine pour organiser ces actions.  Il faut cependant signaler que le gouvernement des États-Unis était au courant des activités de Posada Carriles à El Salvador, au Honduras et au Guatemala, et ce pour deux raisons fondamentales.  Tout d’abord, Posada avait été interrogé pendant six heures par deux agents du FBI au siège de l’ambassade des États-Unis au Honduras.  Aucune question n’a été posée à cette occasion‑là par rapport à ses activités terroristes contre Cuba.  Il est sorti de l’ambassade en dépit du fait d’être recherché par la justice vénézuélienne qui le cherchait pour avoir organisé le sabotage de l’avion de Cubana qui a explosé en plein vol à la Barbade.

Deuxièmement, et cet aspect revêt à mon avis une grande importance, Posada Carriles entretient, depuis de longues années, des liens intimes avec l’agent du FBI George Kusinsky, et ce depuis l’époque où ce fonctionnaire contrôlait les terroristes cubains qui faisaient partie de la contra nicaraguayenne.

Les États-Unis étaient aussi au courant des intentions de Posada Carriles de faire couler un bateau qui transporterait des marchandises depuis Puerto Limón (Costa Rica), vers Cuba, un navire cubain à Puerto Cortés (Honduras) et de faire exploser des avions de petit port qui seraient engagés par Cuba en Amérique centrale et qui opéreraient dans la région à des fins touristiques.

À travers diverses voies et à certains moments, ces informations ont été opportunément adressées par le gouvernement de Cuba aux autorités nord-américaines, en leur suggérant d’ailleurs d’être discrets à ce sujet.  Cependant, ces informations ont été divulguées par le gouvernement des États-Unis.

Évidemment, Posada comptait, pour mener à bien ces actions, sur le consentement, la connaissance et la tolérance des autorités des États-Unis et des gouvernements centre‑américains où il a trouvé refuge et où il a pu se procurer des documents faux pour agir en toute liberté.

Pour résumer cette période terroriste et cette vague de terreur contre notre population, contre le tourisme et contre tous les citoyens, il faut souligner que 108 actions terroristes contre Cuba, organisées aussi bien sur le territoire national qu’à l’étranger, ont eu lieu entre 1990 et 2000.

Comme on l’a dit hier, cette vague de terreur déclenchée contre Cuba a touché dix pays, dont les États-Unis, Cuba, le Panama, le Mexique, le Brésil.  Comme résultat de cette action, deux bombes explosent en 1997 aux Bahamas et au Mexique.

Pour conclure, en rappelant ce qu’avait dit Arleen sur Eduardo Arocena, deux commentaires sont nécessaires.  Comment peut-on expliquer à l’opinion publique des États‑Unis qu’Eduardo Arocena, un terroriste – chef de file d’Omega 7 - qui a exécuté des dizaines d’actes terroristes, qui a fait exploser 52 bombes, dont 29 aux États-Unis, soit sur le point d’être libéré et incorporé à la société nord‑américaine grâce aux démarches faites par des congressistes fédéraux de la Floride, à savoir Ileana Ros et Lincoln Díaz-Balart ?  Surtout lorsqu’il s’agit du seul terroriste d’origine cubaine emprisonné aux États-Unis après avoir assassiné en 1980 un fonctionnaire cubain représentant Cuba à l’ONU, un fonctionnaire que les États-Unis, en tant que pays hôte, devait protéger et après avoir assassiné aussi un émigré cubain à New Jersey en présence de son fils de 12 ans.

Une autre question doit être inévitablement abordée.  Comment expliquer que deux terroristes comme José Dionisio Suárez Esquivel et Virgilio Paz Romero, qui ont assassiné l’ancien ambassadeur du Chili, Orlando Letelier, en plein cœur de la capitale des États-Unis et qui ont fait exploser, le 21 septembre 1976, la voiture où voyageait la ressortissant nord-américaine Ronnie Moffitt, ce qui a provoqué sa mort et des blessures graves avec séquelles à son époux, lui aussi ressortissant nord-américain ?  Ce n’est que le 11 avril 1990 que Suárez Esquivel a été capturé par le FBI aux États‑Unis, autrement dit quatorze ans après une lente recherche, alors que Paz Romero a été arrêté le 21 avril 1991, au bout de 15 ans.  Ils n’ont été condamnés qu’à 12 ans de prison, dont seulement six ans ont été purgés.

Quelque chose d’insolite est cependant à signaler, et c’est que le 24 juillet 2000, à peine un mois et demi avant les événements terribles du 11 septembre, ces deux personnages ont été libérés.  Tous les deux ont manifesté leur intention de poursuivre leurs activités terroristes.  Ces deux exemples mettent à nu les véritables terroristes et leur base d’opérations.

Randy Alonso.- Les années 1990 ont été jalonnées d’actes terroristes contre des installations économiques cubaines, dans le but de freiner le développement économique à un moment où notre pays faisait face à la période spéciale du fait de la perte de ses marchés et d’empêcher l’essor du tourisme.

Notre peuple n’oubliera jamais les images de ces hôtels sinistrés par les bombes.  On n’oubliera pas non plus l’image du jeune italien Fabio di Celmo, la douleur de son père Giustino et les blessures infligées à de nombreux citoyens cubains et étrangers comme résultat de ces actes terroristes encouragés par l’un des plus grands criminels de notre sous-continent, Luis Posada Carriles, qui ne s’est jamais repenti – sa conscience, bien entendu, le lui empêche – de ces actes qui ont semé la mort et la terreur parmi notre peuple.

Je vous propose de visionner un fragment d’une interview accordée par le terroriste Luis Posada Carriles.

Reporter.- En l’été dernier, une série de bombes ont explosé à La Havane.  D’aucuns parlent d’une demi douzaine, d’autres d’une douzaine.  Êtes-vous l’auteur intellectuel de ces explosions ?

Luis Posada Carriles.- Oui.

Reporter.- Avez-vous participé à l’organisation de ces opérations et envoyé à Cuba les auteurs matériels ?

Luis Posada Carriles.- J’assume pleinement la responsabilité de tout acte commis à l’intérieur du territoire cubain contre le régime de La Havane.

Reporter.- D’après des informations fournies par le New York Times, Raúl Cruz León, le ressortissant salvadorien de 25 ans arrêté aujourd’hui à Cuba travaillait pour vous.  Est-ce vrai ?

Luis Posada Carriles.- Raúl Cruz León a été recruté par une personne qui travaillait pour moi.  Je n’ai eu jamais des contacts avec lui.  Il a accompli sa mission et il a été payé.

Reporter.- Ne croyez-vous pas que ces déclarations suffiront à signer son arrêt de mort ?

Luis Posada Carriles.- Peu importe ce que je peux dire, car son arrêt de mort est déjà signé.

Reporter.- D’après ce qu’on lit dans l’article, vous annoncez des nouvelles fort intéressantes.

Luis Posada Carriles.- Bien sûr.

Reporter.- Que voulez-vous dire par là ?

Luis Posada Carriles.- De nouveaux sabotages s’organisent actuellement contre Cuba.

Reporter.- À l’intérieur du pays ?

Luis Posada Carriles.- Oui.

Randy Alonso.- Voilà le témoignage d’un criminel qui annonçait de nouveaux actes terroristes à Cuba et qui organisait aussi ce type d’actions hors du territoire cubain, dont des tentatives d’assassinat de notre commandant en chef Fidel Castro.

Reinaldo Taladrid fournira d’autres éléments sur Luis Posada Carriles, l’un des plus notoires terroristes dans l’histoire de ce sous-continent.

Reinaldo Taladrid.- Partons tout d’abord d’une prémisse que personne ne met en question, aussi bien à Cuba qu’à l’étranger, à savoir que Luis Posada Carriles est l’un des plus redoutables terroristes, qu’il a organisé, financé et conçu des actes terroristes, qu’il a commis des meurtres et qu’il a torturé des gens.

Or qui est le véritable responsable des actions menées pendant plus de 30 ans par Luis Posada Carriles ?  Il y a deux sortes de responsabilités, par action ou par omission.

On est responsable par action lorsqu’on exécute ou que l’on participe directement à l’exécution d’un acte.  On est responsable par omission lorsqu’en sachant qu’on peut éviter une action, le manque d’action provoque l’exécution de l’acte.  Autrement dit, on n’a pas fait ce qu’il aurait dû être fait pour éviter l’acte.  Remontons aux années 60.

Luis Posada Carriles a été entraîné par l’armée des États‑Unis à Fort Benning, Georgia.  Là, il a appris à poser des explosifs et à maîtriser des techniques de démolition.  Cela obéissait évidemment non pas à la volonté de l’armée mais aux intérêts du gouvernement des États-Unis.  L’armée, elle, n’obéissait qu’aux ordres de l’administration.

C’est là qu’il a tout appris.  Mais pour qui se prépare‑t‑il ?  Pour le gouvernement des États-Unis.  Et pourquoi ?  Tout simplement parce qu’à la fin de son entraînement, il sera promu officier de l’armée nord‑américaine.

Par ailleurs, il est au service du gouvernement nord‑américain.  À ce moment-là, il ne réalise pas d’activités contre Cuba.  Posada Carriles participe tout d’abord à l’opération qui a abouti à l’invasion de la République dominicaine en 1965.  On le voit sur le bateau Venus, aux alentours de la République dominicaine, d’où l’on appuyait l’invasion.  Posada Carriles, de connivence avec l’un de ses acolytes, a été responsable de poser une bombe au moment où Francisco Caamaño prononçait un discours.

Cet événement est suivi d’une série d’opérations, dénommées par la CIA « opérations autonomes ».  Cette appellation, qui figure dans des documents remis en circulation, met en évidence le contrôle de la CIA sur ces opérations.  Or, la CIA est une entité qui répond aux directives du gouvernement nord-américain.  Ces activités contre Cuba étaient au moins orientées par l’administration.

En quoi consistaient ces opérations ?  Il s’agissait d’organiser dans différentes bases situées dans les cayes et en Amérique centrale les infiltrations dans le territoire cubain pour pratiquer le terrorisme, réaliser des sabotages, introduire des armes et des hommes et tramer des plans d’attentats, entre autres.  Voilà tout ce qu’il fait.  A‑t‑il suivi au pied de la lettre les instructions données par le gouvernement des États-Unis ?

Je vais vous lire un morceau de l’évaluation annuelle de Luis Posada Carriles : « Il a un bon caractère.  Il est très fiable et conscient en matière de sécurité. »  Dans l’évaluation de l’année suivante, on lit : « Il accomplit avec efficacité toutes les tâches confiées.  En réalité, son travail peut être qualifié d’excellent. »  Voilà comment le gouvernement nord-américain juge Luis Posada Carriles.

C’est la raison pour laquelle les États-Unis l’envoient au Venezuela en 1967.  Pourquoi ?  Hé bien, on lui confie la tâche de créer une agence de sécurité au Venezuela, la DISIP.  Là, Posada doit censément organiser, selon l’intérêt des États-Unis, ce qu’on appelle le service de contre‑insurrection de la DISIP vénézuélienne.  Comment pouvons-nous interpréter cela ?  Cela signifie persécuter, arrêter, torturer et assassiner tous les révolutionnaires possibles au Venezuela.  Mais s’il est là c’est parce que cela convient aux intérêts du gouvernement nord-américain, parce qu’il a été formé par le gouvernement nord-américain et parce qu’il est un expert en la matière.  Connu sous le nom de commissaire Basilio – nom tristement rappelé par les révolutionnaires vénézuéliens de l’époque -, Posada avait un grand pouvoir, car, selon l’intérêt de Washington, il avait été son représentant à la DISIP.  Cependant, Carriles ne néglige jamais les actions terroristes contre Cuba.  Il remplit ses fonctions à la DISIP en même temps qu’il orchestre des plans d’attentats contre la vie du compañero Fidel.  Il est l’artisan de la chasse à l’homme organisée à l’occasion de la visite de Fidel au Chili, en 1971.  Pourquoi ?  Les terroristes ont réussi à introduire un revolver dans une caméra de télévision qui se trouvait tout près du compañero Fidel.

Pour faire honneur à l’histoire, les terroristes et les mercenaires n’ont pas eu le courage nécessaire.

L’équipe terroriste, organisée par Luis Posada Carriles, était munie de papiers et de passeports vénézuéliens.  Et pour couronner le tout, devant l’échec de cette opération, Posada charge deux des terroristes à son service de tirer sur Fidel à l’aéroport d’Équateur – le compañero Fidel a fait escale au Pérou et en Équateur - depuis un autre avion.  Les deux terroristes devaient fuir dans le même avion.  Dans le cas du Chili, Posada a fourni la documentation et la logistique.  Dans celui de l’Équateur, Posada a organisé toute l’opération, alors qu’il travaillait au Venezuela pour le compte du gouvernement nord-américain.  Les fonds provenaient des contribuables vénézuéliens.

Lázaro Barredo.- Au Chili, les opérations étaient réalisées au nom de l’agence USAID.

Reinaldo Taladrid.- Parler de l’USAID exige d’analyser en détail les plans d’attentats.  Antonio Veciana, un autre terroriste notoire, lié à cette affaire, possédait des documents de l’Agence internationale de développement en Bolivie, pays qui lui sert de pont pour se rendre au Venezuela.

Passons maintenant en revue les années 70.  Pendant cette période, Posada quitte la DISIP et crée une agence d’informations privée.  Cependant, si l’on s’en tient aux documents de la CIA publiés par le New York Times, Posada Carriles a continué d’envoyer, jusqu’en 1976, des informations au gouvernement nord-américain.

Que se passe-t-il pendant cette étape ?  On connaît déjà cette histoire.  Le CORU voit le jour.  Puis, on assiste à toute une vague d’attentats avant les événements survenus à la Barbade, dont les auteurs intellectuels ont certainement été Luis Posada Carriles et Orlando Bosch.  On dit aussi que lors d’une perquisition faite au bureau de l’agence de détectives de Posada (AIP) à Caracas, on a trouvé une carte où l’on avait marqué le parcours suivi par Orlando Letelier avant son assassinat à Washington.  Cela nous donne une idée des activités réalisées par Posada.

Selon la CIA, Luis Posada Carriles a cessé ses fonctions d’informateur en février 1976 si je ne me trompe pas.  Cependant, selon des documents de la CIA, Posada a continué de fournir des informations au gouvernement nord-américain, même après la prétendue rupture.

Comme on le sait, Luis Posada Carriles est envoyé en prison ; c’est alors que commence tout ce procès scandaleux pendant lequel toutes les preuves ont disparu.  La Fondation nationale cubano-américaine et d’autres agents de la CIA qui sont eux aussi au service du gouvernement nord-américain organisent son évasion, et ce, entre autres choses, car Posada menace les agents de la maffia de commencer à parler.  C’est pourquoi il a accordé les interviews visionnées ici.  Effrayé, Mas Canosa a investi la somme en question pour l’aider à sortir de prison.

Curieusement, Posada s’installe en Amérique centrale dans la base aérienne d’Ilopango où il est reçu par certains cadres de la Fondation nationale cubano-américaine.  Ilopango était le siège de l’opération la plus secrète et importante du gouvernement nord-américain, à savoir l’Iran-contras, dirigée depuis la Maison-Blanche.

On ne peut croire que l’on puisse travailler à la base d’Ilopango sans être étroitement lié au gouvernement nord‑américain.  Toutes les opérations de la base étaient contrôlées par Oliver North.  North disposait d’un bureau au Conseil national de sécurité.  Il avait même accès direct au bureau du vice-président des États-Unis, George Bush père.  Le gouvernement nord-américain devait être donc au courant de ce qui se passait à Ilopango.

Posada Carriles se met encore une fois au service du gouvernement des États-Unis dans l’opération Iran-contras.  Selon un reportage de CBS et divers articles publiés, Luis Posada et Félix Rodríguez contrôlaient le déchargement d’armes à Ilopango.  Les avions utilisés rentraient aux États-Unis chargés de drogues.  Posada est aussi responsable de l’introduction de drogues en territoire nord-américain, un délit condamné par les lois de ce pays, d’où la validité du proverbe : nourris un corbeau, il te crèvera les yeux.

Luis Posada Carriles, qu’a-t-il fait une fois terminée l’opération Iran-contras qui n’est qu’une sale guerre contre le Nicaragua et les mouvements révolutionnaires ?  Hé bien, il décide d’entrer en contact avec les gouvernements de la région, comme celui d’El Salvador.  Posada devient conseiller de certains de ces gouvernements et participe à diverses guerres maffieuses et à des tentatives d’assassinat d’hommes politiques.  Or, compte tenu du contrôle exercé par les États-Unis sur ces hommes politiques – qui étaient le fruit de la sale guerre -, le gouvernement nord-américain devait forcément savoir où se trouvait Posada et ce qu’il faisait.  La preuve nous a été présentée par Méndez.  En 1998, le FBI a interviewé Posada Carriles pendant de longues heures à l’ambassade des États-Unis au Honduras.

Le FBI aurait dû, d’office, arrêter un homme qui avait introduit des drogues aux États-Unis et qui était d’ailleurs recherché par la justice du Venezuela, un pays avec lequel les États-Unis ont souscrit des traités d’extradition.

Randy Alonso.- Sans parler des informations détaillées sur les actes terroristes perpétrés contre notre pays dans les années 90, fournies par les autorités cubaines au FBI, au congressistes et aux plus hautes autorités nord-américaines par le truchement d’importantes personnalités politiques qui avaient visité Cuba.  Les informations révélaient la participation de Luis Posada Carriles aux actes terroristes et ses activités en Amérique centrale.

Reinaldo Taladrid.- Même avant cette réunion, le gouvernement cubain avait fourni au gouvernement nord‑américain des informations suffisantes pour arrêter Posada.  Cela ne veut pas dire qu’il devait être arrêté par le simple fait d’être une personne méchante.  On disposait aussi des preuves qui mettaient en évidence qu’il était en train d’organiser des attentats à la bombe, qu’il menaçait de faire exploser un avion, qu’il voulait recruter quelqu’un et qu’il avait envoyé des gens à Cuba.

Lázaro Barredo.- La réunion avec deux officiers du FBI a eu lieu le 7 février 1992 à 9 heures du matin dans la chambre 426 de l’ambassade des États-Unis à Tegucigalpa, Honduras.

Reinaldo Taladrid.- Malheureusement, il n’y pas suffisamment de temps pour vous donner tous les détails.

Comment peut-on expliquer tout cela ?  Je vais donner lecture des déclarations faites en juillet 1998 par Luis Posada Carriles au New York Times.

« Comme on peut le constater, dit Posada, le FBI et la CIA ne me dérangent pas.  Ma position à leur égard est neutre.  Si je peux les aider, je le fais. »  Nous sommes donc au courant de toutes les activités réalisées par Posada.  Mais qui est, en fin de comptes, le responsable direct de tout ce qu’a fait Posada.  Hé bien, le gouvernement des États-Unis a été des années durant le responsable par action et par omission.  Par action, parce qu’il a directement soutenu les activités réalisées par Posada et, par omission, parce qu’il avait passé sous silence toutes les informations que lui avait donné le gouvernement cubain.  Le gouvernement nord‑américain savait où trouver Posada Carriles et savait aussi les morts qu’il garde dans sa conscience, même s’il dit que cela ne lui empêchait pas de dormir.  Posada est responsable d’actes de terrorisme, d’attentats et de l’assassinat non seulement de citoyens cubains mais aussi de révolutionnaires centre-américains et vénézuéliens.

Le gouvernement des États-Unis en est le seul responsable, car c’est lui qui doit prendre une décision politique ayant force de loi pour toutes les agences du gouvernement, que ce soit la CIA ou le FBI.  La non adoption de cette décision obéit à des manœuvres douteuses comme celle du 20 mai.  Voilà pourquoi les mesures que toute personne honnête et consciente aurait adoptées contre un personnage comme Luis Posada Carriles n’ont pas été prises.

Alors, qui est le véritable terroriste ?  Luis Posada Carriles et les différentes administrations nord-américaines qui l’ont protégé, qui ne l’ont pas arrêté et qui sont les responsables de dizaines de morts dans cet hémisphère.

Randy Alonso.- La complicité du gouvernement nord-américain peut être constaté dans le fait qu’il est au courant des appels que lance la radio de Miami pour collecter des fonds pour aider le terroriste Luis Posada Carriles, emprisonné au Panama pour le délit d’avoir attenté à la vie de notre commandant en chef ; qu’il est au courant aussi des voyages des représentants de la maffia au Panama où ils essayent d’acheter la liberté du terroriste ainsi que des manœuvres réalisées à Miami par Santiago Alvarez et d’autres terroristes pour aider les avocats de la défense.  Ces éléments mettent à nu les véritables terroristes, leurs défenseurs et ceux qui, pendant plus de quarante ans, ont commis des crimes affreux contre notre peuple.

Je tiens à remercier les membres et les invités de leur participation à cette table ronde.

Compatriotes,

Nos trois dernières tables rondes se sont penchées sur une longue et honteuse liste de milliers d’actes terroristes perpétrés contre notre peuple, financés et tolérés par les administrations nord-américaines.

Des images de l’horreur, de la douleur et de la mort ont défilé devant nos yeux. 3 478 morts et plus de 2 000 handicapés, voilà le bilan laissé par les actes terroristes.  Mais il y a d’autres faits qui nous permettent d’inculper le véritable État terroriste, à savoir les plus de 600 tentatives d’assassiner notre commandant en chef – dont nous parlera le professeur Fernández - ; les morts provoquées par la loi assassine d’ajustement cubain ; l’enlèvement d’Elián González ; les terroristes et les tortionnaires d’origine cubaine qui vivent à leur aise sur le territoire des États‑Unis et les dizaines d’actes terroristes exécutés par ces maffias aux États-Unis.

Dimanche prochain, notre table ronde continuera d’analyser ces sujets.  Demain, entre-temps, le combat de notre peuple se poursuivra à la tribune libre de la Révolution à se tenir à Sancti Spíritus.

La bataille d’idées se poursuivra demain à 8 heures dans le cadre d’un acte de protestation contre le blocus, les calomnies et les menaces du gouvernement des États-Unis contre Cuba et de condamnation de tous les actes terroristes commis contre notre peuple.

Indépendamment des conditions climatiques, nous donnerons une réponse énergique à l’adversaire.  Il s’agira d’un acte à vocation humaine, patriotique et révolutionnaire.

Le combat continue !

Bonsoir.