Réflexions du compañero Fidel

 

CE QU’A FAIT SAVOIR LA REVUE SCIENCE

 

 

Quand j’écrivais tôt le matin les Réflexions lues aujourd’hui au Journal télévisé et publiées par CubaDebate, je n’avais pas encore lu une dépêche écrite depuis Mexico par Mark Stevenson y David Koop, et transmise par AP, la principale agence de presse des États-Unis.

Bien entendu, elle n’avait pas du tout l’intention de me donner raison en affirmant à plusieurs reprises que j’avais accusé le Mexique d’avoir occulté l’épidémie jusqu’après la visite d’Obama dans le pays.

J’ai poursuivi sans broncher ma lecture de la dépêche apparaissant dans les bulletins qui collectent des nouvelles de la presse internationale et non incluse par conséquent dans les 362 pages publiées hier par les agences accréditées à Cuba.

Cette dépêche de l’AP est particulièrement intéressante par les temps qui courent. La voici textuellement :

« La visite d’Obama (16 avril) a eu lieu une semaine avant que les fonctionnaires de la santé n’annoncent que la grippe porcine s’était disséminée, ce qui a finalement contraint les autorités à décider de la fermeture massive qui a pratiquement paralysé de nombreux endroits du pays.

« Selon une étude publiée ce lundi-ci par la revue Science, il existait peut-être dès le 23 avril, date où l’épidémie a été annoncée, un total de 23 000 cas de grippe porcine. Celle-ci cause la mort de 0,4 à 1,4 p. 100 de ses victimes, mais l’auteur principal de l’étude, Neil Ferguson, de l’Imperial College de Londres, a affirmé que les données étaient encore incomplètes.

« "Il s’avère très difficile, à cette étape, de quantifier son impact sur la santé humaine", a-t-il précisé.

« L’analyse publiée par Science suggère qu’il existe bien plus de cas que ceux que les laboratoires ont confirmés, entre 6 000 et 32 000 au Mexique depuis le 23 avril. La grippe s’est répandue depuis dans le monde entier et, toujours selon cette étude, semble être bien plus contagieuse que la grippe saisonnière habituelle.

« Les chercheurs ont aussi comparé l’ADN des virus dans vingt-trois cas confirmés et estimé que les premier cas avaient dû apparaître le 12 janvier, probablement par transmission entre les personnes, bien qu’ils estiment qu’elle a pu avoir éclaté à n’importe quel moment entre le 3 novembre et le 2 mars.

« Les chercheurs ont indiqué que la grippe H1N1 de 2009 sera, semble-t-il, aussi sévère que celle de 1957, mais moins que la version mortelle de 1918.

« La réouverture des jardins d’enfants et des écoles primaires et secondaires fermés depuis le 24 avril a été la mesure prise la plus récemment en vue de rétablir une certaine normalité, tandis que les affaires, les services publics, les lycées et les universités ont rouvert leurs portes la semaine dernière.

« Mais 6 des 31 États mexicains ont ajourné la réouverture des écoles à la semaine prochaine à cause de l’augmentation des cas de grippe à l’échelle locale, et un septième État l’a repoussé d’un jour de plus, jusqu’à mardi. Le département de l’Éducation a annoncé qu’il ajouterait sept jours à l’année scolaire pour rattraper le temps perdu.

« Mais tandis que les fonctionnaires faisaient l’éloge de la façon dont les systèmes d’éducation et de santé avaient répondu à la crise, on constate que le système de santé mexicain, déjà surchargé, commence à  donner des signes qu’il est soumis à de grandes pressions.

Des dizaines de travailleurs de la santé subordonnés au gouvernement, dont des médecins et des infirmières, ont défilé et bloqué les rues dans la ville côtière de Jalapa pour exiger des hausses de salaires et de meilleures conditions de travail.

« "Le gouvernement nous a appelés à l’aide pour combattre l’épidémie de grippe, et nous lui demandons maintenant d’être justes envers nous", a affirmé l’infirmière Mariano Cortés, l’une des organisatrices de la protestation. »

Que d’efforts n’ai-je pas faits pour prouver que des symptômes avaient commencé à apparaître dès la fin mars, cinq semaines avant l’annonce officielle de l’épidémie ! Or, selon la revue Science, la maladie a peut-être fait son apparition au Mexique entre janvier et mars 2009.

Ce n’est pas moi qui ai écrit cette dépêche de presse ni l’article de Science. Comme la quantité de malades qu’elle évalue représente plus de dix fois celle que j’avais indiquée et qu’il s’agit d’une des revues scientifiques les plus prestigieuses au monde, je me demande si le président mexicain et les dirigeants de son parti ont déjà rendu visite à l’ambassadeur étasunien pour le menacer de rompre les relations diplomatiques avec son pays.

J’ai noté avec inquiétude il n’y a guère longtemps que monsieur l’honorable président mexicain s’était irrité de me voir critiquer dans une de mes Réflexions son illustre prédécesseur. Quelle sottise de ma part de mentionner cette vestale de l’oligarchie mexicaine ! Et il a éprouvé le besoin de protester dans un commentaire public.

Certains se demandent à quel titre je parle. Je l’ai dit très clairement : en tant que « compañero Fidel ». Je suis fier d’être militant du Parti communiste de Cuba. J’ai intitulé l’écrit qui a tant indisposé le président Calderón : « Ce qu’il m’est venu à l’esprit. » Exactement ce à quoi je pensais en lisant sa déclaration contre Cuba. Je n’ai pas violé de normes morales. J’ai dit en toute franchise et sans insulter personne ce que je pensais. Dix présidents étasuniens m’ont servi d’entraînement. Je respecte beaucoup l’un d’eux : Carter. Un autre a montré tantôt le meilleur tantôt le pire. Plusieurs autres, uniquement le pire, faute d’avoir mieux à offrir. Le onzième, je l’observe avec attention. Je leur sais gré à tous de m’avoir tant appris en bataillant avec les puissants.

Je n’ai plus rien à ajouter pour aujourd’hui.

 

 

Fidel Castro Ruz

Le 14 mai 2009

19 h 14