DÉCLARATION DU MINISTÈRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES DE LA RÉPUBLIQUE DE CUBA

Ainsi donc, l’Union européenne a une fois de plus capitulé face au gouvernement des Etats-Unis en matière de politique cubaine.

Rompant avec la pratique diplomatique habituelle, l’Union européenne a émis, le 5 juin au matin, un communiqué où, tout en annonçant des mesures punitives contre Cuba, elle informait la communauté internationale qu’elle avait adressé aux autorités cubaines une démarche qui n’est pourtant parvenue à notre ministère que dans l’après-midi. Nous n’en avons pas été surpris outre mesure : nous comprenons fort bien que l’Union européenne souhaite que son communiqué soit connu à Washington avant qu’à La Havane…

On savait très bien en Europe que cette décision de faire chorus avec l’administration nord-américaine dans ses attaques contre Cuba serait perçue comme une nouvelle preuve de résipiscence et de repentir qui contribuerait à faire oublier les divergences surgies, à l’occasion de la guerre en Irak, entre « la vieille Europe » - selon le qualificatif de Rumsfeld - et le gouvernement impérial de nature nazi-fasciste qui s’évertue à imposer sa dictature au reste du monde.

La nouvelle déclaration des Quinze couronne une étape ininterrompue de prises de positions et d’agressions contre Cuba, juste au moment où notre pays a dû faire pièce aux plans sinistres de ceux qui, de Miami et de Washington, s’efforcent de fabriquer des prétextes pour justifier une agression militaire. Cette escalade européenne a connu les étapes suivantes :

Et voilà la dernière étape : cette nouvelle déclaration dont Cuba apprend la teneur par la presse internationale au lieu des voies diplomatiques normales !

Cette charge sans précédent contre notre pays nous interpelle d’autant plus que l’Union européenne, dont la sagesse est proverbiale, sait garder un silence respectueux quand il lui convient, voire se faire la complice tolérante de conduites et de faits bien plus graves que ceux qu’elle impute aujourd’hui, sans raison, à Cuba ! Ainsi, comment évaluer son silence face aux crimes commis par l’armée nord-américaine contre la population civile irakienne ?

Trop, c’est trop ! Cuba se voit contrainte, une fois épuisée sa patiente capacité de dialogue et de tolérance, de riposter à ce qu’elle estime une conduite hypocrite et opportuniste de la part de l’Union européenne.

Dans sa déclaration, « l'UE déplore que les autorités cubaines aient rompu le moratoire de fait sur la peine de mort ».

Cuba ne détaillera pas une fois de plus les raisons exceptionnelles, expliquées à plusieurs reprises, qui l’ont contrainte de prendre des mesures énergiques contre trois pirates de la mer armés, des repris de justice, qui ont menacé d’assassiner des dizaines d’otages, dont plusieurs touristes européens. Cuba n’a jamais ouïe dire que l’Union européenne ait condamné la peine de mort aux Etats-Unis. Elle n’a jamais vu l’Union européenne présenter une condamnation des Etats-Unis à la Commission des droits de l’homme pour leur application de la peine de mort à des mineurs, à des malades mentaux et à des étrangers qui ne bénéficient même pas des visites consulaires auxquelles ils ont pourtant droit. Cuba n’a jamais entendu l’Union européenne critiquer les soixante et onze exécutions réalisées l’an dernier aux Etats-Unis, dont celles de deux femmes. Pourquoi donc l’Union européenne condamne-t-elle la peine de mort à Cuba, et pas aux Etats-Unis ?

Cuba ne peut donc prendre au sérieux cette lamentation de l’Union européenne : elle ne peut y voir qu’hypocrisie et morale à double vitesse.

La Déclaration européenne cite textuellement la lettre remise à notre ministère, qui reprend les arguments de l’administration nord-américaine. Elle prétend de nouveau déguiser en « opposants » et en « journalistes indépendants » des mercenaires qui, touchant de l’argent du gouvernement nord-américaine, aspirent à contribuer de l’intérieur à l’objectif de ce dernier : renverser la Révolution cubaine.

Plus loin, l’Union européenne « demande instamment aux autorités cubaines de faire en sorte que… les prisonniers ne souffrent pas inutilement et ne soient pas soumis à des traitements inhumains ». Cuba ne fera pas le moindre commentaire à cette « demande » offensante : c’est une scélératesse !

Cuba ne répétera pas les arguments qu’elle a déjà employés à plusieurs reprises. Elle se bornera à constater qu’elle n’a jamais entendu l’Union européenne condamner une seule fois les Etats-Unis pour les centaines de prisonniers – dont certains sont Européens – qu’ils maintiennent, en violation des normes les plus élémentaires des droits de l’homme, sur la base navale de Guantánamo, qui nous est imposée de force et contre notre gré. L’Union européenne n’a jamais dit un traître mot des milliers de prisonniers, dont beaucoup ne le sont que sur leur faciès ou parce qu’il sont musulmans, que l’administration nord-américaine maintient en prison depuis le 11 septembre, sans les moindre garanties juridiques, sans procès et sans même avoir fait connaître leurs noms.

L’Union européenne n’a jamais dit un traître mot des conditions carcérales infligées à plus de deux millions de prisonniers nord-américains, la plupart Noirs et Latinos, mais tous pauvres, et dénoncées par des rapports internationaux sur les droits de l’homme.

À Cuba, en revanche, grâce à la Révolution, on n’a jamais vu en plus de quarante ans des manifestations de brutalité policière ou de répression violente comme celles qui s’exercent contre ceux qui expriment pacifiquement dans les rues leur opposition à l’ordre mondial actuel, ou de traitement xénophobe et raciste contre les immigrants et les demandeurs d’asile, comme cela se passe tous les jours dans cette Europe qui prétend nous donner des leçons.

L’Union européenne annonce ensuite, dans sa Déclaration, de nouvelles mesures contre Cuba qui apparaissent en gros comme un acte de capitulation face aux pressions de l’administration nord-américaine.

Elle annonce quatre mesures :

Limiter les visites gouvernementales de haut niveau effectuées dans le cadre bilatéral.

Faut-il rappeler qu’aucun chef d’Etat ou de gouvernement de l’Union européenne n’a visité Cuba ces cinq dernières années ?

Même le roi d’Espagne, Juan Carlos II, dont la sympathie naturelle et la simplicité ont forcé le respect du peuple et du gouvernement cubains, n’a pu réaliser une visite officielle, puisque le chef du gouvernement, José María Aznar, à qui la Constitution donne le dernier mot en la matière, a été tranchant : « Le roi ira à Cuba quand il faudra. »

Par ailleurs, seuls deux ministres des Affaires étrangères des Quinze sont venus à Cuba depuis 1998 : M. Louis Michel (Belgique), en 2001 – qui a fait de vrais efforts pour développer les relations – et Mme Lydie Polfer (Luxembourg), en 2003.

Personne d’autre n’a tenu en Europe – à plus forte raison maintenant – à contrarier Washington. Pendant ce temps, 663 délégations de haut niveau sont venues à Cuba en 2002, dont 24 chefs d’Etat et de gouvernement, et 17 ministres des Affaires étrangères.

Réduire l'importance de la participation des États membres aux
manifestations culturelles.

Une décision pareille, émanant de l’Europe cultivée et civilisée, devrait, c’est le moins qu’on puisse dire, faire rougir ses auteurs !

Convertir les intellectuels et les artistes, européens et cubains, et nos peuples qui bénéficient des échanges culturels, en victimes spéciales de l’agression est une mesure si réactionnaire qu’elle aurait semblé inconcevable au XXIe siècle.

Le gouvernement espagnol a d’ailleurs donné le premier signal de cette politique absurde en suspendant en avril la participation d’une délégation de ce pays au festival « L’empreinte de l’Espagne » qui vise justement à rendre hommage à la culture de ce peuple frère. A quoi s’ajoute le fait que le Centre culturel espagnol à La Havane, loin de faire connaître la culture de ce pays à Cuba, ce qui est sa raison d’être, a maintenu un programme d’activités sans rapport avec sa fonction originelle, défiant ouvertement les lois et les institutions cubaines et violant tout aussi ouvertement la lettre de l’accord qui lui a donné naissance.

Les autorités cubaines adopteront ces prochains jours les mesures pertinentes pour convertir ce centre en une institution qui remplira vraiment son noble objectif de faire connaître la culture espagnole dans notre pays.

Inviter des dissidents cubains aux cérémonies organisées à l'occasion des fêtes nationales

Par cette décision qui convertira les ambassades européennes à La Havane en employés virtuels de M. Cason et qui les mettra au service du travail subversif de la Section des intérêts des Etats-Unis – ce que seule l’ambassade espagnole faisait ouvertement à ce jour – l’Union européenne officialise son intention de défier le peuple cubain, ses lois et ses institutions.

Cuba avertit, sereinement mais fermement, les ambassades européennes et les mercenaires locaux du gouvernement nord-américain qu’elle ne tolérera ni provocations ni chantages. Les mercenaires qui tenteront de les convertir en centres de conspiration contre la Révolution cubaine doivent savoir que le peuple cubain saura exiger l’application rigoureuse des lois. Les ambassades européennes doivent être conscientes pour leur part qu’elles violeront les obligations qui sont les leurs aux termes de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques si elles se prêtent aux activités subversives contre Cuba.

Les mesures que Cuba devra adopter pour défendre sa souveraineté et leurs conséquences seront de l’entière responsabilité de l’Union européenne qui, bouffie d’arrogance, vient d’adopter une décision qui heurte profondément la sensibilité et la dignité du peuple cubain.

Procéder à la réévaluation de la position commune de l'UE.

Par cette dernière formulation, M. Aznar et le gouvernement espagnol annoncent d’ores et déjà leur aspiration à durcir la Position commune sur Cuba que, faut-il le rappeler, cette même Espagne a imposée au reste de l’Union européenne dès 1996.

Le 13 novembre de cette année-là, le journal El País annonçait, sous le titre « L’Espagne propose à l’Union européenne de couper les crédits et la coopération à La Havane », ce qui suit :

Le gouvernement espagnol proposera demain, à Bruxelles, à ses partenaires de l’Union européenne une stratégie d’encerclement économique du régime de Fidel Castro… Le train de mesures que propose Aznar va tout à fait dans le sens de la politique nord-américaine actuelle. L’initiative que le gouvernement Aznar prétend impulser entraînerait la fermeture des robinets de la coopération et des crédits des Quinze et l’élévation du dialogue avec l’opposition anticastriste.

[…] Les mesures que caresse Aznar… impliquent une rupture totale avec l’antérieure politique cubaine de l’Espagne…

Parmi les mesures annoncées par le journal ce jour-là, en plus de la tentative d’Aznar de suspendre la coopération des quinze pays européens avec Cuba, de mettre fin aux accords d’entreprises et de bloquer les maigres crédits, onéreux et à court terme, que nous recevions à ce moment critique de la Période spéciale, s’ajoutait une autre visée :

Dialogue avec l’opposition : Chacun des quinze ambassadeurs européens à La Havane nommera un diplomate spécialisé dans l’ouverture d’un dialogue de haut niveau avec les groupes d’opposition à Castro. Les gouvernements européens inviteraient ces groupes à un contact permanent de haut niveau.

Ce train de mesure serait officialisé par une « position commune » de l’Union européenne ; elle s’inspire directement de la stratégie nord-américaine de harcèlement, prônée par l’ambassadeur itinérant des Etats-Unis, Stuart Eizenstadt.

Selon El País, ce que la réalité conforma ensuite,

Ce diplomate nord-américain n’a cessé d’insister auprès des ministères des Affaires étrangères européennes qu’il était temps que l’Union européenne abandonne sa stratégie actuelle.

Il a aussi promis que si les quinze pays européens reprenaient l’approche nord-américaine, Washington « concéderait » à ses partenaires un ajournement semestriel de l’application de la loi Helms-Burton qui renforce l’embargo contre Cuba et poursuit les investissements européens dans l’île.

L’Espagne, qui fut un pilier de l’approche autonome, deviendrait ainsi, si l’initiative prospère, le fer de lance du mouvement inverse.

Et l’initiative Aznar prospéra. C’est d’elle que sont parties la Position commune et, plus tard, la honteuse Entente de l’Union européenne avec les Etats-Unis au sujet de la loi Helms-Burton, par laquelle les gouvernements européens acceptèrent de se plier aux conditions imposés par les Etats-Unis en échange de leur promesse de ne pas punir les entreprises européennes. Et c’est aussi d’elle que part cette nouvelle campagne des gouvernements européens contre Cuba.

El señor Aznar, obsédé par son rêve de punir Cuba et devenu l’allié au petit pied du gouvernement impérial nord-américain, fut le principal responsable du fait que l’Union européenne ne soit pas parvenue à mettre au point une approche indépendante et objective envers Cuba, et il est maintenant le principal responsable de cette escalade traîtresse, justement quand notre petit pays est devenu un symbole de la résistance des peuples à la menace de voir les Etats-Unis imposer une tyrannie nazie-fasciste au reste du monde, y compris aux peuples européens – dont l’opposition résolue à la guerre contre l’Irak a été bafouée d’une manière humiliante – voire au peuple nord-américain lui-même.

Cuba sait que le gouvernement espagnol finance – comme le fait le gouvernement nord-américain dans le cadre de la loi Helms-Burton – les groupes annexionnistes et mercenaires que la superpuissance s’efforce d’organiser dans notre pays.

Comment expliquer l’intérêt du señor Aznar « de promouvoir la démocratie à Cuba », alors qu’il a été le premier et l’unique dirigeant européen a soutenir le putsch fasciste au Venezuela et à offrir « son soutien et sa disponibilité » à l’éphémère « président » putschiste ?

Mais Cuba n’inculpe pas pour autant le noble peuple espagnol ni les autres peuples européens. Au contraire. Cuba sait combien de sympathie et d’admiration, malgré les infâmes campagnes médiatiques, elle éveille chez de nombreux citoyens de ces pays dont elle accueille tous les ans presque un million de touristes. Cuba sait combien de solidarité elle éveille en Europe, et elle a senti tous ces années-ci la main amie de milliers d’organisations non gouvernementales, d’associations civiles et de mairies européennes.

Cuba sait que les peuples européens – donnant une leçon morale et humaine exemplaire – se sont opposés à la guerre en Irak que l’Union européenne n’a pu toutefois éviter, divisée par la trahison du gouvernement espagnol au reste de l’Europe et humiliée par une superpuissance qui est allée jusqu’à proclamer qu’elle attaquerait La Haye au cas où un soldat nord-américain serait traduit devant le Tribunal pénal international !

Cuba, qui connaît les sentiments d’amitié et de solidarité des peuples européens, ne saurait accepter que leurs gouvernements, s’alignant sur la position du président espagnol de soutien aux groupes terroristes d’origine cubaine opérant à Miami et à l’administration Bush, décident de collaborer à la création à Cuba de groupes mercenaires qui épaulent les efforts des Etats-Unis pour détruire la Révolution cubaine et annexer notre pays.

La décision de l’Union européenne de se joindre à la politique agressive des Etats-Unis contre Cuba a été accueillie avec force applaudissements et allégresse non seulement par l’administration nord-américaine dont le secrétaire d’Etat a déclaré : « Les USA pourraient participer avec l’Union européenne à la mise en place d’une stratégie commune envers Cuba », mais aussi par les mercenaires qui oeuvrent encore dans notre pays pour le gouvernement nord-américain et par les porte-parole des groupes terroristes de Miami.

Le prétendu Conseil pour la liberté de Cuba, un groupe de batistiens de Miami, qui avait réclamé ces jours-ci que le président Bush décrète le blocus naval de Cuba, a affirmé : « Nous nous réjouissons que l’Europe se joigne aux pressions… », tandis que la Fondation nationale cubano-américaine, terroriste, s’en est félicitée, soulignant qu’ « il était temps que les pays européens se rendent compte… »

L’agence de presse DPA titre comme suit un reportage : « Jubilation dans l’exil devant la décision de l’Union européenne vis-à-vis de Cuba », informant que les groupes ultras cubains ont réagi « avec enthousiasme » et que les « journaux télévisés de Miami ont ouvert leurs émissions sur la décision de l’Union européenne et ont mis en exergue les mesures qu’elle adoptera ».

Il n’est pas difficile de savoir à qui profite la déclaration de l’Union européenne et pourquoi les groupes terroristes de Miami, responsables d’attaques à la bombe contre des intérêts européens à Cuba et même de la mort d’un jeune Italien, Fabio di Celmo, jubilent. Pas besoin d’être grand clerc pour expliquer pourquoi ceux qui réclament à l’administration nord-américaine le durcissement du blocus et le déclenchement d’une agression militaire contre notre peuple applaudissent à grands cris.

Cuba, de son côté, défendra son droit d’être une nation libre et indépendante, avec ou sans soutien européen, même s’il lui faut faire face à la complicité de certains gouvernements avec le groupe fasciste qui gouverne aujourd’hui les Etats-Unis.

Cuba ne met pas tous les gouvernements européens dans le même sac : elle sait bien quels sont les principaux fauteurs de cette provocation insolite.

Ainsi, le gouvernement italien que dirige le Premier Ministre Silvio Berlusconi vient de se joindre à la conspiration de son homologue espagnol : en effet, l’Italie vient de suspendre unilatéralement sa coopération au développement de Cuba qui aurait pu se monter cette année-ci à presque quarante millions d’euros. La suspension porte sur les points suivants :

  1. Un crédit d’aide de 17,5 millions d’euros qui aurait permis d’améliorer les systèmes de drainage et d’accroître la production alimentaire dans la province de Granma et à La Habane-province.
  2. Un crédit d’aide de 7,4 millions d’euros destinés à la place du Christ, dans la Vieille-Havane, qui aurait permis de restaurer des logements où vivent environ cinq cents familles, deux écoles et les services d’eau potable, d’électricité et d’égout de la zone.
  3. Un don de 400 000 euros destinés à la création d’un centre pour les personnes âgées dans l’ancien couvent de Bethléem, qui aurait permis de soigner environ deux cents personnes et qui aurait été géré par l’Office de l’Historien de la ville, les autorités sanitaires locales et les sœurs de la Charité.
  4. Un don de 6,8 millions d’euros, passant par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui aurait servi à soutenir localement des services sociaux de base, tels qu’éducation, santé, soins d’handicapés et de personnes âgées.
  5. Un don de 6,8 millions d’euros passant par le PNUD et destiné à l’achat d’équipements, surtout dans le domaine de la santé et de la production alimentaire, dans les provinces de l’Est.
  6. Un don de 534 000 euros venant soutenir le programme de collaboration et d’échanges entre l’université italienne de Tor Vergata et celle de La Havane.

Voici donc la manière insolite dont le gouvernement italien s’apprête à défendre les droits de l’homme du peuple cubain !

Le rôle de l’Union européenne serait risible n’était la gravité de cette escalade.

Il nous faut donc dire sans ambages :

Cuba ne reconnaît pas la moindre autorité morale à l’Union européenne pour la condamner, à plus forte raison pour lui imposer un ultimatum menaçant en matière de relations et de coopération. Cuba a adopté les décisions qui n’incombent qu’au peuple et au gouvernement, qui sont absolument légitimes et qui se fondent sur la Constitution et les lois du pays.

L’Union européenne qui, à la différence de Cuba, ne sait pas ce que c’est que d’être en butte au blocus et aux menaces militaires des Etats-Unis, devrait regarder avec respect la lutte que mènent les Cubains pour préserver leur droit à l’indépendance ; elle devrait garder un silence pudique quand on sait qu’elle s’est tue bien des fois au profit de ses seuls intérêts ; quand on sait qu’elle n’a jamais adopté de position commune contre le régime répressif israélien ; quand on sait qu’elle s’est opposée à ce que la Commission des droits de l’homme analyse les dangers que la guerre en Irak représentait pour le droit à la vie des enfants irakiens.

Le ministère des Relations extérieures rappelle finalement à l’Union européenne que Cuba est un pays souverain, qui a conquis sa pleine indépendance à la suite d’un processus long et douloureux, dont plus d’un demi-siècle de lutte contre la société néo-coloniale corrompue imposée à notre pays après les Accords de Paris aux termes desquels l’Espagne le céda aux Etats-Unis dans le dos des patriotes.

Cuba a gagné la faculté, reconnue par le droit international, de décider d’elle-même, dans l’exercice de sa pleine souveraineté, sans ingérence ni intromission étrangères, le système politique, économique et social qui convient le mieux à son peuple.

Cuba rejette le langage, marqué au sceau de l’ingérence et de l’irrespect, de la récente Déclaration de l’Union européenne et demande à celle-ci de s’abstenir d’offrir des solutions que le peuple cubain ne lui a pas demandées, tout en réitérant son respect et son amitié envers les peuples européens avec lesquels elle espère renforcer un jour, d’une manière digne et honorable, les relations les plus fraternelles et les plus sincères à peine l’Histoire aura-t-elle balayé tant d’hypocrisie, de putridité et de couardise.

Ministère cubain des Relations extérieures

La Havane, le 11 juin 2003